#41. Thomas de Dorlodot, parapentiste et aventurier: vivre de l’air

Épisode du 17 novembre 2022

A l’école, un copain apporte une voile de parapente. Un essai, la sensation des pieds qui quittent le sol, et Thomas – Tom – est conquis.

Depuis, devenu parapentiste professionnel, il a mené des expéditions aux 4 coins du monde avec son voilier de 12 mètres.

Enchaînant les compétitions (il a participé 8 fois déjà à la fameuse Red Bull X-Alps à la date de l’enregistrement, en novembre 2022, et ce n’est pas fini…) et les vols extrêmes (il a ramené entre autres de magnifiques images de ses vols le menant tutoyer le K2), il a formidablement répondu à la question un peu inquiète de ses proches: « Crois-tu que tu pourras vivre de l’air? »

Entretien avec un aventurier qui nous emmène dans son rêve devenu réalité, prendre de la hauteur sur le monde et sur nos vies.

K2 Tom de Dorlodot parapente

© Thomas de Dorlodot

Portrait de Thomas de Dorlodot
Photo de famille en navigation sur le voilier
Planer au-dessus d'un lagon turquoise....
Festival Into The Blue 2022

ACTUALITE NOVEMBRE 2022 :

Le film de Thomas de Dorlodot sera présenté au festival Into The Blue (Bruxelles, 24-26/11/2022). Son épouse Sofia sera là pour répondre à vos questions.

Quelques pépites de cette interview:

« Se jeter dans la gueule du loup et avancer, c’est ça, l’aventure. »

« Ce qui vaut la peine d’être vécu prend du temps et de l’énergie. »

Citation préférée de Tom: « Life begins at the end of your comfort zone. »

Thomas de Dorlodot, Storylific épisode 41

 Hosts |Anne B, Valentine et Amandine

Où trouver l’invité

Instagram: @tomdedorlodot

Facebook: Thomas de Dorlodot

Twitter: Thomas de Dorlodot

YouTube: découvrir les vidéos de SearchProjects (hautement conseillé!)

Sites web: http://www.thomasdedorlodot.comhttps://www.searchprojects.net/

Illustrations sonores

Musique: Cali by ItsWatR (Pixabay Licence)

Son: short whoosh Vilkas_Sound CC BY 3.0 Attribution

Retranscription de l'épisode

[Teaser] “En termes de préparation c’est vraiment très très pointilleux parce qu’évidemment tu n’as pas le temps de t’acclimater pour… enfin, tu pourrais t’acclimater et on le fait d’ailleurs, mais personne n’est prêt à monter de 3500 m du décollage à 7000 m en moins de 10 min quoi, tu vois et les bonnes journées, c’est ce qu’on faisait. On décollait, on trouvait une ascendance de 6,7 ou 8 m/secode et on montait à 7000 m en 12 minutes.

AnBé – Bonjour, c’est Anbé, tu es sur storylific, le podcast 100% outdoor. Ta mission ce jour: te faire du bien tout en faisant du bien à la planète. Comment ? Écoute des invités qui te parlent de leurs parcours inspirants pour réveiller ton envie de vivre TES rêves, car si eux l’on fait, toi aussi, tu peux le faire. Et simplement en écoutant, tu soutiens déjà la reforestation! Donc si ce podcast te plaît, parles en autour de toi car plus il y a d’oreilles, plus on plante. C’est pas beau ça ? Toutes les explications sont sur storylific.com, et dans les notes de l’épisode, tu trouveras le lien pour le partager. Alors je compte sur toi !

AnBé – Attention si tu n’aimes pas t’élever, en altitude, ou par la pensée, cet épisode n’est vraiment pas fait pour toi. Thomas, Tom de Dorlodot est un parapentiste exceptionnel, et dans cet épisode on a pris de la hauteur, beaucoup, que ce soit en volant dans les plus hautes chaînes de montagne du monde, ou dans la réflexion. Car Tom a vraiment un tas de choses très intéressantes à dire, des leçons apprises dans le monde de l’aventure et de la compétition, qu’il nous partage en toute simplicité. Et tu le verras, les leçons du monde de l’aventure peuvent vraiment nous aider dans notre quotidien quel qu’il soit. Et si tu es sceptique figure-toi qu’on parle même de faire son lit le matin! Alors Ne va pas me dire que tu n’as pas de lit. Donc voilà, je suis 100% certaine que tu ressortiras de cette écoute avec quelques pépites.

Mais ne t’inquiète pas on ne parle pas ménage mais bien mindset, winning the day, s’écouter soi et (presque) personne d’autre, vivre sa passion, aller à l’assaut de projets ambitieux, et ne rien lâcher.

Un épisode à écouter de A à Z et peut-être plusieurs fois même: c’est une mine d’or.

AnBé – Bonjour Tom !

Tom de Dorlodot – Bonjour AnBé ! Alors, comment ça va de ton côté ?

AnBé – Ça va bien ! C’est vachement sympa de pouvoir te parler. Tu étais sur ma wishlist des invités donc j’avais un petit peu moins…. oui j’en ai pas fait beaucoup c’est juste que j’avais un copain à l’époque qui en faisait mais un petit peu de paramoteur. On a quand même réussi à aller en faire au Kenya donc ça c’était sympa.

Tom de Dorlodot – Ah génial ! Donc tu as déjà volé ?

AnBé – Oui et au Kenya c’était étonnant, il n’y avait plus de puissance ! Ça, on a eu la grosse surprise ! Je suppose que toi t’as appris à faire avec ça aussi, voir un petit peu…

Tom de Dorlodot – Oui avec la chaleur !

AnBé -Le moteur avait beaucoup moins de reprises. On a eu une petite surprise de ce côté-là mais enfin bon voilà. On a vu les dos des éléphants par au-dessus c’était sympa !

Tom de Dorlodot – En haute altitude, oui. Ah génial, vous avez survolé les éléphants, wow !

AnBé – Mais le pauvre, il avait peur donc j’ai dit : « Allez vire ! On lui fait peur. » puis après on commençait à manquer un peu de jus, tout près des buffles. On s’est dit : Là, c’est pas une bonne idée, on va virer rapidement, là c’est pas bon!

Tom de Dorlodot – Nous aussi, on avait survolé les éléphants, c’était en Tanzanie, je crois, ou Botswana, et en effet, ils ont peur, ils partent en courant. Donc on s’était dit : « Ok, on n’insiste pas.»

AnBé -Et en parapente, ça le fait aussi ou là ils s’inquiètent aussi ?

Tom de Dorlodot – Ils s’inquiètent aussi, parce qu’en fait, ils ne sont pas habitués à voir ce truc voler mais beaucoup moins qu’en paramoteur, ils s’enfuient beaucoup moins. Mais de toute façon, c’est particulier, parce que les oiseaux, tu vois, ne sont pas du tout effrayés par le parapente – mais vraiment pas du tout! Ils viennent, ils sont curieux, ils viennent voir, ils volent à côté de nous et tout, tu vois. Mais le paramoteur, c’est quand même un peu bruyant comme truc.

AnBé – Puis bon, moi tout ce qui est motorisé j’évite de plus en plus évidemment par les temps qui courent. Merci d’être là ce matin ! Tu te trouves où là ? Parce qu’avec toi, on ne sait jamais.

Tom de Dorlodot – Alors là, je suis rentré en Belgique pour quelques jours, parce que je suis venu donner des conférences en Belgique, du coup je suis là pour 4 ou 5 jours mais hier j’étais encore dans les Açores, sur le bateau.

AnBé – Ah voilà. Et tu seras en Belgique pour le festival « Into The Blue » ?

Tom de Dorlodot – Non, malheureusement je serai de nouveau sur le bateau, dans les Açores mais je pense que Sophia sera là, mon épouse sera présente pour présenter le film.

AnBé – Qu’est-ce-que tu vas présenter là ?

Tom de Dorlodot – Là, c’est un film qu’on a fait, il y a déjà un moment, il y a 2 ans, sur notre première traversée de l’Atlantique en famille. On a traversé l’Atlantique avec Jack, notre petit garçon, qui n’avait même pas un an. Donc c’est un peu cette histoire-là, tu vois, l’approche d’une aventure comme celle-là, en famille, avec la gestion du risque, avec le petit grain de folie aussi qui va avec et voilà, cette aventure humaine. On était revenu avec des très chouettes images et donc cette année, on s’est dit : « On va le présenter parce qu’il est quand même vraiment chouette ! » et donc voilà, c’est un film assez court mais qui est très chouette je trouve qui est très sympa.

AnBé – Ah super, il n’aura pas pris une ride d’ici là, il n’y a pas de problème. Alors, on va… est-ce que tu peux… c’est vrai que je commence toujours par se présenter, là on a commencé par parler de ton film mais en quelques mots, tu peux te présenter ?

Tom de Dorlodot – Bien sûr, je suis Tom de Dorlodot, je suis belge, je suis parapentiste professionnel et aventurier, navigateur au long cours et j’ai la chance de vivre de ma passion depuis maintenant une vingtaine d’années.

AnBé – Yes ! Comment tu en es venu au parapente et comment c’est devenu un métier ? C’est le hasard ? Tu avais vraiment cet objectif ?

Tom de Dorlodot – C’est pas le hasard, mais disons que j’ai découvert le parapente assez jeune, j’avais 14 ans et j’étais en internat à Maredsous, en Wallonie et puis, j’ai un ami qui est arrivé avec son parapente à l’école et je sais pas, on a commencé à jouer avec le parapente sur les terrains de foot, tu vois, on l’a gonflé dans le vent et tout ça et après 10 minutes, je me suis dit : « Mais ce truc est génial ! » Dès que mes pieds ont quittés le sol pour la première fois, il y a un petit saut de plus comme ça, de 1 mètre ou 2, là, je me suis dit : « C’est fantastique ce truc. » J’ai eu une espèce de déclic et a partir de ce moment-là, le sport ne m’a plus lâché et je n’ai plus lâché le sport. J’ai décidé de mettre toute mon énergie là-dedans et petite à petit, les choses se sont mises en place et j’ai eu chance de faire de ma passion, mon métier. Mais c’était pas gagné au départ et puis, très vite, je me suis rendu compte que c’était quand même un peu cher, c’est un sport coûte un petit peu d’argent pour un gars de 14 ans donc j’ai monté une petite entreprise quand j’avais 16-17 ans, qui faisait de la photographie aérienne et avec des parapentes et des paramoteurs et du coup, c’était avant les drones et c’était les premières photos aériennes qu’on faisait en paramoteur avec les premiers appareils numériques et je les vendais au porte-à-porte les samedis – j’allais sonner chez les gens : « Bonjour Madame, Bonjour Monsieur, j’ai une photo de votre maison. » et ça a bien marché en fait; avec ça j’ai pu me payer mes premiers frais d’expé, mon matériel performant, mes frais de compétition et puis petit à petit les choses se sont mises en place et après j’ai fait des études de com’, des études de réalisation cinématographique et puis les choses se sont, voilà, mises en place assez naturellement. Je suis parti habiter en Espagne pour étudier là-bas et là j’ai rencontré les meilleurs pilotes au monde et en fait je me suis posé doucement une place dans ce monde-là et aujourd’hui, je peux dire que j’ai la chance de de vivre mon sport.

AnBé -Wow ! Super chouette ! Ah Maredsous, c’est marrant, j’avais fait un remplacement là-bas.

Tom de Dorlodot – Ben du coup tu vois bien : à 17ans, je suis passé en paramoteur entre les 2 tours de Maredsous.

AnBé -Ah oui ?

Tom de Dorlodot – Quand j’étais encore étudiant, quand j’étais encore élève.

AnBé – Oh la frime !

Tom de Dorlodot – Donc, j’ai décollé sur les terrains de foot, un peu en mode “guerilla style”, tu vois, et puis, je suis passé au-dessus de l’école en passant à travers les tours de Maredsous, vraiment j’avais 1 mètre de chaque côté, tu vois, c’était limite. La première fois que je suis passée, je n’étais pas certain que ça passait, tu vois.

AnBé – Soit ça passe, soit on devra venir me décrocher.

Tom de Dorlodot – Je me suis fait convoquer par le préfet de discipline qui m’a dit : « Et c’est toi qui volait là ? » et j’ai dit : « Mais non, il faut être un pro pour faire ça, il faut être super expérimenté. Ce n’est en tout cas pas moi. » Et puis, le lendemain, j’ai recommencé et là les élèves se sont couchés sur les terrains de foot et ils ont écrit “Tom”, tu vois, en ce couchant sur le sol et alors là je me suis fait griller, je me suis fait convoquer et puis il a fallu que j’arrête.

AnBé – Alors techniquement le parapente c’est compliqué à apprendre ?

Tom de Dorlodot – Non, c’est probablement un des sports aériens les plus faciles à apprendre parce qu’en fait tu… en passant quelques journées sur ce qu’on appelle une “pente-école” à gonfler ton parapente et apprendre à le maîtriser un peu dans le vent, tu peux assez vite arriver à décoller tout seul en fait, donc maintenant c’est pas un sport compliqué à apprendre et ça l’est encore moins…

AnBé – Décoller en général ça va, mais atterrir ça va aussi ?

Tom de Dorlodot – Ça va aussi, on finit toujours par atterrir.

AnBé – Oui, certes.[rires]

Tom de Dorlodot – Mais disons que oui non c’est un sport et surtout je dirais, ces dernières années, parce que le sport a énormément évolué, le matériel à très fort évolué, les formations ont évolué à fond aussi. Quand on a commencé le parapente, il y a presque 20 ans, ce n’était pas le même sport, tu vois, pas avec le même matériel. Aujourd’hui, il y a une sécurité passive incroyable, il y a de plus en plus de gens qui pratiquent le parapente, on en voit de plus en plus. C’est très chouette. C’est un sport qui explose pas mal et c’est très accessible. Et ça reste, même si c’est un peu coûteux d’acheter du matériel, ça reste le sport aérien probablement le moins cher.

AnBé – Avant, je sais bien qu’on disait : “Oh, faut bien faire attention ne pas se se se fracasser ou de se faire prendre dans un ascendant ou… ça va c’est plus facile maintenant. Les voiles sont sont plus faciles à manœuvrer ou on apprend mieux ou ?

Tom de Dorlodot – Je crois qu’on apprend mieux, les gens approchent le sport avec plus d’humilité, il y a plus de connaissances en fait. Donc, comme il y a plus de connaissances il y a moins de surprise et je pense que les gens comprennent qu’il faut être un petit peu encadré mais c’est vrai que bon un accident de parapente, c’est toujours douloureux, c’est souvent grave, donc il vaut mieux l’éviter. Mais on a vraiment une fédération en Belgique qui est très efficace, on a des écoles qui sont vraiment très chouette qui donnent des cours vraiment super qualitatifs, donc Monsieur et Madame tout le monde peuvent apprendre à voler en parapente : on a des pilotes du dimanche qui se font le petit vol tranquille dans des conditions supra relax et puis tu as les pilotes un peu plus engagés qui volent dans des conditions plus fortes, qui essayent de faire de la distance et tout ça. Mais ça, ça vient avec le niveau et en Belgique on a finalement assez peu d’accidents. Cette année, ça a été vraiment calme, donc ça c’est plutôt cool.

AnBé – Oui, tu parles de la distance … Attends : toi, tu as déjà fait des distances pas mal quand même en parapente. C’était quoi ta plus longue distance et c’était où?

Tom de Dorlodot – Bonne question ! J’ai fait pas mal de vols de distance au Brésil, il y a des vols de 200 près de 300 km. J’ai jamais vraiment couru derrière les kilomètres, mais, tu vois, j’avais fait le plus long vol en en Himalaya, au Pakistan.

AnBé – Oui, ça, on va en parler.

Tom de Dorlodot – …qui faisait 200 presque 230 km dans un des endroits les plus reculés au monde et en Belgique, j’ai déjà fait des vols de près de 200 km et c’est vrai que c’est assez fantastique. Des fois, tu décolles, l’année dernière,…

AnBé – Mais tu as traversé la frontière alors ? C’est tout petit la Belgique. Tu dois bien viser pour ne pas nous dépasser… [rires]

Tom de Dorlodot – Tout à fait ! L’année dernière, c’était marrant, j’ai décollé de Revin – donc ça c’est en France, c’est à la frontière française. J’ai traversé la Belgique, j’ai posé sur le décollage de Coo parce qu’il y avait des amis qui volaient en parapente ce jour-là, donc près de Liège. Et puis j’ai dit bonjour à tout le monde, j’ai redécollé de là, tout de suite, dans les 10 minutes et j’ai atterri en Allemagne. J’ai traversé la Belgique d’un bout à l’autre en un vol et ça, c’est génial, ça te donne un sentiment de liberté complètement fou. Et puis, tu vois vraiment des paysages magnifiques. Puis ce qui est chouette aussi, c’est que j’ai redécouvert vraiment la Belgique ces 2-3 dernières années : on faisant des vols de distance parce que tu sais toujours où tu décolles, mais tu sais jamais où tu atterris et donc tu atteris chez des gens, tu vois, dans les petits villages et tout et puis, depuis 2-3 ans on a une émission sur RTL qui s’appelle “Explore” donc on passe un petit peu à la télévision avec notre projet – et alors, tu arrives chez les gens et puis : “ Ah, vous êtes le gars de la télé !” On s’est retrouvés invités à des barbecues, tu vois,…

AnBé – Ah, trop sympa !

Tom de Dorlodot – … chez les gens. L’année dernière, j’ai posé chez des gens, ils m’ont invité à me jeter dans la piscine, tu vois, c’était en été. “Ah bien, aller nager.” C’est assez drôle.

AnBé – Toi, tu nous fait “J’irais voler chez vous.”

Tom de Dorlodot – Oui oui, j’avais proposé un projet comme ça qui était, au lieu de “J’irai dormir chez vous”, c’était “J’irai atterrir chez vous” en disant : ”je décolle et puis je vais poser chez les gens et puis on voit ce qu’il se passe.” Ça pourrait vraiment être sympa, je pense qu’on va le faire un de ces jours.

AnBé – Ah c’est drôle ça. Alors, tu as parlé de vol en Himalaya, ça, ça m’intéressait, c’était dans mes questions. On peut en parler maintenant. Tu es parti du côté du K2, c’est ça ? De la Karakoram et tout ça ?

Tom de Dorlodot – Oui, tout à fait ! Là, je viens de revenir d’une expé qui était certainement, une des plus intenses de ma petite vie d’aventurier, où en fait, on… Je suis allé 6 fois au Pakistan, ces dernières années, j’ai passé beaucoup beaucoup de temps là-bas, parce que c’est probablement un des meilleurs endroits pour voler en parapente.

AnBé – Ah oui? Pourquoi ?

Tom de Dorlodot – Le décor. Je dis toujours, c’est un peu comme Hawaï pour les surfeurs ou l’Alaska pour les skieurs. Tu vas au Pakistan pour la taille de ces montagnes, pour la puissance des conditions de vol, les altitudes que tu peux atteindre, les distances que tu peux faire. C’est de loin ce qui se fait de mieux avec probablement l’Inde, l’Himalaya chinois peut-être mais on peut pas encore trop y mettre les pieds. Mais c’est toute une région qui est juste exceptionnelle, tu vois, tu dois imaginer que c’est les Alpes et tu multiplies tout par 3 en termes de grandeur, de hauteur, d’altitude. C’est juste un autre niveau et donc on y retourne, d’année en année, parce que c’est ce qui se fait de mieux puis c’est ce qu’il y a de plus engagé. Et cette année, on y est allés avec l’idée d’être les premiers à voler le K2, à voler sur le K2, à atteindre le K2 en vol et on avait secrètement l’envie d’essayer de battre le record du monde d’altitude, donc on voulait peut-être passer la barre des 9000 m. Le record pour le moment est à 8400 et en fait l’idée pour le faire c’était d’atteindre le K2 en vol et puis de le remonter en utilisant les vents et les ascendances pour remonter au-dessus du K2 et puis survoler le sommet du K2 qui est à 8600 mètres. Et donc on est partis avec toute une équipe avec une logistique assez bien préparée, assez huilée avec mon ami, Horacio Llorens, et l’idée c’était ça, c’était de voler jusqu’au K2; et en fait la difficulté c’est que pendant plus de 100 km sur un vol d’aller-retour au K2 tu fais plus de 100 km en vol sans possibilité d’atterrissage et toujours au-dessus d’un glacier avec une morène hyper agressive, avec des rochers grands comme des maisons et des crevasses partout donc tu sais qu’atterrir n’est pas une option. Tu dois rester en l’air et tu dois trouver les ascendances pour pouvoir faire toute la distance aller-retour, sans risquer d’aller te casser les 2 jambes en atterrissant à 5000 m. à 55 km/h. Donc c’était très très compliqué, ça demandait vraiment une préparation assez dingue mais assez vite on a trouvé l’accès au K2 et sur le mois d’expédition on a atteint 4 fois le K2 et 5 fois Broad Peak, plusieurs fois le Gasherbrum aussi qui sont 3 sommets de 8000 mètres et chaque fois on arrivait au K2, on était à plus de 7000 mètres, on disait : “Okay, cette fois-ci, c’est là bonne ! On va monter, on va trouver du vent” et en fait, on a eu très peu de vent en altitude, donc on a eu des conditions exceptionnelles pour faire des supers vols en toute tranquillité et en toute sécurité, mais on n’avait pas de vent en altitude pour nous permettre de remonter sur les faces du K2. On arrivait sur les faces, ça montait tout juste pas ou un tout petit peu et puis ça s’arrêtait. Donc on a atteint l’altitude de 7560 m, ce qui était déjà assez dingue parce que de là, tu vois la Chine, tu vois l’Inde, tu vois le Nanga Parbat à 185 km. C’est absurde, c’est hallucinant de beauté et de… Et bien voilà, ça, c’était la dernière expé et on est revenus avec un film assez dingue.

AnBé – Et là, comment tu gères pour l’oxygène?

Tom de Dorlodot – Ben justement, tu vois, en termes de préparation, c’est vraiment très pointilleux parce que évidemment tu n’as pas le temps de t’acclimater pour… Enfin, tu pourrais t’acclimater et on le fait d’ailleurs, mais personne n’est prêt à monter de 3500 m, du décollage, à 7000 m en moins de 10 minutes les bonnes journées,. C’est ce qu’on faisait ! On décollait, on trouvait une ascendance à 6-7-8 m par seconde et on montait à 7000 M en 12 minutes. Là physiquement le corps humain n’est pas tout à fait préparé pour ça, donc il y a évidemment le problème de l’oxygène. On avait une d’oxygène avec des canules dans le nez et on avait un petit oxymètre accroché au bras qui mesurait le taux d’oxygène qu’on a dans le sang, comme ça en direct on pouvait voir si on était bien ou si on prenait trop de risques.

AnBé – Alors c’est un point en plus à gérer ?

Tom de Dorlodot – Oui et c’est chaque petit détail, tu vois, s’il y a un truc qui foire, tu perds connaissance dans la minute. Donc tu dois vraiment être sûr, on a des backups, on vérifie tout 10 fois avant de décoller, enfin c’est exactement comme ça… Ça n’aide pas à monter d’avoir de l’oxygène avec soi parce que tu alourdis, je veux dire. Alors, là, nous ce qu’on a fait, c’est qu’on volait avec des parapentes plus grands avec tout du matériel adapté pour tout le poids qu’on allait prendre avec nous, mais non non ça t’aide pas à monter, après ça t’aide à rester concentré en vol, ça t’aide à avoir toute ta tête parce que dès que t’es en hypoxie, tu,…En fait, tu vrilles quoi.

AnBé – Ah oui.

Tom de Dorlodot – Tu te mets à chanter, tu parles au montagnes et tu sais plus très bien comment tu t’appelles et bon, il faut être extrêmement concentré pour des vols de ce type-là et puis après t’as la problématique du froid. Qui est quand même vraiment intéressant, important.

AnBé – Oui, j’allais dire : ça ne gèle pas la voile ou … ?

Tom de Dorlodot – Tout gèle. En fait, tu vol à -20°C, -25°C en ressenti, tu peux toucher les -30°C, donc si tu ne rentres pas dans les nuages, y a pas d’humidité ambiante, donc tu vas pas être recouvert de glace, mais dès que tu rentres dans un nuage et que tu sors, t’es… Tu sors vraiment du congélateur quoi.

AnBé – Hibernatus !

Tom de Dorlodot – Et alors, après, attention aux aux batteries, par exemple, tu vois, les batteries des régulateurs d’oxygène et tout ça, ça fonctionne avec des piles. Ils détestent le froid, donc même chose pour les GoPro, les caméras qu’on utilise et tout ça. C’est très intéressant, on a été suivis par une équipe de scientifiques anglais, des médecins qui ont vraiment… Ça fait plusieurs années qu’on analyse nos données en altitude, tu vois, quand on monte très vite. On a un système, une espèce de T-shirt spécifique qui mesure notre pression, notre rythme cardiaque, tu vois l’ampleur des respirations, des bouffées d’airs qu’on prend, le régulateur, l’altitude et donc, ils s’occupent de corréler un peu toutes ces informations et on a tiré des enseignements super intéressants. Par exemple, il y a un truc qui est vraiment étrange chez moi, c’était il y a 3 ans ou il y a 4 ans, en 2017, ils se sont rendus compte qu’au-dessus de 7000 mètres, mon rythme cardiaque baissait.

AnBé – Ah, oui ?

Tom de Dorlodot – Normalement, c’est le contraire en fait, normalement, pour faire circuler plus d’oxygène en constance, ton rythme cardiaque augmente pour faire circuler plus d’oxygène dans le corps. En fait, dans mon cas, mon corps se met en veille et il se dit : “Okay, on se focalise sur les organes vitaux.”

AnBé – Ah comme en apnée.

Tom de Dorlodot – Comme en apnée, voilà. Et c’est pour ça que je t’en parle parce que c’est probablement parce que je fais de l’apnée que mon corps fonctionne comme ça.

AnBé – Ah oui !

Tom de Dorlodot – Les autres n’avaient pas ça, j’étais le seul et c’est comme les oiseaux migrateurs, ils font la même chose à très haute altitude et je fais pas, tu vois, j’ai pas un très haut niveau en apnée mais je descends facilement…

AnBé – Tu en fais régulièrement ?

Tom de Dorlodot – Oui j’en fais régulièrement.

AnBé – Ah oui, donc ton corps a ces réflexes-là, on va dire.

Tom de Dorlodot – Il a compris et tu vois, je suis très confortable à 25-28 m, 30 m à mon avis sans trop de problème. Je peux descendre et remonter et donc il a ces réflexes là. Oui, c’est amusant.

AnBé – Génial ! Ah oui, c’est top ça.

Tom de Dorlodot – Mais bon ce qui aussi parfois peut être dangereux parce que tu vois, par exemple, typiquement, vraiment sur les grosses montées rapides, sans oxygène, je ne sens plus mes mains, je ne sens plus mes pieds parce que mon corps se focalise sur les organes vitaux et là quand… tu sais plus piloter. Alors que tu as quand même besoin de manipuler ta voile ! C’est chaud !

AnBé – Oui, c’est embêtant ça.

Tom de Dorlodot – Mais c’est très intéressant. Alors on avait un très très bon système de communication en l’air aussi avec Horacio, mon ami espagnol, et on pouvait parler en live, en vol. On volait toujours à 2 pour s’aider ou s’entraider à trouver les ascendances, à trouver les bonnes lignes de vol et on est revenus avec des images incroyables. Ce qui est génial c’est que pour la première fois,…

AnBé – J’en ai vu quelques-unes… Oui.

Tom de Dorlodot – Tu vois pour la première fois, on avait des caméras super qualitatives, faciles à utiliser avec des cartes-mémoires interminables et des batteries qui tiennent le coup longtemps et on a fait des images incroyables. La première fois qu’on a été au Pakistan, c’était en 2009, j’avais un Canon 5D qui pesait 2.5 kilos sur la tête, sans le stabilisateur, je devais faire la Chicken Head pour stabiliser le truc. On avait des cartes mémoires qui faisaient 12 minutes max, sur des vols de 6h, tu vois, tu devais vraiment sélectionner ce que tu faisais. Et maintenant, avec les Gopros, c’est hallucinant ! On est revenus avec des images que personne n’avait jamais faites parce que même les hélicoptères ne montent pas à plus de 6000 m là-haut. Du coup, je pense que le film, il est assez fou et cette fois-ci, on a décidé de tout filmer nous-mêmes , vraiment, plutôt dans un mode où le contenu est roi. On est plus sur les grosses équipes de production, on a tout filmé à la main avec des iPhone, avec des GoPro tout ça et ça se ressent je trouve dans le film, il y a quelque chose de très authentique, donc il va être chouette. Là on est en train de finir le film et je pense que dans 1 mois et demi, il sortira, je pense que ça va vraiment être pas mal.

AnBé – On voit déjà quelques images sur tes réseaux, sur Youtube aussi. On peut trouver Search Project, c’est ça, c’est là qu’on trouve ?

Tom de Dorlodot – Oui !!

AnBé -Je mettrai le lien dans la description de l’épisode. Trop trop bien ! Eh bien, j’ai une question de ma petite fille, je crois que tu as déjà répondu en partie. Tu sais, toi aussi t’as des enfants, t’as envie de le partager pleins de choses. Je sais plus laquelle j’ai enregistré en premier dis donc…. Attends on va voir. “Pourquoi vous avez envie d’aller en parachute explorer les montagnes ?”

AnBé – Trop mignonne ! C’est celle de bientôt 8 ans, dimanche 8 ans.

Tom de Dorlodot – Génial ! Mais en fait ce qui est vraiment fantastique avec le parapente en montagne c’est qu’on change de point de vue, tu vois, on devient un oiseau, on devient un aigle, on voit les montagnes vues du ciel. Les montagnes, c’est toujours très impressionnantes vues du sol et ça nous écrase un peu, ça nous fait peur, ça nous impressionne. Et puis dès qu’on les survole, là, on est au dessus et on découvre ces décors qui sont juste incroyables. Moi, le parapente à la base, au sens plus large, je veux dire, c’est vraiment ce qui me passionne dans tout ça, c’est les endroits où ça emmène. Que ce soit en montagne – mais parfois on survole des déserts, parfois on survole des dunes,…

AnBé – Des champs de tulipes…

Tom de Dorlodot – Des champs de tulipes, oui, des chaînes de montagnes entières ! Et ce qui est génial c’est qu’en montagne, si tu traverses une chaîne de montagne à pied, tu en as pour un moment quoi et c’est très difficile. En parapente, ça semble facile ! Tu prends 1000 mètres d’altitude et puis tu traverses des chaînes de montagnes, en 2-3h, tu fais un vol qui t’aurait pris 2-3 semaines à pied pour parcourir la même distance, donc c’est assez fantastique ! Ça permet vraiment de créer un sentiment de liberté assez incroyable. De traverser, comme ça des étendues sans fin. Moi, ma spécialité pendant des années et c’est toujours le cas maintenant, c’est la traversée des chaînes de montagnes justement à pied et en parapente, en autonomie complète. On appelle ça “ le vol bivouac”, donc tu pars avec ton parapente avec un sac de couchage, un matelas pneumatique, un peu de bouffe, une lampe de poche, un bouquin et puis tu te perds en montagne et tu traverses. J’ai traversé par exemple l’île du sud de la Nouvelle-Zélande, c’est presque 1000 km à pied et en parapente, les Pyrénées en solitaire ou les Alpes presque une dizaine de fois. C’est génial parce que tu fais vraiment des milliers de kilomètres juste avec une paire de baskets et un parapente sur le dos. AnBé – Oui ! Ça a vachement évolué, c’est aussi – tu te dis, c’est une bouteille d’eau maintenant un parapente ,en gros. C’est dingue.

Tom de Dorlodot – C’est vrai que c’est génial ! Tu vois, la première fois que je suis parti, on a une compétition qui s’appelle le Redbul XAlps où on traverse les Alpes à pieds et en parapente le plus vite possible. C’est un peu le le Vendée Globe du parapente, tu vois.

AnBé – J’allais t’en parler mais voilà on peut parler maintenant super !

Tom de Dorlodot – Le plus connu dans le domaine et en fait…

AnBé – Combien de kilomètres ça ?

Tom de Dorlodot – Cette année, ça va être 1200-1300 km.

AnBé – Ok, oui.

Tom de Dorlodot – Et donc on fait ça en une semaine, tu vois, un peu plus d’une semaine. Mais la première fois que j’ai participé, en 2017, mon sac faisait 15 kilos, c’était un des plus légers à l’époque 14-15 kilos et aujourd’hui j’ai un sac qui va faire 6 kilos et donc, … Le matériel est beaucoup plus performant donc c’est hallucinant, tu vois. Et on a d’ailleurs ramené des choses du monde de la voile, tu vois, des tissus, des manières de travailler avec du dyneema, tu vois, avec des matériaux que les voileux utilisent pour développer nos sac à dos, développer nos parapentes, développer nos voiles, les structures internes et tout ça; je me suis beaucoup inspiré de ce qui se fait dans la voile avec du tissu pour spi, par exemple, ils sont extrêmement légers mais très résistants. Des cuben fiber, des choses comme ça et on a ramené tout ça dans le parapente et ça a permis d’alléger vraiment le matériel, donc on fait des liens entre les 2 mondes qui sont super intéressants aussi.

AnBé – C’est chouette parce que, déjà comme ça, j’avais entendu une interview de toi à la Coupe Icare où tu parlais justement que ce sport est de plus en plus hybride : alpinisme et parapente – ou, voilà, comme tu fais à marche, rando et parapente etc. Et finalement c’est encore plus hybride que ce que je croyais puisque y a des choses dans la technique qui viennent d’ailleurs aussi et tout ça s’enrichit. C’est trop génial !

Tom de Dorlodot – A fond! Et tu vois avant, un parapentiste avait un parapente et il faisait du parapente. Maintenant, tu vois, il y a le “I can Fly”, donc ça, c’est monter une montagne et puis la redescendre en vol, on a des voiles qui font en effet, autour de un kilo, un kilo et demi et qui volent super bien pour faire des ascensions comme ça. On a des vols de distance pour vraiment faire du cross où là, les gars ils volent 300, 400, 500 km sur des distances incroyables, des vols de voltige pour faire de l’acrobatie et en fait dans le sport maintenant, il y a 5 ou 6 sports différents.

AnBé – C’est ça.

Tom de Dorlodot – Et ça, c’est très chouette, tout le monde y trouve un peu son compte.

AnBé – [Question de Valentine]“Est-ce qu’il y a déjà eu des accidents comme des parachutes troués ?”

Tom de Dorlodot – Alors heureusement, le parapente c’est plutôt solide, mais moi, ça m’est déjà arrivé de décoller et de déchirer un bout du parapente au décollage, sur un rocher. Et alors, de me retrouver en vol avec un petit trou alors, si c’est un petit trou, il n’y a pas de problème, ça vole toujours, plutôt bien mais il faut éviter d’avoir un grand trou quoi. Alors, du coup à ce moment-là, il vaut mieux aller atterrir le plus vite possible et puis réparer le parapente avec… on a des tissus spéciaux pour réparer les trous dans les parapentes. Mais le plus dangereux qui puisse arriver, c’est de tomber dans le parapente quand il y a des turbulences vraiment très très fortes, alors le pilote tombe à l’intérieur de la voile, alors là, c’est vraiment un problème parce que c’est très difficile de rouvrir le parapente, mais dans ce cas-là, on a des parachutes de secours, on peut tirer sur une poignées qui ouvre un autres parachute et à ce moment-là, on va atterrir en toute sécurité.

AnBé – J’avais été très étonné quand vous aviez dit : “ c’est tout à fait exact que ça pouvait vraiment même être un un atout sécurité pour des alpinistes ou des gens qui montent parce que souvent, redescendre… le soleil a tapé, donc il y a plus de risques à la descente et donc redescendre à la voile, finalement – enfin, en parapente je veux dire, c’est pas mal quoi.

Tom de Dorlodot – Écoute, moi, j’ai fait 5 fois le Mont-Blanc et je ne suis redescendu qu’une fois à pied. C’est sûr que quand tu décolles du sommet et que 40 minutes plus tard tu es à la boulangerie de Chamonix pour prendre un croissant, tu vois, c’est fantastique quoi. Alors qu’un classique du Mont-Blanc, une descente c’est des heures et des heures. C’est une journée à te bousiller les genoux pour redescendre avec le risque de te mettre dans une crevasse, de te prendre une chute de pierres ou de…Donc c’est clair que, à ce niveau là, c’est très intéressant, surtout qu’aujourd’hui comme tu le disais pour le poids d’une bouteille d’eau, tu as un parapente ultra light, donc à ce niveau-là, c’est assez génial oui.

AnBé – C’est top !

Tom de Dorlodot -Et puis c’est très facile à décoller ces petites voiles, tu les jettes en l’air, elle se gonfle, c’est fantastique !

AnBé – C’est marrant parce qu’avant on était toujours “parapente = danger” etc. Et puis en fait, là, c’est parapente = sécurité et tu te dis : “ Ah ça a vraiment changé quoi”.

Tom de Dorlodot – Oui oui, après, tu vois, quand tu pars sur des ascensions comme ça, tu regardes quand même vraiment la météo parce que si tu fais pas gaffe à la météo t’as une chance sur 2 de pas pouvoir voler. Donc en général, tu pars dans de bonnes fenêtres météo mais c’est clair que ça peut te sauver. Moi, j’ai un pote qui s’est pété la cheville, tu vois, sur une ascension et donc ça a traîné, ça a traîné vu qu’il savait plus se déplacer et tout. Il avait le pied – enfin les orteils qui commençaient à geler donc c’était vraiment pas fun. Et puis il a été descendu en parapente par un gars qui était en biplace avec un autre, un ami à lui, qui lui a dit : “ Bah écoute, mon ami va descendre à pied. Je vais te ramener en parapente” et il l’a ramené dans la vallée comme ça

AnBé – Ah voilà cool. Un peu moins cher que l’hélico aussi.

Tom de Dorlodot – Tous les secours en montagne en parapente.

AnBé – Ben oui, mais attends, c’est pas bête. Non ? C’est intéressant quand même. Bon, comme tu dis, c’est pas par toutes les météos mais sinon… Oui, c’est vachement bien ! Tom de Dorlodot – La dernière voile que j’ai reçue là, elle pèse ça doit être autour de 2 kilos et demi et elle rentre dans un petit cartable. Je le prends avec moi en cabine quand je prends l’avion quoi.

AnBé – Oui. Incroyable !

Tom de Dorlodot – Les gens la voient passer en scanner. “Ah, c’est quoi ça ? – C’est mon parachute. Je veux sortir par la sortie de secours.“ Les gens, ils se posent un peu des questions. AnBé – [Rires] C’est ça ! Alors, ton projet le “SEARCH Project” a été amené à voler dans un endroit incroyable. Tu peux parler, justement, de ce projet ?

Tom de Dorlodot – Écoute, on se rendait compte que… Je dis “on” parce qu’on a toute une petite équipe autour de ce projet. Je voyageais beaucoup pour voler en parapente et en fait, j’étais à la recherche des endroits les plus beaux pour voler et puis pour essayer de repousser un peu les limites de mon sport. Et très vite je me suis dit : “ Mais en fait, qu’est-ce que je fais ? C’est quoi ?” Il fallait définir un peu le concept. Je me suis dis : “ je suis à la recherche des endroits les plus incroyables pour voler et j’essaye de revenir avec les images les plus belles pour faire rêver les gens.” Et donc, on a appelé ça le “Search Project” et du coup, on a commencé à vraiment creuser un peu, on a traversé l’Afrique du Nord au Sud en volant un peu dans tous les pays, on est allés en Amérique du Sud, on est allés en Asie, on est allés… J’ai voyagé dans près de 60 pays dans le monde pour voler en parapente et pour search Project. Et chaque fois, on faisait des films, des épisodes, des webclips, des émissions télé et puis très vite, on s’est dit : “C’est top de voyager comme ça mais c’est pas la manière la plus clean de faire monter 10 personnes dans un avion et toute une équipe de production, 600 kilos de matériel…” On avait un peu un problèmes avec ça et après notre voyage, je crois que c’était après la traversée de l’Afrique. Je me suis dit : ”Mais en fait, comment est-ce qu’on peut réimaginer le concept ?” et là on a fait un projet en Polynésie française sur un bateau. Et je me suis dis : “Mais en fait, un bateau, un voilier pour se déplacer, pour voyager, pour aller à la recherche des endroits les plus incroyables pour voler… c’est juste canon quoi ! C’est clean.”

AnBé – Oui et super cohérent en plus.

Tom de Dorlodot – Voilà ! On a passé 3 mois sur un bateau en Polynésie française, on a vraiment sillonné toutes les îles de la région et on a fait des très belles images mais encore pour aller en Polynésie, on avait dû monter dans un avion donc là on s’est dit : “Maintenant, il faut reprendre le truc et il faut améliorer le concept et puis il faut être irréprochable éthiquement parlant, on est dans un monde qui change très vite. On parle de plus en plus du réchauffement climatique. Nous, on est des amoureux de la nature et, tu vois, on est pas tout à fait cohérents. “ Bon, on est tous plein de contradictions, tu vois.

AnBé – Oui bien sûr ! Il ne faut pas attendre d’être parfait.

Tom de Dorlodot – Je trouve que, tu vois, voilà, on peut pas prétendre d’être parfait mais aussi quand tu as une audience et que tu es suivi ou que tu as une émission télé, que tu as une voix. Même aussi petite soit-elle, je pense qu’on a aussi la responsabilité d’essayer de communiquer à ce niveau-là et donc, on s’est dit avec Sophia : « On va retaper un bateau” et on a trouvé un voilier, au port de Bruxelles, c’est un bateau que…

AnBé – Donc Sofia c’est ton épouse ?

Tom de Dorlodot – « Oui, tout à fait ! On a trouvé un bateau qui était abandonné au port de Bruxelles. Jusque-là, je ne savais même pas qu’il y avait un port à Bruxelles. Et puis, on a contacté le propriétaire qui, malheureusement, avait eu des soucis de santé. Il avait dû sortir son bateau de l’eau et le bateau pourrissait un petit peu hors de l’eau depuis 7-8 ans. On s’est lié d’amitié avec lui et il a accepté de nous le vendre. Ensuite, on a travaillé pendant 6-7 mois sur le bateau et on l’a entièrement retapé. Nous sommes partis du port de Bruxelles avec très peu d’expérience en navigation. Honnêtement, en quittant le ponton du quai, j’étais avec un ami qui savait plus ou moins faire la manœuvre, mais moi je n’aurais pas pu. Je n’aurais pas été capable de faire la manœuvre pour sortir le bateau et partir. Donc, on a appris sur le tas. La vie fait bien les choses, tu vois. Un jour, j’étais dans un refuge en haute montagne avec des aventuriers, dont Nicolas Favresse et Sean Villanueva que tu connais peut-être ? »

AnBé – « Oui, oui, tout à fait. »

Tom de Dorlodot – « On a rencontré un gars qui fêtait son anniversaire ce soir-là. Un type très sympa qui s’appelle Donatien Carme et qui était le préparateur de bateau de la Route du Rhum… »

AnBé – « Ah oui. »

Tom de Dorlodot – « Et Yoann Richomme qui a gagné deux fois la Route du Rhum. »

AnBé – « Ah, oui, ça va. »

Tom de Dorlodot – « Donc, on s’est super bien entendus. Le gars m’a dit : “Ah mais moi, je suis préparateur de bateau.” “- Moi, je suis parapentiste.” Et il m’a dit : “Ah, mais je rêve d’apprendre le parapente.” Et je lui dis : “Ça tombe bien, je rêve d’apprendre à naviguer.” Et donc, le gars est monté sur le bateau avec nous et il a passé 1 mois et demi à bord dans la première partie. Nous avons navigué jusqu’en Méditerranée, jusqu’à Majorque, de Bruxelles à Majorque, où nous nous marions d’ailleurs avec Sof. Entre-temps, je lui apprenais à voler et nous parlions de choses qui avaient foiré (32:45), de techniques, d’aérologie et de stratégies de vol, et tout ça. »

AnBé – « Oui, c’est vrai. »

Tom de Dorlodot – « Très méticuleux, c’est une bête, il vole super bien aujourd’hui et ce n’est pas moi qui lui ai tout appris. Puis après, il a suivi des stages, mais donc, ça a été un moment de partage super intéressant. Nous avons vraiment appris à naviguer avec lui et nous avons fait un tour assez complet de l’Atlantique. Nous sommes descendus de Bruxelles jusqu’en Méditerranée, nous nous sommes mariés à Majorque, nous avons visité toutes les petites îles de la région. Ensuite, nous sommes repartis par Gibraltar, sommes allés aux Canaries, avons exploré toutes les îles Canaries, puis sommes remontés vers Madère et les Açores. »

AnBé – « Ça, c’était avec Jack. »

Tom de Dorlodot – « Oui, nous avons traversé l’Atlantique avec Jack. Et de l’autre côté, nous avons vécu une période compliquée à cause du Covid. Les deux premiers mois se sont bien passés, puis Covid. »

AnBé – « Il y avait pire comme endroit pour être confiné, j’ai vu vos vidéos. Je me suis dit : “Ça va.” Je ne dis pas que c’est facile tous les jours quand on n’a pas choisi, mais bon, c’était supportable. »

Tom de Dorlodot – « Nous avons été très résilients et nous nous sommes bien adaptés. Nous avons rapidement compris que cela n’irait pas bien avec les îles françaises, car les gens ne pouvaient pas quitter leur bateau ni nager autour. C’était fou, le truc a été mal géré et tous nos amis français revenaient vers les îles françaises en disant : “Autant être en France.” Et nous, nous nous sommes dit : “Allons vers l’île la plus relaxante.” Pour l’instant, il n’y avait pas encore de cas, et nous sommes les derniers, le dernier bateau à avoir pu rentrer sur l’île d’Antigua. En arrivant, nous avons perdu notre hélice, toute une histoire. Nous avons fait marche arrière en arrivant au ponton et l’hélice s’est décrochée. »

AnBé – « Ah oui ! »

Tom de Dorlodot – « Nous sommes sortis tout droit, pas top. Mais nous avons remis le bateau à l’eau. Nous avons essayé de trouver une hélice sur un vieux bateau abandonné, avons remis le bateau à l’eau, nous sommes allés nous cacher dans une baie, et nous y sommes restés deux mois et demi avec 10 autres bateaux qui sont devenus tous nos amis. Nous vivions de poissons et de chasse au harpon, sur cette île déserte. Nous faisions du kayak toute la journée. »

AnBé – « La robinsonnade de 2020. »

Tom de Dorlodot – « Oui, tout à fait. C’était vraiment une période très particulière. »

AnBé – « Ah oui. »

Tom de Dorlodot – « Ensuite, il a fallu ramener le bateau. Nous ne pouvions pas envisager une traversée retour en solitaire, qui est bien plus sportive que la traversée initiale avec Jack. Nous avons trouvé un moyen de faire rapatrier les bateaux, et moi, je suis parti en solitaire pour traverser l’Atlantique jusqu’aux Açores. À mon arrivée aux Açores, ils m’ont dit : “Non, désolés, vous ne pouvez pas débarquer.” Après 19 jours en mer en solitaire, je me disais que j’allais enfin pouvoir savourer un petit steak, mais non. »

AnBé – « Ah oui, mais non. »

Tom de Dorlodot – « Exactement. En plus, tu vois, aux Açores, j’ai beaucoup d’amis. Donc les gens me disaient : “Non, non, ce n’est pas possible.” Après avoir insisté longtemps et grâce à mes bons contacts sur place, ils m’ont dit : “Écoute, tu peux laisser ton bateau au ponton, mais tu ne peux pas poser le pied sur le ponton. Nous viendrons te chercher avec un gars en combinaison intégrale.” C’était vraiment irréel. »

AnBé – Je viens d’en avoir une quarantaine, je viens de passer 15 jours en mer.

Tom de Dorlodot – « Oui, oui, mais c’était le début. Il y avait plein d’inconnues. »

AnBé – « Oui, c’est ça, on ne savait pas. »

Tom de Dorlodot – « On ne savait pas trop. »

AnBé – « Oui, oui. »

Tom de Dorlodot -« Et à ce moment-là, j’ai pu monter sur un autre bateau qui retournait en Belgique, le bateau de mon ami Alexis Guillaume. Du coup, j’ai eu vraiment de la chance que les gars soient venus me chercher. Je me suis mis à couple d’Amalia, le bateau d’Alexis, puis j’ai balancé tout mon matériel. J’ai été mettre mon bateau au ponton. Je devais jeter mes boucles, tu vois, pour essayer d’attraper les taquets parce qu’ils ne voulaient pas que je pose les pieds au sol. C’était absurde. Et puis le gars est venu me chercher, m’a mis sur le bateau, et là on a encore fait 14 jours de mer pour aller jusqu’en Belgique. Donc, après 32 jours de mer, je suis arrivé à Ostende, Nieuwe Port, je crois. »

Tom de Dorlodot – « Oui, et c’était long. C’était une belle expérience, mais c’était vraiment long, quoi. »

AnBé – « Ah oui, c’est clair ! Surtout quand on a un petit bout qui grandit si vite, on a hâte de le voir. »

Tom de Dorlodot – « Oui, tu vois, à la base, notre projet ce n’était pas du tout ça. C’était de traverser, de passer Gibraltar, d’aller dans le Pacifique et tout ça, mais tout était fermé. Ils avaient fermé le détroit, la Polynésie Française est restée fermée très longtemps. Donc, tous nos plans se sont un peu écroulés à ce moment-là. On s’est organisés, puis on a ramené le bateau, le bateau resté aux Açores. On a tourné encore pendant 1 ou 2 saisons dans les Açores et dans les alentours, dans les Canaries, et puis on a retraversé l’Atlantique l’année dernière. Ça, c’était très chouette ! On a fait une traversée. On a brûlé seulement 2 litres de diesel, juste pour sortir de l’amarina et pour jeter l’ancre de l’autre côté. »

AnBé – « Wouah ! Trop top ! »

Tom de Dorlodot – « Oui, c’est là vraiment où l’on s’est dit : “Le concept, il tient la route.” »

AnBé – « Ah oui, carrément. »

Tom de Dorlodot – « Tu vois, on est arrivés à faire l’aller-retour l’année dernière, et on n’a presque rien brûlé comme gazole. Et ça c’est vraiment chouette. Et puis, le bateau a été équipé aussi pour avoir des panneaux solaires, un hydro générateur. On a du 220 à bord pour recharger les batteries du matériel de production et tout ça. On a vraiment essayé de se dire : “Ok, est-ce qu’on peut produire du contenu, des vidéos, des films documentaires en brûlant un minimum de CO2. En relâchant un minimum de CO2. »

AnBé – « Oui, oui. »

Tom de Dorlodot – « Et puis, là, ça me fait évoluer vers le prochain gros projet. »

AnBé – « Mmmh. »

Tom de Dorlodot – « Mais je ne sais pas si… Je crois pas que tu en aies entendu parler encore. C’est un peu une primeur. Mais en fait, avec tout ça, tu vois, après avoir voyagé 4 ans sur le bateau un peu partout en Atlantique, on s’est rendu compte que le bateau est très bien, mais il reste assez petit, tu vois. C’est un bateau qui fait un peu moins de 12 mètres pour les équipes de production et pour le monde qu’on essaie d’emmener à bord, c’est un peu short. Et puis, c’est un bateau en polyester, donc on ne se permet pas d’aller partout. Donc, on s’est lancés dans un nouveau projet maintenant, qui est assez ambitieux. Qui serait de construire, de faire construire un bateau d’expédition, et on va le faire en aluminium, et on va le faire en aluminium recyclé. On va récupérer… »

AnBé – « Non, je n’ai pas encore entendu parler de ça, effectivement. »

Tom de Dorlodot – « On va récupérer 1 200 000 cannettes… Ok… des lignes de recyclage. On va les faire fondre et on va les réutiliser pour construire la coque d’un bateau. »

AnBé – « Wouah. »

Tom de Dorlodot – « Donc ça, c’est une idée. Et au-delà de ça, on a toute une équipe technique qui nous aide pour que le bateau soit le mieux isolé possible, le plus autonome en énergie possible. Donc ça va être tout ce qui est renouvelable, évidemment, sur un bateau. Tu as de l’éolien pour faire de l’électricité, tu as aussi le solaire, tu as l’hydrogénérateur. Donc tout ça, évidemment, sera intégré. On va travailler avec les meilleures et les dernières technologies, et l’idée c’est de faire un bateau d’expédition qui va pouvoir voyager partout dans le monde et qui va aller à la rencontre de sportifs dans leur pays. »

AnBé – « Ah oui, carrément. »

Tom de Dorlodot – « Donc, on ne fera plus voler des gens pour rejoindre le bateau. On va arriver, par exemple, au Brésil et on va embarquer deux surfeurs brésiliens. On va faire une série documentaire sur ces sportifs un peu partout autour du monde et comment le changement climatique les impacte dans leur sport et puis dans leur communauté. Et essayer de conscientiser un peu les gens à ce niveau-là avec cet outil, et de vraiment avoir une éthique irréprochable possible sur tout ce qui est production, manière de voyager. Donc là, on est vraiment… Ça va être vraiment le nouveau projet sur lequel on travaille depuis maintenant 1 an. »

AnBé – « Super ! »

Tom de Dorlodot – « On a déjà reçu une partie des fonds, mais bon, c’est des fonds beaucoup plus importants que ce qu’on avait levés pour le premier bateau. Un projet vraiment passionnant, on a travaillé avec un des meilleurs architectes navals, Pierre Delion, pour dessiner le bateau. Techniquement, on a un catamaran, là, qui est prêt, qui doit faire 58 pieds et qui a vraiment une super gueule. Et l’idée serait d’aller faire le passage du nord-ouest, d’aller en Antarctique, de faire ce qu’on fait normalement pas, quoi. D’aller dans des endroits où les gens ne vont pas. Et voilà, on bosse là-dessus pour le moment. C’est vraiment un projet long , parce que tu vois, dès que tu as levé les budgets, tu attends 1 an avant d’avoir ton budget de production, et puis après c’est 2 ans de construction. Donc, le truc, voilà. Je t’en parle aujourd’hui parce que là on commence doucement à l’annoncer, on commence à faire du bruit, on est sur la levée de fonds, donc… »

AnBé – « Ah chouette ! C’est un super beau projet. « C’est vrai que quand on voit ce qui se passe à l’extérieur, tu as pas beaucoup de gens qui font du sport outdoor et puis qui n’arrêtent pas de prendre l’avion pour aller partout. Tu te dis : “Il y a quand même un truc inconfortable.” J’ai vu que tu avais le petit logo Green Tripper déjà sur ton site, en compensation carbone. »

Tom de Dorlodot – « Oui, depuis le début. Et c’est marrant parce que tu vois, sans vouloir me donner bonne conscience que quoi que ce soit. Je travaille avec CO2logic depuis 20 ans, quand à l’époque ce n’était pas encore un sujet. Fin, je veux dire, tu vois, on n’en parlait jamais. »

AnBé – « Non, très très peu. Sauf dans les milieux très très avertis, mais sinon non. »

Tom de Dorlodot – « Oui. Et toutes mes expéditions, alors ce n’est pas une solution sur le long terme pour être tout à fait franc. Parfois, tu as le sentiment que tu t’achètes un peu une bonne conscience. Moi, ça me… Ce qui est chouette avec CO2logic, c’est qu’ils sont… En fait, d’abord, ils t’aident à limiter ta production de CO2. L’idée c’est que tu vas les voir, tu expliques ton projet, puis eux te donnent des outils pour essayer d’émettre le moins de CO2 possible. »

AnBé – « Mmmh. »

Tom de Dorlodot – « Soit dans ton business, dans ton entreprise, dans ton projet de voyage ou autre. Et puis après, le CO2 qu’on appelle incompressible, c’est-à-dire celui qui peut-être difficilement évité parce que tu as besoin de lumière, tu as besoin de faire tourner une machine pour travailler sur un projet. Et bien, celui-là, on fait le calcul et à la fin on le neutralise. Donc en fait on dit : “Bien toi AnBé, tu as relâché 3 tonnes de CO2. Bien, écoute, on va les neutraliser en trouvant une manière.” Ça peut être en replantant des arbres quelque part, mais ça peut aussi être un projet social. Par exemple, on fournit un four à haut rendement dans un village en Afrique. Donc, au lieu de faire brûler beaucoup de bois pour faire bouillir l’eau, ils en brûlent 10 fois moins. Donc 10 fois moins, c’est 10 fois moins de CO2 rejeté. Donc, tu comprends le concept. »

AnBé – « Oui, je les connais bien. »

Tom de Dorlodot – « L’idée, elle est bien, mais c’est surtout intéressant de travailler avec des gars comme ça, parce qu’ils ont énormément de connaissances. Ils te mettent en contact avec les bonnes personnes et nous on le fait depuis toujours. On a toujours neutralisé toutes les émissions. Ça coûte de l’argent ! C’est dans notre budget, ça reste une tranche, je dirais pas importante, mais quand même c’est conséquent, tu vois. Quand tu as une équipe de 10 personnes qui partaient à l’étranger ou que l’on traversait l’Afrique, du nord au sud en 4×4, tu vois c’est… Mais très vite, on s’est dit : “En fait, c’est génial, on va continuer à travailler avec eux”. Mais maintenant l’idée c’est vraiment d’essayer de plutôt revoir notre manière de fonctionner mais à la base, et ça va jusqu’à par exemple sélectionner des équipes de production dans les pays où on va. Par exemple, au Pakistan cette fois-ci, au lieu d’embarquer un cameraman, tu vois, maintenant tu trouves un cameraman au Pakistan. »

Tom de Dorlodot – « Il ne va peut-être pas être aussi talentueux que ton meilleur pote avec qui tu bosses depuis 10 ans et qui a l’habitude et tout. Mais quelque part, c’est difficilement justifiable d’emmener un gars au bout du monde avec tout son matos quand on a un sur place que tu peux briefer, tu peux rencontrer, qui a peut-être un point de vue différent. Il va te faire découvrir sa culture. Mais en fait, on est en train de réfléchir à ça aussi. »

AnBé – « Wouah ! C’est toute une démarche sympa, ça. »

Tom de Dorlodot – « Oui, c’est intéressant, et on ne parle pas de ça dans l’industrie des documentaires, des films, de la production, tout ça. On ne parle jamais de ça. Tu vois, ils font des films nature, mais je veux dire Nicolas Hulot, il se baladait en hélicoptère toute la journée et il prenait l’avion Air France juste pour eux, tu vois. »

AnBé – « Oui, oui. »

Tom de Dorlodot – « Alors c’est fantastique ce qu’il a fait, tu vois, il a conscientisé les gens sur la beauté de l’environnement et sur la nécessité de la préserver et tout ça. Mais ça crachait beaucoup de CO2, tout ça. »

AnBé – « Mais je crois qu’il ne le ferait plus comme ça maintenant. Mais j’étais allé voir Yann Arthus-Bertrand, qui me disait : “Bah oui j’étais connu comme l’hélicologiste. Je faisais pourtant la compensation carbone quand personne ne le faisait. Mais c’est clair que ça ne compense pas tout, enfin je veux dire le meilleur CO2 c’est celui qu’on n’émet pas. “Et pour l’instant, il fait des films en récupérant les images justement de gens qui en font partout dans le monde. Et il dit : “Moi, je veux plus prendre l’avion pour faire les images, je veux des images, mais il y a plein de gens talentueux, alors autant rassembler, faire des appels à images des gens qui sont avec des drones déjà sur place ou quoi.” Et donc lui, il le fait. Oui, oui, carrément, il fait comme toi, il fait appel à des gens locaux, quoi. C’est chouette de voir. »

Tom de Dorlodot – « Oui, mais en fait, la technologie a beaucoup évolué aussi. Avant, ça coûtait une blinde d’avoir une bonne caméra. Tu devais travailler avec une Red Dragon, tu vois, avec des objectifs Carl Zeiss pour avoir un truc vraiment, vraiment pointu. Maintenant, quand tu filmes avec ton iPhone, tu as de la 4K et c’est absurde la qualité que tu sors. »

AnBé – « C’est fou, oui. »

Tom de Dorlodot – « On n’est pas encore sur l’égalité similaire,… »

AnBé – « Non, mais tu peux déjà faire quelque chose de super bon. »

Tom de Dorlodot – « Mais avec les derniers petits boîtiers Sony, tu fais des trucs, ou d’autres d’ailleurs, c’est pas la marque qui importe, mais tu fais des images incroyables. »

Tom de Dorlodot – « Donc avec des budgets hyper réduits, on peut produire de la qualité. Et je pense aussi que parce qu’on parle de documentaire, tu vois, c’est que toute l’approche a un peu changé aussi. C’est qu’il y a 10 ans quand tu faisais un docu et que tu voulais te présenter à un festival de film d’aventure. T’essayais de mettre un maximum d’effets, tu vois, tu disais : “On va prendre une grue, un slide pour faire des travellings”, sans parler des drones et des trucs. C’était toujours “Oui, l’image, l’image, l’image.” En fait, on se rend compte maintenant que il y a tellement d’images, il y a tellement de qualité que c’est plus suffisant, et maintenant… »

AnBé – « C’est plus ça qui fait la différence. »

Tom de Dorlodot – « C’est plus ça qui fait la différence, et si tu regardes n’importe quel film, le festival d’aventure par exemple, les gagnants c’est toujours un truc hyper roots, un mec qui s’est filmé tout seul à la main, parce que le contenu est roi. »

Tom de Dorlodot – « On revient vers l’histoire, l’importance de l’histoire, l’importance du récit, l’importance de faire vibrer les gens, l’émotion plutôt que la beauté de l’image, parce que ça, on en a tellement vu, tu vois, tu peux scroller sur Instagram toute la journée et voir des trucs canons. Ce n’est plus suffisant. Mais donc, ça c’est intéressant aussi parce que ça permet à des petits producteurs ou à des réalisateurs qui n’ont pas de moyens, s’ils ont une belle histoire, ils peuvent la raconter et faire du bruit. »

AnBé – « Ils peuvent percer. »

AnBé – « Oui, ça c’est vachement chouette. Vous en avez une belle d’ailleurs avec Jack sur le bateau. Comment ça s’est passé pour Jack sur le bateau, par exemple ? Vous l’avez vu comment ses réactions ? »

Tom de Dorlodot – « Écoute, pour lui, tu vois, à 4 semaines, il était sur le bateau. Donc Jack, il est né en Belgique, et puis 4 semaines plus tard, on est parti sur le bateau. On lui avait construit un petit hamac dans la cabine, et il dormait dans son hamac toute la journée. Et en fait, quand ils sont tout petits, c’est plus facile, parce que ça ne bouge pas trop. Ça dort beaucoup, ça ne bouge pas trop, et ça ne court pas dans tous les sens. »

AnBé – « Ça n’essaie pas de passer par-dessus bord en permanence. »

Tom de Dorlodot – « Oui, et puis lui, il ne connaissait rien d’autre, tu vois. Jack, c’était… »

AnBé – « C’était sa normalité. »

Tom de Dorlodot – « C’était sa normalité, oui. Et du coup, aujourd’hui ce qui est drôle, là on est sur le sol pour le moment. On est pas trop, moins sur le bateau, et ça lui manque à fond, et il en parle tout le temps. »

Tom de Dorlodot – « Mais pour répondre à ta question, ce qui était drôle, c’est qu’il s’y est fait très très vite. C’était probablement plus difficile pour nous parce que tu vois, il fallait toujours qu’un de nous deux, et c’était plutôt souvent Sofia parce que j’étais aux commandes du bateau. Enfin, tu vois, dès que ça tabassait que les conditions étaient fortes et tout ça, il fallait aller prendre un lit à l’avant du bateau et tout ça. Alors Sofia elle restait dans la cabine avant avec Jack pour le tenir. Parce qu’en fait le gars il volait dans tous les sens quoi. »

AnBé – « Ah oui. »

Tom de Dorlodot – « Donc pour Sofia, elle a vraiment passé deux semaines avec Jack dans les bras quoi. Mais c’était une expérience inoubliable, mais c’était quand même difficile. Je peux pas te dire que c’était de tout repos. »

AnBé – « Non, non, non. »

Tom de Dorlodot – « On avait bien préparé le bateau et on était assez confiant. Donc on l’a fait très tranquillement dans les conditions les plus soft possible, en étant super humble, en réduisant la toile, en réduisant la vitesse, et puis on avait tout ce qui est matériel de sécurité à bord, une balise InReach, l’AIS donc voilà, on a mis toutes les chances de notre côté pour que ça se passe bien. « Mais quand je revois le truc avec un petit peu de distance, tu vois, je me dis qu’on était quand même un petit peu inconscients. Peut-être pas inconscients, mais… »

AnBé – « Je me suis dit aussi Woooooh, ils osent. »

Tom de Dorlodot – « Oui, en arrivant de l’autre côté, une semaine après, on était en train de naviguer dans un clapot, une petite condition toute calme et tout. On a un hauban qui a sauté, donc un des câbles qui tient le mât. C’est même pas le hauban, c’est la cadène en dessous du pont qui a pété. Et en fait, elle était fissurée, mais on ne la voyait pas dans le pas de vis. Ça, ça fait quand même un drôle d’effet parce que tu as la moitié de ton mât qui se décroche, tout le côté tribord qui devient mou. Et donc là, j’ai viré de bord très vite pour mettre toute la pression de l’autre côté, et après, j’ai affalé la voile et je suis rentré au premier… enfin, à l’endroit le plus proche. Je suis allé à la marina pour réparer. Mais le même truc t’arrive au milieu de l’Atlantique, tu n’as plus de voile. »

AnBé -« Oui, c’est ça. »

Tom de Dorlodot – « Et t’es là, tu peux passer 3 semaines à dériver en attendant qu’il se passe un truc, et c’était vraiment dix jours après notre arrivée. »

AnBé – « Oui. »

Tom de Dorlodot – « Donc tu vois, on n’est pas passé loin d’une petite catastrophe, alors on en serait pas morts, mais on aurait quand même pas rigolé. »

AnBé – « Surtout que vous aviez vraiment chargé à balles de guerre en nourriture. J’ai vu que vous aviez fait les courses. »

Tom de Dorlodot – « Oui, on avait pris… Alors ça, c’est quand même un des trucs, c’est que quand ta vie c’est l’aventure, tu as quand même une certaine connaissance de la gestion en termes de logistique et tout ça. Et la gestion du risque pour les gens c’est de la folie, mais moi je pense qu’à partir du moment que tu es bien préparé et que tu ne fais pas le débile, tu peux vraiment repousser un peu les limites du truc. Tu vois, on disait “Ah mais tu vas faire une transatlantique en solitaire. Tu es complètement dingue et tout ça.” Ça c’est ultra bien passé, et je ne me suis jamais senti en danger. Je pense que si tu ne fais pas n’importe quoi, il n’y a pas de problème, et si tu es bien préparé. Et je pense que ça a été une expérience assez fantastique, et je te donne un exemple qui m’a vraiment marqué. Jack, il dormait dans la cabine avant, et en fait quand les dauphins viennent nager devant le bateau, tu entends le chant des dauphins à travers le mur. »

AnBé – « Okay. »

Tom de Dorlodot – Et très vite, Jack avait compris que ce bruit, c’était les dauphins, et donc c’est lui qui nous annonçait que les dauphins étaient devant le bateau. On était en train de manger ou en train de cuisiner à l’arrière, puis il criait dans tous les sens, il bougeait ses bras et tout. Il fallait qu’on le prenne, qu’on l’emmène à l’avant du bateau pour qu’il voie les dauphins faire des sauts devant le bateau parce qu’il les entendait à travers la paroi. Ça, c’était juste fantastique ! La première fois qu’il a montré un truc du doigt, c’était un fou de bassin qui plongeait pour attraper un poisson. Donc il a… Ça a été l’école de la vie à bord, il a appris à marcher, enfin commencé à marcher sur le bateau, et puis c’était marrant, parce que dès qu’on l’a emmené sur terre, il a commencé à marcher, puis on l’a emmené sur le bateau et là, ça le frustrait tellement de tomber parce que le bateau bougeait tout le temps qu’il a fait une grève de la marche. Pendant 3 semaines, il ne voulait plus essayer de marcher. AnBé – Pas question, stabilise moi ce truc. Tom de Dorlodot – Puis, il s’y est remis, mais bon, je veux dire il s’est baladé sur les plages pendant 2 ans. Il était tout le temps dehors et tout le temps à l’extérieur. Puis après, on est revenu en Belgique et là, on l’a mis dans une petite crèche. C’était quand même un peu le choc. AnBé – Oui.

AnBé – Tu pars de la liberté ultime et puis d’un coup, tu te retrouves dans une petite crèche entre 4 murs. Tom de Dorlodot – Mais c’était génial aussi. Ce sont des petits louveteaux à cet âge-là, ils ont besoin de socialiser et de connaître d’autres petits enfants et tout ça. Ça c’est super bien passé, mais si tu demandes aujourd’hui à Jack, il a maintenant 3 ans et demi, si tu lui dis qu’est-ce que tu veux faire demain ? Il va te dire : “Partir avec le bateau, naviguer quoi.” Tout de suite, c’est toujours sa réponse vraiment. On l’appelle Jack le pirate dans la famille, parce qu’il adore naviguer. Donc on a de la chance. AnBé – Bah ça tombe bien parce que ce n’est pas la dernière fois qu’il risque de naviguer avec vous, je pense. Tom de Dorlodot – Bien, en fait le truc c’est qu’il y a des âges où ça se passe plus facilement, tu vois, il y a des âges où c’est plus simple. Je pense que quand ils sont tout petits, c’est assez facile et assez accessible. Maintenant, on en a deux, on a Jack et on a aussi Lénore, une petite fille qui a 1 an et demi. Donc quand tu en as deux en bas âge et que tous les deux marchent. AnBé – Ça devient chaud. Tom de Dorlodot – C’est nettement plus sport parce que tu dois tout le temps être sur la balle, quoi. Tu ne peux pas te permettre de les accrocher toute la journée.

AnBé – Quand il n’y en avait qu’un, elle pouvait s’en occuper toute la journée et toi, tu pouvais naviguer, mais là si vous êtes tous les deux à vous occuper à ce qu’ils ne survolent pas par-dessus bord, ça devient plus compliqué. Tom de Dorlodot – Oui, il faut que ça reste quand même un chouette moment à passer tous ensemble, tu vois, et là avec l’eau les nav’ peuvent être longues, peuvent être difficiles, le manque de sommeil et tout ça. Et donc on s’est dit : “Là, on lève un peu le pied.” On a de la chance d’habiter sur une île maintenant, on habite aux Assor. AnBé – Cool. Tom de Dorlodot – Donc les enfants sont tous les jours au bord de l’eau, on sort encore avec le bateau, on fait des petites nav’ et tout, donc pour eux c’est toujours l’esprit… à pas changer et je pense que quand ils seront un peu plus grands, je dirais 6 et 8 ou un truc comme ça. Alors là, tu peux repartir et ils sont assez grands pour ne pas tomber du bateau, pour se débrouiller tout seuls sur plein de trucs… AnBé – Être un peu plus prudents. Tom de Dorlodot – et alors là, c’est très chouette. AnBé – Nouvelle-Zélande, ça avait l’air formidable ce que tu as fait là-bas. Tom de Dorlodot – Oui, ça c’est un de mes pays… Oui, c’est probablement mon pays préféré ou un de mes pays préférés. La Nouvelle-Zélande, c’est ce qui est génial, c’est que tu as un pays gigantesque avec 4 MILLIONS d’habitants, donc ça reste un des endroits les plus préservés de la planète. AnBé – Oui. Tom de Dorlodot – On a fait la traversée de l’île du Sud à pied en parapente avec un très bon ami, avec Ferdinand Van Schelven. C’était fou ! On a pris 26 jours pour traverser tout le pays en autonomie complète. C’était vraiment dingue comme expérience ! Très chouette !

AnBé – Tes plus beaux endroits là-bas ? Tom de Dorlodot – Arriver vers le mont-cook, en vol c’était juste exceptionnel, tu vois, je me rappelle avoir survolé l’île du Sud en avion pour aller vraiment à la pointe sud et voir toutes ces montagnes et me dire : “Attends, c’est pas possible, on a traversé ça à pied et en parapente.” Et me décourager un peu, me dire en fait c’est trop gros, c’est trop ambitieux. et puis, de jour en jour on a pris la météo comme elle venait et on n’a pas arrêté d’avancer. C’était vraiment très dur comme projet parce que physiquement là, on avait 26 kilos sur le dos. Du coup, on portait toute la nourriture pour l’aventure, les tentes et des trucs. Donc physiquement c’était vraiment dur, mais c’était d’une beauté incroyable. En fait, ce qui est dingue, c’est que tu vois il y a les « great trails » comme ils appellent ça en Nouvelle-Zélande. Tu as quelques endroits assez connus et les gens se battent pour avoir des places dans les refuges et tout ça là-bas. Tu sors un tout petit peu de l’axe, tu vas dans la vallée d’à côté, tu es tout seul. Et c’est tout aussi beau ! Mais nous, sur 26 jours, on a dormi 3 fois avec d’autres gens dans la hôt quoi. AnBé – Ah oui. Tom de Dorlodot – Le reste du temps, on ne voyait personne et ça, c’est juste magique. Sauvage ! Tom de Dorlodot – C’est très sauvage ! Ce sont les Alpes mais sans les habitations, sans les routes, sans les maisons. Les fonds de vallée, il y a toujours un petit sentier pour se balader et puis c’est tout. Donc, oui, j’espère que ça ne changera pas trop, j’espère qu’ils vont réussir à préserver ça parce que c’est fantastique. Tom de Dorlodot – Oui, j’ai un bon souvenir aussi de là-bas. Tu es allé aussi ? AnBé – Oui, oui. Tu as découvert la Tuatara ? La bière avec une superbe bouteille là, elle est bonne celle-là. Ils font des bonnes bières en plus. Tom de Dorlodot – C’était fou parce que tu vois quand tu marches comme ça pendant 15 jours. En fait, tu commences à rêver justement de nourriture, de bière et d’autres trucs. Et ton corps, enfin ton cerveau te dit ce qui te manque. Donc moi, je rêvais beaucoup de fruits d’orange, de vitamine C, etc. Et surtout, tes sens se développent et quand je rentre à mi-parcours dans un petit village, un tout petit morceau de route et que tu sens les odeurs de la viande, tu vois les bières sur la table et tout ça. En fait, ton corps te dit : “Il me faut un burger.” AnBé – Fonce ! Vas-y !

Tom de Dorlodot – Parce que tu fonds, enfin, quand tu marches avec 26 km sur le dos, on a tous les deux perdu 10 kilos. Donc, tu as besoin de protéines. Oui, c’était assez drôle et c’est vrai que la bière était marrante. AnBé – Ah oui, clairement ! Moi, j’aime bien les Chowders là. Leur espèce de soupe épaisse avec des fruits de mer est très bonne aussi. Tom de Dorlodot – Oui. AnBé – Oui, j’ai de bons souvenirs de là-bas. Tom de Dorlodot – C’est un pays génial !

AnBé – Carrément ! Je me disais aussi, ça devait être marrant. De mon souvenir, du peu que j’ai volé, je me disais : “J’ai enfin compris l’air.” et on m’a dit : “Mais tu sais que c’est la même chose que les courants dans l’eau.” Donc il y a un obstacle, tu vois comment fait l’eau, et bien l’air fait la même chose. Du coup je me dis, c’est…

Tom de Dorlodot – Ce qui est complexe, c’est que c’est invisible et que quand on vole, en effet, on est constamment en train d’imaginer : tiens comment le vent passe au-dessus de cette montagne ? Comment ça se passe derrière cette montagne, est-ce que c’est turbulent, est-ce que ça ne l’est pas ? Et donc, tu as cette espèce de jeux avec l’invisible, il y a une part de magie là dedans et il faut comprendre comment ça fonctionne. Et c’est vrai que j’ai passé beaucoup de temps au bord de l’eau et notamment en Nouvelle-Zélande d’ailleurs parce qu’il y a des rivières partout, à juste m’asseoir sur un caillou et observer comment l’eau fonctionne et quel genre de turbulence elle fait. Et alors, je suis en l’air, je regarde les montagnes, je vois d’où vient le vent et je me dit : “Ok, là ça va circuler comme ça, ça va faire le tour, ça va faire des tourbillons derrière.” Et ça m’a permis réellement d’évoluer dans le sport.

AnBé – Ah bah oui, voilà. Du coup, je veux dire que ta pratique de la voile à dû enrichir ta pratique du parapente et inversement ?

Tom de Dorlodot – Ça, à fond !

AnBé – Ça doit être trop top !

Tom de Dorlodot – Parce que déjà, le parapente, il y a une dimension. Tu es en 3 dimensions, donc c’est particulier tu vois, tu voles en altitude tout ça. La voile, t’es en bi-dimension, tu es sur un plan d’eau, mais disons que le vent, c’est quelque chose qu’on maîtrise bien. Alors, c’est quelque chose qu’on déteste en parapente et qu’on adore dans la voile. En parapente, tu préfères pas avoir trop de vent et en voile, bon tu veux pas en avoir trop mais t’aimes bien quand même avoir un peu d’air pour avancer. Donc, au début, ça m’impressionnais. On était en mer avec 30 nœuds de vent tu te disais Waouh! Fin, pour moi c’était les voyants rouges qui s’allument “Danger” “Danger” comme lors du parapente quoi. Donc, j’ai dû apprendre à ce niveau là. Mais, là où on avait quand même un avantage ou en tout cas déjà pas mal de connaissances, c’est l’aérologie, la météo, tu vois l’analyse des nuages, l’analyse du vent, l’analyse des brises, tout ça, on comprend très très bien. Et puis, je pense que quand ton métier, c’est le sport ou essayer d’exceller dans un sport en fait, tu as une capacité d’analyse aussi qui te permets d’évoluer dans n’importe quel sport après parce que tu approches un sport différemment. Tu découvres le truc mais tu sais qu’elles sont les clés pour apprendre, pour tirer des leçons, pour grandir, pour évoluer. Mais donc tout ce que j’avais appris dans le parapente, je l’ai appliqué à la voile avec beaucoup d’humilité et c’est très intéressant de recommencer un sport ou une activité from scratch, sans aucune connaissance parce que le parapente, j’avais l’impression de plafonner à un moment et puis là, tu repars à zéro et tu es juste un incapable qui a aucune connaissance et tu apprends sur le tas c’était super intéressant comme truc et les gens me disent : “ Ah mais toi, ton père, il a toujours naviguer ou tu navigeais quand tu étais petit.” Pas du tout, moi, j’ai fait un stage de voile une fois en Bretagne, mais je veux dire, c’était pas du tout mon truc à la base quoi.

AnBé – Oui, ah trop top ! Et toi, je sais bien que ça va te parler parce que j’avais vu un reportage ou on disait se faire accepter par l’océan. On se sent comme accepter comme aider presque par l’océan donc cette idée de faire corps avec l’élément, bah en parapente c’est vraiment… effectivement t’es complètement englober dans l’élément, être dans son élément. C’est quoi tes moments préférés où justement, tu sens que ça fait corps à mon avis c’est des moments de flow qui sont extra, c’est…

Tom de Dorlodot -Tu les reconnais, c’est marrant mais sur un bateau ça va être un levé de soleil avec un décor fantastique et puis, tu vois, tu… Mais ce qui est marrant c’est que les gens parlent beaucoup de ça, tu vois, tu as traversé en solitaire pendant 1 an, ça à dû être une expérience humaine incroyable, enfin, humaine dans le sens…

AnBé – Se rencontrer soi même quoi

Tom de Dorlodot – Oui, oui. Et en fait, oui et non, tu vois, d’un côté, tu te réveilles le matin et tu dois faire avancer ton bateau et moi, je suis un gars assez terre à terre tu vois, voilà. J’avais une mission qui était d’arriver de l’autre côté entiers avec mon bateau qui n’avait pas trop souffert et d’office, tu observes la nature, tu t’extasies devant la beauté des éléments, tu vois. Tu regardes un couché de soleil, enfin, il se passe un truc, clairement, il se passe quelque chose. Mais moi, je suis quand même quelqu’un d’assez carré comme ça, tu vois, et en fait, non. J’emmenais juste mon bateau d’un bout à l’autre et j’en fais pas toute une histoire, tu vois.

AnBé – Oui.

Tom de Dorlodot – Après, intérieurement, il se passe un truc, tu vois, clairement. Et tu reviens de ce genre d’aventure grandit parce que quelque part tu te dis : “Je pensais pas en être capable et en repoussant un peu mes limites et en sortant de ma zone de confort, j’y suis arrivé” et je pense que c’est vraiment mais vraiment je le pense profondément, c’est accessible à tous le monde.

AnBé – Oui.

Tom de Dorlodot – C’est juste une question de se dire : “ Ok, on se donne les moyens, on le fait, on croit en ses capacités et on y va”, tu vois ?

AnBé – Oui.

Tom de Dorlodot – Tu m’aurais dit quand j’ai commencé à naviguer ou quand je suis parti du port de Bruxelles, dans deux ans, tu fais une transatlantique en solitaire. Je t’aurais dit : “Non, jamais. C’est incapable, j’ai l’impression que c’est un truc complètement inaccessible. “Demain, je dois repartir, je fais mon sac en une demi-heure et j’y vais tu vois, ça ne m’inquiète plus du tout. Je pense que ce qui est intéressant quand tu sors de ta zone de confort comme ça, c’est qu’en fait, tu prends confiance en toi aussi, en tes capacités et finalement tu te dis: “Ça peut s’appliquer à tout.” Il y a pleins de choses qui nous bloquent dans la vie, qui nous font peur, qui nous arrêtent, qui nous freinent mais tu peux aussi te dire : “Non mais moi, ça ne me dérange pas, Je baisse la tête, j’y vais, j’avance et puis, tu apprends, tu tires des leçons, tu évolues et ça te permet de rebooster un peu les murs à chaque fois. Je trouve ça passionnant ! Et après, clairement, tu vois, moi ce que j’aime dans tout ça finalement, c’est le contact avec la nature, c’est que je pense qu’on est, qu’on a une connexion très profonde avec la nature. On l’a tous un petit peu perdu parce qu’on grandit dans les villes, qu’on est face aux écrans, qu’on marche pas très souvent pieds nus dans l’herbe et donc, on a perdu cette connexion à la nature et c’est vrai qu’avec le parapente ou avec la voile, tu retrouves ça parce que tu prends des rafales de vent, tu te prends un grain?, tu es trempé, tu as froid, tu te bats dans les vagues ou alors, tu atterris au milieu de nulle part dans un endroit paumé et puis, tu dois marcher pendant 6 jours pour sortir. C’est hyper intéressant et moi, j’adore ça et c’est là que je me sens le plus en vie, c’est pour ça, que je le fais d’ailleurs. C’est parce que c’est ce que je trouve de plus intense.

AnBé – Voilà, C’est justement ça la question, d’un point de vue des sensations, ce que tu aimais le plus ? Tes moments de gros gros kiff, c’est ça alors ?

Tom de Dorlodot – Oui, c’est ça. Je pense que c’est… Tu vois, de se jeter volontairement dans la gueule du loup avec pleins d’incertitudes et puis d’avancer et de s’en sortir et l’aventure c’est ça. L’aventure, c’est quand tout commence à foirer, l’aventure qui démarre, on parle beaucoup, enfin c’est un mot qui est utilisé “l’aventure“, tu vois, on dit je pars à l’aventure mais bon tu es avec ton sac à dos, ton lobby planète, tu pars pas à l’aventure. Non, l’aventure, c’est quand tu as un problème, tu as quelque chose à résoudre et que tu sais pas comment tu vas t’en sortir, que tu es dans le rouge, tu es dans le mur et c’est là, que tu te rends compte en fait qu’on a des ressources qu’on imaginait pas et c’est super intéressant parce que par exemple, sur ces compétitions tu vois, de traverser des Alpes à pied en parapente. On marche 600 bornes en 10 jours, tu m’aurais dit il y a quelques années : “Tu vas marcher 100 km en 24h” je t’aurais dit : “Mais c’est pas possible 100 km en 24h avec un sac de 10 kg” et en fait, si. Quand tu es dedans, tu t’y mets, tu te mets en mode robot, tu avances, si la motivation est suffisante, tu t’arrêtes plus. C’est passionnant de voir qu’en fait, on est juste limité et on se limite nous-mêmes en fait parce qu’en fait, on ne se croit pas capable ou que les gens qui nous entourent nous disent que tout ça, c’est impossible. Je trouve ça intéressant parce que sur le projet, par exemple, sur lequel on bosse pour le moment, on est sur des budgets beaucoup plus conséquents. Sur le projet du bateau d’expédition, on est sur une logistique beaucoup plus importante mais je pense qu’à partir du moment où tu peux le rêver, tu peux le faire. Il faut juste qu’à un moment tu te dises : “Non mais, on va se donner les moyens de le faire, on va trouver les solutions.” Et souvent, en tout cas j’observe ça autour de moi, c’est que les gens ne se donnent pas vraiment la chance ou la possibilité de rêver. De rêver en grand. Parce que toutes les excuses sont bonnes.

AnBé – Trop vrai !

Tom de Dorlodot – “C’est trop cher”, “C’est trop truc”, “Ça va être trop compliqué”, “C’est pas possible” Non mais la réalité c’est qu’en fait, tout est possible à partir du moment où vraiment tu y crois que tu bosses dur, que tu t’entoures des bonnes personnes et puis, il y a une magie dans tout ça, c’est vraiment super intéressant parce que nous, on l’a vécu beaucoup dans nos expés, c’est que quand tu as vraiment une intention donc, elle est forte. Les choses se mettent en place naturellement. Par magie, tu vas rencontrer la bonne personne au bon moment. C’était Donatien Carme que j’ai rencontré dans un refuge en montagne, il m’a appris à naviguer ou c’est la nana qui m’a dit à la sortie d’un festival de film d’aventure : “Mon copain, il est skipper sur un bateau en Polynésie, tu devrais l’appeler” donc, c’est dingue. Tu vois, on voulait traverser l’Afrique du nord au sud et on avait un véhicule qui était un 4X4, un pick-up et on se disait mais si on veut avoir une équipe de prod avec nous tout ça, il nous faudrait un deuxième véhicule. On commence à chercher un peu et puis, je suis dans une pompe à essence à Gembloux et arrive un gars à côté de moi et tous les jours, j’essaie de parler à un inconnu juste pour ouvrir la conversation à quelqu’un que je ne connais pas.

AnBé – Ok

Tom de Dorlodot – C’est un petit exercice que je fais, que je trouve assez drôle.

AnBé – Ah sympa

Tom de Dorlodot – Et donc, je vois mon voisin et je dis: “ Et ça va? Vous venez d’où comme ça?” Enfin, tu vois, je lance la conversation, je crois que je lui ai dit un truc du genre “Ah, elle est chouette ta voiture” c’était une voiture un peu tunée et puis le mec me dit “Ah oui, elle t’intéresse la voiture.” On discute, on discute et je dis “Ah je pars faire la traversée de l’Afrique là” “Ah oui ! Génial! J’ai un pote qui va faire la traversée de l’Afrique, il veut descendre avec un camion jusqu’en Afrique du Sud.” “Ah bon! ok, bien, comment il s’appelle ? Il part quand ?” Et puis, on a contacté le gars et il a dit “Bien écouter, moi, je suis chaud pour mettre le camion à disposition et on fait le voyage ensemble.”

AnBé – C’est fou ça !

Tom de Dorlodot – Oui, c’est assez fou ! Et on a eu des histoires comme ça, il y en a plein et en fait, encore une fois, je pense qu’il y a une espèce de magie comme ça, des gens qui ont l’envie d’entreprendre, de créer des choses. C’est pour ça qu’il faut partager ses rêves, il faut en parler autour de soi parce que je te parle d’un truc aujourd’hui et demain, tu vas me dire “Et Tom tiens j’ai pensé à toi, j’ai rencontré un tel, il faudrait que tu le vois. Faudrait que tu lui parles de ton projet.” ou moi je vais dire “ Ah AnBé, j’ai rencontré telle personne qui retourne en Nouvelle-Zélande et qui ..” et en fait c’est magique à ce niveau là.

AnBé – Ah carrément! Bien attends, hier je parlais de canette avec quelqu’un dans le train, on parlait avec quelqu’un qui est assez impliqué dans l’environnement, qui me parlait de sa copine qui se bat depuis des années pour la consigne des canettes parce qu’il y en a partout. C’est marrant parce qu’on a parlé de canette pendant une demi-heure, j’en parle jamais. Aujourd’hui, tu fais quoi ? Tu me parles de canette, c’est trop drôle quoi.

Tom de Dorlodot – Et tu vois, l’histoire de ces canettes, ce qui est dingue c’est qu’en fait, quand tu y réfléchis bien. Au début, il y a eu ce mythe du plastique recyclable à l’infini, on parlait du plastique “ Oh mais le plastique c’est fantastique, c’est génial, c’est magique.” AnBé – Il y a encore plein de gens qui croient que tout le plastique que l’on met dans les poubelles bleues est recyclable et recyclé, c’est fou oui.

Tom de Dorlodot – Et donc, ce plastique va être constamment… Mais en fait, la réalité c’est que tu vas sur n’importe quelle plage aux Açores, au milieu de l’Atlantique à 1300 km de la côte. Chaque fois qu’il y a un peu de vent d’Ouest qui arrive, tu as tout le plastique qui vient des États-Unis qui termine sur les plages, tu te dis “Mais c’est pas possible” enfin, on est tellement interconnectés maintenant, tu en as vraiment partout. Et l’aluminium, c’est l’un des rares métaux que tu peux vraiment… d’une canette, tu refais une canette quoi. À peu de chose près. Après, c’est sûr que faire fondre une canette, ça dépense de l’énergie. Donc, il faut réussir à réfléchir à ça aussi. Par exemple, les grands fabricants de … Les grandes marques comme Coca-Cola, Winter Brou (?), Red Bull et autres. Maintenant de plus en plus, on leur dit : “Mais en fait, arrêtez de produire vos canettes à un seul endroit et puis vous les faites voyager à travers la planète pour aller les remplir à un autre endroit puis elles reviennent dans l’autre sens pour que …” et donc, par exemple, Red Bull dans ce cas-ci, eux, ils ont décidé, alors tu vois la marque, on aime ou on n’aime pas, c’est chacun son approche mais… Maintenant, ils produisent les canettes à l’endroit où ils les remplissent et donc ils font une énorme production.

AnBé – C’est déjà un stock.

Tom de Dorlodot – Oui, donc tu enlèves déjà… Donc, il faut aider ces marques et ces industries à évoluer et à changer un peu leur fusil d’épaule mais ce qui est sûr c’est que l’aluminium, c’est un métal super intéressant et qui peut être utilisé dans plein de choses. Par exemple, pour le bateau, tu vois, l’aluminium d’une canette n’est pas exactement le même aluminium que l’aluminium marin pour faire un bateau, donc, dans ce cas-là, on doit récupérer 120 0000 canettes et puis après, on va rajouter des carcasses de voiture, des panneaux de signalisation pour faire le mélange. Et c’est passionnant parce que je travaillais avec ces ingénieurs là-dessus, avec les gars de boat company qui est l’un des p lus grands fabricants d’aluminium au monde et l’un des plus gros recycleurs au monde, et on travaille là-dessus et j’apprends plein de choses. Et je trouve ça intéressant et puis, nous aussi dans notre démarche, on va aller plus loin parce que on se dit : “Ok” par exemple, tu as les voiles de la Route du Rhum ou du Vendée Globe, le mec qui gagne le Vendée Globe a un set de voiles, il l’utilise pour la course et puis après, ça a perdu 1% de performance, il les dégage et donc, à ce moment-là, nous on dit : “Attendez” on a parlé avec de grandes marques comme Incidence. On leur a dit : “Nous, on va récupérer les voiles parce qu’on n’a pas besoin du pourcent, autant qu’on réutilise, réutilise, recycle.” Sur notre projet de bateau, on va aussi travailler là-dessus sur la récupération de matériaux qu’on va reconditionner et on va aussi vraiment réfléchir au fait que un jour, il faudra aussi que ce bateau soit démantelé, récupéré et recyclé donc par exemple sur le… Ah oui, tu penses à … Parce que dans 10 ans ce bateau ou dans 20 ans ou dans 30 ans, peut-être, mais il deviendra un problème, enfin, il risque de devenir un problème à partir de maintenant, quand tu produis quelque chose, il faut aussi réfléchir à sa deuxième vie et donc là, par exemple, sur l’isolation au lieu de faire de l’isolation à la mousse tu vois, des trucs… Bien, en fait, l’isolation en liège recyclé aussi en bouchon.

AnBé – Ok

Tom de Dorlodot – Et ça, c’est génial parce que tu la grattes et puis, tu la mets dans ton potager quasiment, enfin tu vois ?

AnBé -D’accord. C’est bien étanche alors pour qu’il n’y ait pas de pourriture ?

Tom de Dorlodot – Oui, vraiment tout ça …

AnBé – Ça s’étudie

Tom de Dorlodot – On se rend compte qu’en fait, ça s’étudie, qu’il y a plein d’alternatives qui souvent sont plus coûteuses. C’est pour ça qu’on pollue comme des sauvages, c’est parce qu’on est constamment dans la recherche de bénéfices et tu vois. Mais l’arrivée c’est qu’il y a des alternatives, qui sont peut-être plus coûteuses mais qui sont certainement, nettement plus propres et souvent. Ah mais le jour où on arrête de penser argent d’abord, le monde change de visage.

Et c’est ça et en fait, ce projet-ci, tu vois, on s’est dit dès le départ, on s’est dit : “Bon, ok, What if money is not a problem” tu vois. Qu’est-ce qu’on ferait si on n’avait pas de souci au niveau de l’argent ? Et on a décidé de le jouer comme ça, de se dire on va trouver, on trouvera l’argent, l’argent se trouve, il y a beaucoup d’argent qui dort sur des comptes un peu partout dans le monde. On va trouver les moyens de mettre ce projet sur pied et au début, ça va coûter une blinde.

Intéressant ça. C’est audacieux de penser comme ça. C’est marrant, c’est ce que Cousteau disait. J’ai parlé mardi avec un ancien membre de l’équipe Cousteau et il disait “Fais le film, ne t’inquiète pas de l’argent, tu le trouveras.” Vous faites exactement la même chose. Il dit “ Ça coûte cher comme approche” il me dit.

Tom de Dorlodot – Oui, c’est ça. C’est toujours le problème mais il faut rester réaliste quoi mais sinon, on trouve des solutions. En fait, on trouve des solutions mais il faut en tout cas prendre des risques et je pense qu’on va trouver des solutions. Ce que je dis toujours c’est que ce n’est pas l’argent qui fait le projet, c’est le projet qui fait l’argent. C’est un truc que j’ai entendu récemment et en fait, la réalité c’est que si ton projet tient la route, qu’il est solide, qu’il fait sens,…Qu’il inspire, qu’il fédère, l’argent, après ça suit. Donc, il faut surtout en fait, et ça c’est un message que je fais passer à tous les wannabe aventuriers ou… C’est qu’en fait, il faut un bon projet. Il faut mettre de côté ce qu’on a envie de faire. Moi, si demain, tu me disais : “Tu veux faire quoi ?” je te citerais un petit bateau de 30 pieds, je partirais en solitaire ou avec ma famille et voilà. Mais se dire : « OK, non mais moi, j’ai envie de faire passer un message, voilà ce que l’on va faire et truc.” Et de se dire : “OK, on va trouver les solutions, on va bien s’entourer et mais surtout, on doit bien définir le projet.” Là, c’est mon travail depuis presque trois mois sur le pitch, sur le design, sur le logo, sur l’intention, sur l’éthique de l’équipe et on essaye de ne rien laisser au hasard. Et on est dans un monde où maintenant, on a une responsabilité parce que tu vois, nous, pendant longtemps, on partait enfin, il y a tellement de sujets importants et intéressants tu vois, et par exemple, dans nos équipes on est de plus en plus en train de réfléchir aussi à comment incorporer des filles dans les équipes parce qu’on parle beaucoup de gender equality et en fait… ou de diversité, ou de… et c’est vrai que nous on est très Belgo-belges et en fait, on se dit : “Mais non, il faut vraiment qu’on s’ouvre culturellement, qu’on ait des équipes beaucoup plus mixtes. On choisit nos combats mais on en a plein, on essaie vraiment de redéfinir complètement la manière de travailler. Faut être capable de se remettre en question constamment. “Attends c’est bien, mais on aurait pu faire mieux.” Et puis, d’être à l’écoute aussi, de ce qu’il se passe dans le monde, il y a une évolution. Quel sera le monde de demain et quel est le monde qu’on veut pour demain et comment est-ce qu’on peut être avant-gardiste à ce niveau là quoi?

AnBé – Ah trop génial ! Tu as parlé de plein de choses que j’ai adorées qui me font penser à d’autres interviews aussi. Tu disais des choses dont on ne se croit pas capable. Je repense toujours à – Moi, ça m’aide aussi de repenser quand François D’Haene me disait : “Oui, quand j’ai entendu qu’il y avait un mec qui avait couru tout le GR 20 en Corse. Je me suis dit, mais ce n’est pas possible. Moi, j’ai essayé de le faire, on a sué, on est vite retournés à la plage.” C’était même en marchant et il a dit : “Alors, faire ça en courant.” Finalement, il a eu un record sur le GR20 qui a été repris depuis mais tu te dis : “C’est génial, quand tu vois quelqu’un d’un aussi haut niveau qui s’est cru complètement incapable dans quoi il allait être le meilleur un jour.” C’est très rassurant je trouve.

Tom de Dorlodot – Dis-toi que tous ceux qui excellent dans un domaine aujourd’hui, ont commencé comme débutants, tous. Donc, tu vois, le soleil se lève tous les matins pour tout le monde. Je veux dire la réalité c’est qu’on ne se rend pas compte, on va toujours trouver et c’est dommage parfois j’entends les gens justement me parler d’un François D’Haene. “Ah oui, mais bon les gars, il habite en montagne” “Oui mais il a le temps parce qu’il a de l’argent” “Oui mais” “Oui mais” “Oui mais” Tout le monde se trouve des excuses pour ne pas faire ce qu’il fait ou lui donne des bonnes raisons d’avoir été, d’avoir réussi à atteindre ce niveau. En fait, la réalité, c’est que le mec, il s’est réveillé le matin, il s’est dit “Je vais bosser. J’y vais, je travaille, je m’entraîne, je me prépare, je m’entoure bien, je change de lifestyle, j’ai une discipline.” Et en parlant un peu plus de manière entrepreneuriale mais la réalité c’est que quand t’as un projet, si vraiment tu mets de l’énergie et que tu y vas, tu vas atteindre tes objectifs.

AnBé -Je me souviens aussi, il y a quelqu’un que tu connais bien qui est Maxime Richard, il est aussi dans la team Red Bull avec toi.

Tom de Dorlodot – Ah oui.

AnBé – Il est génial, je l’ai interviewé aussi et j’ai toujours retenu aussi qu’il disait : “Faut la motivation de son objectif mais il faut aussi connaître l’implication.” Il faut les deux et donc savoir ce qu’il va falloir sacrifier quelque part pour l’atteindre et donc, c’est cette discipline qui manque aussi à beaucoup de monde, je crois que les gens rêvent très fort et puis après quand ils voient l’implication justement que va demander leur objectif ils se disent : “Oulala, oui mais…” alors on se trouve des “Oh mais ça va être trop difficile” ou bien “Non, ça c’est pour les gosses de riches” et toutes sortes de trucs comme ça. Donc oui, je repense assez souvent à ce qu’il m’a dit de ce côté-là.

Tom de Dorlodot – Oui et puis il y a une génération qui arrive, elles sont vraiment enfin, elles arrivent vraiment dans un monde qui n’est pas celui dans lequel nous on a grandi. Mais ce qui est sûr c’est que cette espèce d’envie du tout, tout de suite. Alors qu’un projet de fond, moi je dis toujours, tout ce qui vaut la peine d’être vécu prend du temps, prend de l’énergie et est difficile à atteindre et c’est d’ailleurs ce qui donne beaucoup de goût quand tu arrives au bout d’une traversée, d’une chaîne de montagne et que tu as vraiment eu mal pendant 25 jours. C’est vraiment l’arrivée qui est fantastique parce que ça fait 25 jours que tu vis comme un débile pour arriver au bout. Et en fait, cette approche du tout, tout de suite, c’est tellement triste et c’est négatif, c’est pas productif. Alors que se dire ok, moi j’ai un objectif qui peut-être assez ambitieux et te dire bien tous les jours, je vais me rapprocher de mon objectif. Un pas, un pas puis un autre, petit pas par petit pas. Et puis la bonne rencontre et puis tu te fixes des minis-objectifs, des micro-objectifs. Faut que je parle à un tel pour trouver mes canettes, il faut que je discute avec tel gars pour assurer le bateau, il faut que… et puis tu avances et tu ouvres les portes, les unes après les autres et puis, un matin, tu te réveilles et tu as un bateau d’expédition. On en parle aujourd’hui et je te promets que ce bateau va voir le jour, j’en suis certain. J’ai aucun doute là-dessus. Ça va être une question de temps, d’énergie et de beaucoup de sueur et de travail mais…

AnBé – C’est ceux qui se relèvent toujours et puis je dis parfois aussi, on se dit : “Oh il y a un truc trop bien. Justement, j’ai ça. On me file tel contact ça va marcher.” Et en fait, ce contact là, va peut-être pas marcher mais va te faire avancer et il va peut-être t’amener vers un autre contact donc c’est pas nécessairement dès que l’on se dit que, qu’il y a un contact ça va marcher. Faut pas se décourager aussi vite. Mais je trouve aussi parfois que tu as aussi les faux espoirs mais qui te font avancer. Tu vois ce que je veux dire ? C’est pas que c’est facile, c’est pas que la ligne est droite mais petit à petit ça marche, que ça marche pas, le succès comme les échecs te font avancer.

Tom de Dorlodot – Oui. Moi, c’est souvent quand j’ai atteint l’objectif, la plupart du temps, juste avant de l’atteindre, j’ai un gros coup de frein, un gros moment dur et c’est toujours à partir du moment où tu décides de baisser la tête et de vraiment traverser le mur, tu vois. Dire “Non mais attends tu fais l’extra mile que tu y arrives. Toujours, il y a un moment de setback assez important, ça c’est une chose et ce que tu dis est super intéressant. Je pense aussi qu’il faut avoir confiance en la vie, tu vois, il faut se dire que la vie est bien faite et même dans les moments compliqués en fait, il y a toujours une raison et si tu regardes avec un peu de distance, tu te dis “Ah mais pourquoi ça m’arrive toujours à moi ? Pourquoi ce truc a foiré ?” Sur le moment même, il t’arrive un sale truc tu vas pleurer sur ton sort et tu vas te dire “Oui, ça ne va pas fonctionner, ça ne va pas marcher.” Puis avec du recul, tu te dis “Ah mais en fait, ça m’a permis de rencontrer tels personnes parce qu’on ne s’est pas lancés là-dedans, on a évité de faire cette erreur” et en fait, la vie est bien faite. J’ai eu un accident assez grave où je me suis tout cassé. J’avais… Je me suis pété les deux… Fin pleins de vertèbres, mes deux hanches étaient ouvertes en deux enfin, j’avais un sale accident de parapente. Alors, sur le coup bien tu te dis : “Bon, bien, ça y est, il va falloir réapprendre à marcher, ça va être la pire expérience de ma vie.” Et en fait, j’ai passé 6 semaines dans un lit à regarder le plafond. Pendant 6 semaines, je ne pouvais pas bouger. Ça, c’est vraiment dur.

AnBé – J’espère pour toi que le plafond était beau.

Tom de Dorlodot – Immobilisé dans une chambre d’hôpital, c’était très dur parce que tu laisses ton intimité à la porte, tu vois, tu dépends de toutes les personnes qui t’aident. Mais ce qui était incroyable, c’est que ça m’a vraiment permis de réfléchir. J’avais jamais eu 6 semaines juste pour faire fonctionner mon cerveau et c’est à ce moment-là qu’est né le bateau d’expé, le premier bateau. Et puis, c’est à ce moment-là que j’ai commencé à réfléchir à certains trucs, puis à appeler certaines personnes. Puis aussi, tu fais le tri dans ta vie parce que tu te dis : “Bon, je me suis pété le dos. Tout ce que je demande c’est de retrouver une santé plus ou moins saine pour pouvoir recommencer à marcher” et donc tu fais aussi le tri dans ce qui est important et ce qui l’est moins dans ta vie parce que tu dis “Bah en fait, parfois je m’embête avec des petites histoires”

AnBé – Je me perds oui.

Tom de Dorlodot – Je me fais plein de souci avec des bêtises. En fait, la réalité, c’est qu’il y a des choses plus importantes et en fait, à postériori, c’était probablement une des meilleures expériences de ma vie. Et donc, si tu fais confiance à la vie et que tu te dis “OK, happens what happens” je continue à avancer et ça fait partie du processus et alors, il n’y a pas de problème. C’est une question d’attitude, tu te dis “Ah oui, là j’arrive face à un obstacle” tu as deux manières de réagir. Soit tu peux faire demi-tour, soit tu peux te dire “Ah génial ! Un challenge. On y va.” Mais, c’est juste une question d’habitude”.

[courte interruption : message du podcast]

AnBé – Moi, j’aime bien aussi en chinois, je crois que le mot « Chaos » ou « Crise » qui veut aussi bien dire « chaos » que « chance, opportunité », c’est assez sympa je trouve. Comme concept. Tu as pas mal de choses point de vue mindset, c’est intéressant cette histoire de parler à des étrangers tous les jours. On ne se connaissait pas donc voilà. Aujourd’hui, tu as du bonus.

Tom de Dorlodot – Non mais c’est génial parce que des fois les gens sont surpris, tu vois, parce que évidemment tu dois trouver une manière déconnectée quoi. Donc, des fois c’est quelqu’un : « Ah j’adore tes baskets, tu les as achetées où ? » Ça peut être n’importe quoi. Oui, les gens qui te regardent ont l’air de dire : « Ah mais c’est quoi ça ? » Qu’est-ce qu’il me veut, celui-là ? Mais tu serais étonnée, les gens en fait sont demandeurs. Et après un certain moment, tu peux repérer les profils qui vont réagir, d’autres qui vont être contents de discuter et puis tu crées des liens, tu t’intéresses aux gens, les gens s’intéressent du coup à ce que tu fais et en fait, c’est juste du lien social, on en a tous besoin. Et c’est marrant parce qu’au Assor, c’est une petite île. Nous, on vit sur une île où il y a 15 000 habitants et en fait, tout le monde se connaît. C’est une grande famille et donc là, c’est plus… c’est tout à fait normal. Donc quand on arrive à la boulangerie avec Jack, la petite dame va venir jouer un peu avec lui, va vouloir lui demander son nom, discuter, tu vois. Au début, ça me paraissait un peu bizarre, tout le monde me parlait. Je me disais : « C’est bizarre, tu vois » et en fait, une fois qu’ils t’ont vu 10 fois, ils se disent : « Ah, le gars, il vit ici, c’est pas un touriste » et c’est très chouette, c’est très chouette en fait de revenir un peu sur ses valeurs un peu communautaires. C’est très sympa.

AnBé – Et tu as d’autres petits challenges que tu te mets comme ça ?

Tom de Dorlodot – Non, ça c’est vraiment un truc… J’ai commencé ça un jour, un copain m’avait dit : « C’est marrant, je fais ça. » Et en fait… Des fois il est 10 heures du soir, j’ai pas causé à mon étranger aujourd’hui. J’essaie de trouver une pompe à essence et je m’arrête 5 minutes mais non c’est drôle. Et non, j’ai pas tellement de petits challenges comme ça mais là, j’essaie justement, je suis dans une réflexion pour le moment parce que je dois m’entraîner pour le Red Bull XL qui arrive à la fin de l’année. Donc là, je suis en train de réorganiser mes journées et d’essayer vraiment de revenir à une discipline d’entraînement. Et on parlait du mot discipline, c’est un mot qu’on n’aime pas parce qu’on n’aime pas la discipline, surtout chez tous les enfants qui sont allés à l’école n’aiment pas trop ça, rester assis sur un banc pendant 6 heures. Mais moi, je trouve que la discipline, c’est quelque chose d’assez intéressant, d’être capable de dire : « Ok, en fait, j’ai pas envie de me lever demain matin à 6 heures pour aller courir, ça ne me motive pas. Dès que mon réveil va sonner, je vais avoir envie de l’éteindre et de retourner dormir » mais ce qui est génial, c’est que si tu tiens le coup, « Allez, go, on y va », 10 minutes plus tard, tu es dans la nature, tu as le lever du soleil magnifique et tu ne regretteras jamais d’être sorti.

AnBé – Oui.

Tom de Dorlodot – Et en fait, la question c’est d’être capable de se dire : « Allons-y, on y va tous les jours » et on s’entraîne.

AnBé – En plus, tu as de la fierté en toi, tu as confiance en toi, ce qui fait qu’il y a plus de choses qui roulent quoi.

Tom de Dorlodot – Exactement, tu te sens capable d’atteindre des objectifs et puis même physiquement, tu te sens mieux parce que tu évacues le stress, parce que tu fais de l’activité physique et tout ça. Donc, c’est vraiment une question de se dire à un moment : « Ok, je me fixe des objectifs, je me dis : Ok, moi, j’ai envie de… » Ça peut être de tout petits objectifs, ça n’a aucune importance en fait. Ne demande à personne d’aller courir un marathon dans 3 mois. C’est juste de se dire : « Ok, maintenant, je vais avoir une discipline » et c’était un peu comme la discipline de faire son lit le matin. C’est de se dire, tu te réveilles, tu commences ta journée avec une petite discipline, tu te dis : Voilà, je suis quelqu’un de structuré et je trouve ça intéressant.

AnBé – Oui, j’ai entendu un moine qui disait qu’on apprenait ça, quand il arrivait au monastère, un moine bouddhiste, et il disait : « On n’a pas grand-chose mais le matin, on fait son lit. On part sur un premier bon point, voilà, comme si l’on mettait de l’ordre dans sa tête. » Je trouvais ça marrant donc oui, voilà.

Tom de Dorlodot – Non, mais c’est ça. Je veux dire on doit utiliser toutes ces petites techniques.

AnBé – Je crois que j’ai pas fait mon lit ce matin, m*, mais j’ai aéré la chambre ! [rires]

Tom de Dorlodot – Non mais, c’est chouette parce que tu vois, dans ton cas par exemple, AnBé, avec le podcast. Tu te dis : « Ok, je fais ma liste des gars que j’ai envie d’interviewer, je prépare ceci, je prépare cela. » Et puis ce qui fait qu’un jour, tu réussis à faire des podcasts hyper qualitatifs, mais ça ne s’est pas fait en un jour.

AnBé – Ah non, ça c’est clair. J’avais ma wishlist et tout.

Tom de Dorlodot – Toi, tu m’as envoyé la marche à suivre pour les enregistrements et tout ça. Le truc, il est hyper huilé, hyper propre, hyper organisé, hyper structuré, tu vois, ça prend du temps. Ça demande de l’énergie, ça demande… ce n’est pas juste une conversation et donc, je trouve ça génial. Et plus tu te penches sur ton projet et plus tu y mets de l’énergie. En plus, tu t’améliores en fait, c’est juste une question de pratique en fait. On dit qu’il faut 10 000 heures pour être bon dans quelque chose.

AnBé – Et puis parfois aussi, c’est marrant comment les retours arrivent au bon moment, où parfois tu te décourages, tu te dis : « Oh pff, » et que comme si tu avais un coup de pouce qui arrivait pour te dire : « Non, tu es sur la bonne voie, vas-y. » Je me souviens toujours d’un matin, où je me disais : « Qu’est-ce que je fais pour… Les gens ne se rendent pas compte que pour 5 minutes d’audio, c’est 1 heure de travail pour moi, facilement. » Et donc, avec tout le travail que je fais, parce que j’édite beaucoup le son derrière pour que ce soit vraiment bien, pour que ça mette l’invité en valeur, fin bon, bref. Et un jour, j’étais dans mon lit le matin, justement le jour où tu arrives pas à te lever, « Oh purée, dur, quoi. » Est-ce que je vais vraiment faire ça ou je prends ma journée pour moi, pour ce qui me plaît, etc. Plutôt que d’être collé devant mon écran à couper du son. Et puis, j’étais en train d’interviewer René Heuzey, c’est aussi un réalisateur sous-marin et celui qui a fait Thalassa pendant des années et des années, et il le fait toujours, je crois. C’est quelqu’un de génial et je l’avais interviewé la veille et je devais refaire une deuxième partie et il m’avait envoyé pendant la nuit parce que lui, il était à l’autre bout du monde. Des chants de baleine. Alors tu te réveilles et tu lis : « Tiens au fait, cette nuit, j’ai enregistré des chants de baleine, si ça t’intéresse pour mettre dans le podcast. » Tu te réveilles et tu entends des baleines à bosse.

Tom de Dorlodot – Magique.

AnBé – Qui chantent et tu te dis : « Mais voilà, c’est pour ça que je le fais, c’est parce que je veux vivre des moments comme ça, je veux les partager, je veux que ça fasse vibrer d’autres personnes. » Il y a eu plusieurs fois comme ça où je me suis dit : « Est-ce que c’est bien ce que je fais ? Est-ce que je me perds ? » où tu as des petits encouragements comme ça. Tu as un auditeur qui ne te connaît pas qui dit : « Ah j’écoute le podcast, un grand merci parce que je vais partir à la rencontre des peuples autochtones qui vivent dans des forêts et j’ai pu contacter grâce à tel ou tel invité qui ont été là-bas. » C’est trop cool et tu te dis : « Ah, mais donc il y a un petit impact, il y a des choses qui se passent grâce à ça. » Et là, tu te dis : « Bon, ok, je continue. »

Tom de Dorlodot – Et sans compter tous les gens qui te contactent jamais pour te dire que tu les a impactés. AnBé – Mais c’est ça. Oui, oui. Tom de Dorlodot – Non, non, clairement, clairement. Et c’est ce que disait ma Licorne. Tu vois l’aventurier, il disait Si c’est une personne qui lit mon livre sur les milliers de personnes qui lisent mes bouquins, si je peux aider une personne à traverser sa journée et toi à se surpasser ou ou à réagir différemment lors d’un coup dur, tu vois, en se disant que mec, on a quand même fait le tour de la planète. By Farming, ce sont motorisations plein, plein de situations très compliquées. Si je peux aider juste une personne a réussi. Oui, et je trouve que c’est vrai. En fait, en soi, tu vois. Donc c’est vrai qu’avec ce que tu fais, tu tues, tu fais passer des messages et je suis sûr que tu touches les gens et beaucoup plus que ce que tu en fait au fond. Et puis après, il y. AnBé – A tout à votre temps aussi. Merci à tous les invités. Tom de Dorlodot – Oui mais il y a aussi toute l’inspiration. Je pense que ce qui est ce qui est vraiment intéressant, tu vois dans c’est je dis toujours lead exemple, tu vois, c’est de. Après moi je dois m’améliorer dans plein de domaines, mais ce que je trouve très chouette c’est d’aller en plein dans dans deux mois je vais à Maredsous justement parce que tous les ans les rhétos qui sont sortis il y a 20 ans de Maazou et moi ça fait 20 ans, viennent parler de leur expérience professionnelle et essayer d’inspirer les jeunes, tu vois. Et j’ai déjà fait ça plein de fois dans des écoles, surtout dans des dans des écoles plus compliquées, tu vois, là, dans l’enseignement technique. Et tout ça est dans des écoles où il y a un peu de difficulté d’aller discuter et d’aller parler avec les jeunes, essayer de les inspirer. Et le meilleur truc que tu puisses savoir recevoir, c’est un message ou un mail loin d’un gars qui te dit Ah Tom, ton voyage m’a inspiré, J’ai retapé un vieux vélo et je vais partir jusque dans le sud de la France avec mon sac en autonomie complète. Et toi tu dis Et ça c’est génial! Et moi je sais parce que je suis passé par là. J’ai envoyé un mail à Mike Horn quand j’avais 19 ans en lui disant Je vais aller jusqu’à Istanbul en paramoteur. En partant de la Belgique et à la moitié du voyage, il m’a envoyé un message en me disant Ah, je vois que t’avances bien, Courage, continue comme ça, c’est super! Et clairement non, c’était de sa faute. Enfin, c’est grand Salim, c’est ta faute. Mais clairement, j’avais lu l’attitude zéro et j’ai dit mais qu’est ce que moi je pourrais faire? Un truc qui m’a. Le gars m’a inspiré. Et donc si aujourd’hui, à ma petite échelle, je peux essayer d’en inspirer un ou deux aussi, c’est génial!

AnBé – Ah oui, c’est top! Moi, ma petite fille qui est revenue tout excitée hier de l’école en disant oui, on a vu un grand monsieur, il devait se baisser pour pour passer la porte. Eh ben c’est de tes Harold là, l’auditeur qui va partir Et donc il fait, il va, il va aussi faire pour les écoles comme ça des petites communications. Et donc il vient d’abord avant de partir dans les écoles. Et j’ai juste dit Oui, ça c’est chouette, ça donne tout des cercles vertueux et c’est à la portée de tout le monde, quoi. Tous ceux qui écoutent, n’hésitez pas, Il y a des écoles qui sont très demandeuses de plein de choses et il y a plein de messages à faire passer. C’est trop génial!

Tom de Dorlodot – Il y a vraiment. AnBé – Le fait qui t’a le plus appris à mon avis. Ben on a déjà parlé de ton lit d’hôpital, ce n’était pas mal. Il y a d’autres choses des tes gros fils qui toi? Ah oui, finalement comme on disait, c’est juste bon, on rebondit, c’est ça? Incroyable et qu’on peut apprendre avec une claque.

Tom de Dorlodot – Oui, j’ai eu trois accidents en trois ans, tu vois des trucs assez sérieux et parce que j’étais, j’avais à ce moment là un peu ce qu’on va appeler le syndrome champion du monde. Tu vois, je faisais moins attention, je pensais que j’étais indestructible, tu vois. Et là, j’ai vraiment dû apprendre après, à écouter mon intuition. Parce qu’à chacun de ces accidents, le matin même ou pendant l’action, tu vois par exemple, j’ai un accident un peu un peu sérieux quand même, où j’ai perdu deux phalanges à ma main droite. Donc tu vois, c’est donc un morceau. Et ça, c’était un accident que j’ai eu avec avec Sean Villanueva et Nicolas. AnBé – Tu fais plus le V de la victoire, Tu fais un J de la victoire et voilà, tu as. Tom de Dorlodot – Un soulagement et ça je le vis super bien tu vois. Et c’est un peu ma main d’aventurier. Donc c’est vrai. C’est drôle parce que quand j’étais au Pakistan la première fois avec Sophia, je lui ai dit Oh, je trouve ça assez classe tous ces porteurs d’altitude qui ont des phalanges en moins parce que j’ai les doigts. Et puis ils se font couper les phalanges sous ses doigts. Je ne sais pas, j’avais une espèce de mauvais présentiments, je trouvais ça assez impressionnant. Et puis le jour où j’ai appelé Sof pour lui dire que j’avais, je m’étais fait arracher la main par un rocher. Elle m’a dit Ah mais c’est juste que tu voulais la super bien réagi.

AnBé – T’es pas pianiste toi ça va [Rires] Tom de Dorlodot – On parle de ça parce qu’on faisait un documentaire et on était en train de grimper sur une voie vierge, un truc qui n’avait jamais été grimper et à la deuxième longueur de corde à 80 mètres du sol, je dis à Sean et Nico je le sens pas trop, je le sentais pas, tu vois, J’avais un mauvais pressentiment depuis le début de la journée et tout était filmé et j’avais une caméra sur la tête ou avec une caméra sur la tête. Et je voulais dire oui les gars, j’aime pas trop, il y a des cailloux qui tombent, Je ne sais pas, je pense que j’ai pas le niveau et eux c’est des grimpeurs pro tu vois? Aïe! Mais ils attrapent les rochers du bout des doigts et ils ne font jamais rien tomber. C’est pas un Jean-Jacques, Vous vous me faire un peu plus de main, un peu plus d’effort et à ce moment là ils me disent ok, monte, monte avec nous sur la vire, on va tirer un rappel et on va te redescendre. Mais à ce moment là, je mets les deux mains, soit hachées et tout par quoi? Mais un truc gros comme un frigo, toute la paroi s’arrache et je tombe avec. Et heureusement la corde n’a pas été sectionnée. Mais dans la chute, ma main s’était écrasée par le rocher et vraiment une minute avant je le dis et c’est filmé et je le dis, les gars, ne le sent pas trop. J’ai un mauvais pressentiment, j’aime pas trop ça. Et en fait, je pense que c’est super intéressant d’écouter ou d’apprendre à écouter son intuition. Parce que bon, on parle beaucoup d’instinct et d’intuition. L’instinct c’est animal, tu vois, c’est une chose, mais l’intuition c’est basé sur l’expérience. En fait, c’est toutes les expériences acquises qui à un moment te dit d’attendre dans cette situation là. Attention, sois un peu extra carefull, fais faire un peu plus gaffe. Et quand j’ai eu mon accident de parapente, même chose le matin, je le sentais pas quand j’ai eu mon accident à la main, même combat et en fait je me suis vraiment. La leçon que j’ai appris de ses failles, c’est vraiment d’écouter son intuition.

AnBé – Comment tu fais la différence entre une peur? Simplement parce que tu vas faire quelque chose de difficile mais dont tu es capable. Mais tu as une appréhension ou vraiment une sorte d’avertissement que tu as dans le corps qui t’arrive, hein?

Tom de Dorlodot – C’est très c’est très particulier et comme tu le dis, c’est dans le corps, c’est dans les tripes, tu le sent. Je sais pas pourquoi, c’est pas l’expliquer, mais si t’es un peu à l’écoute, tu vas le sentir. Et encore une fois, tu vois, je sais que ça semble un petit peu ésotérique comme ça, tu vois. Mais mais vraiment.

AnBé – On a nos sens animal sont super développés et on a oublié comment les utiliser et c’est pas.

Tom de Dorlodot – Je vais donner un exemple très simple. Tu vois, j’ai donné un exemple super simple. C’était sûrement déjà arrivé de rencontrer quelqu’un et d’avoir un mauvais pressentiment. Tu vois, moi je dis toujours la première impression est souvent la bonne, surtout si elle est mauvaise. C’est à dire que si t’as pas un bon feeling quand il rencontre quelqu’un parce qu’il n’a peut être pas des bonnes intentions, tu vois, c’est vraiment un truc qu’il faut écouter parce que 99 fois sur 100, ça va se valider dans les deux prochains mois. Tu vois, tu vas avoir une mauvaise surprise, on va te faire un sale coup ou un truc comme ça. Et en fait, on a ça en nous, on lie les gens et ça va être dans leur comportement. Ça va être l’expérience que tu as accumulée humainement à travers tes voyages et tout ça, mais tu vas sentir que l’intention n’est pas bonne, ou tu vas sentir quelque chose et en fait, souvent tu ne vas pas l’écouter, tu vas dire non. Mais bon, le mec, ce qui me propose, c’est vraiment chouette. C’est vrai qu’il y a un sentiment un peu bizarre, il y a quelque chose de bizarre mais bon quand même, les arguments sont bons et tu vas essayer de te convaincre qu’en fait tout va bien. Et puis tu vas te faire arnaquer ou tu as installe une sale expérience. Ça m’est déjà arrivé plusieurs fois et en fait là c’est juste un exemple. Je veux dire, humainement c’est assez intéressant de l’analyser comme ça, mais. Mais dans en expé c’est la même chose, sauf que la tu risques un peu ta vie. Et donc pour nous par exemple, et pour répondre à ta question, la gestion du risque pur, tu vois pour pour faire la différence entre la peur justifiée ou juste, on a des outils et moi un de mes outils c’est quand j’arrive sur un décollage de parapente par exemple, j’analyse trois choses j’analyse. Le premier truc c’est mon entourage et ce que j’ai autour de moi, mis sur landing com en anglais, c’est OK. Quel est le vent? Quels sont les nuages? Quelles sont les conditions? Est ce que l’endroit est facile à décoller? Est ce que c’est Red ou est ce que c’est pareil? Est ce que. Est ce que j’ai déjà décollé de là ou pas? Est ce qu’il y a une ligne électrique pas loin? Quels sont les dangers? Donc ça, c’est vraiment l’analyse au sol. Sur le premier point, le deuxième point, c’est mon analyse personnelle. Comment je me sens? Est ce que j’ai bien dormi? Est ce que j’ai mal dormi? Est ce que j’ai renversé mon café au petit dej ce matin? Ou est ce que je suis plutôt dans un bon mood? Est ce que je me suis fait larguer par ma copine ou est ce que émotionnellement je suis bien? Tu vois, ça c’est vraiment important. Donc et si tu fais un scan, tu te poses cette question quoi? C’est simplement de se dire oui, en fait j’ai 10 h de décalage horaire dans les dents. Tu vois, je suis crevé, j’ai pas mangé, j’ai soif et ai plein de choses, mais ça te permet de faire un scan.

AnBé – Et puis le troisième point, c’est ta mission. Pourquoi je suis venu?

Tom de Dorlodot – Je suis venu pour décoller et faire un vol de distance. Ok. Si dans ces trois points tu vois, il y a trop de feux au rouge, il faut juste pas y aller. Mais si par contre tu le sens bien, ma mission est claire et je peux l’atteindre et je me suis entraîné. Je me sens bien mentalement et tout va bien. J’ai bien mangé ce matin, j’ai pas renversé mon café, mon café et le décollage. Il est. Il est assez facile et il ne faudrait pas présenter trop de difficultés. Les feux sont verts et tu peux y aller. Et en fait, souvent, c’est le fait de se poser ces trois questions ou en tout cas de prendre une minute pour analyser ça. Ça te permet de. Ça te permet d’isoler certains dangers, en tout cas de les voir. Et parce qu’on pense parfois qu’on a tellement d’expérience que tout va bien se passer et on le prend pour acquis. En fait, ça fait du bien. Juste de prendre cinq minutes pour analyser ça. Et en fait, ça peut se faire dans tous les domaines. Tu vas rentrer dans un rendez vous. Bim bam bim, Tu passes par tes trois phases, tu vois, tu vas aller à la rencontre de quelqu’un ou tu vas te lancer dans un défi sportif ou tu as un objectif pour ta journée. Et c’est hyper simple en fait, mais ça permet quand même de voir un peu plus clair je pense.

AnBé – Wow! J’adore, j’adore! Merci! Le succès dont t’es le plus fier, ça demande évidemment de définir le succès, ce qui est très intéressant.

Tom de Dorlodot – Oui , je pense vivre de ma passion au sens large du terme, tu vois, d’avoir pu. On me demande souvent Ah, c’est une formule que j’utilise souvent, mais on me demande souvent comment t’as fait pour vivre de ta passion. Et je dis qu’en fait la réponse est dans la question. C’est la passion. Tu dois être passionné et être parfois un peu monomaniaque. Tu vois, ça m’a vraiment fait vivre des trucs incroyables. Et donc ça, si je devais souhaiter le meilleur à qui que ce soit, ce serait de souhaiter à quelqu’un d’avoir une passion, d’être curieux, de partir à la découverte de ce qu’on aime. Et je dirais que c’est ça d’aujourd’hui, pouvoir me retourner sur les 20 dernières années et me dire j’ai fait ce que j’aime quoi. Ça c’est chouette, Même si soyons francs, tu vois, il y a plein de difficultés. Je passe beaucoup de temps. Tu parlais tout à l’heure des montages qui te prennent des heures pour pour cinq minutes de son. Moi, quand je monte une expé, je sais des heures de logistique et de coup de fil et d’autorisation à demander pour aller voler au Pakistan. Et le truc et en fait c’est c’est beaucoup beaucoup de difficultés, les gens ne s’en rend pas compte, mais toi t’as une vie parfaite, tu passes ta vie à voler en parapente, mais le parapente c’est vraiment le top of. AnBé – matin, midi et soir. Tom de Dorlodot – D’ailleurs j’aimerais voler plus. Je suis en train justement de redéfinir un peu mes mes timelines et mon lifestyle parce que. Parce que je sens que je m’éloigne un petit peu de ma passion pour le moment, parce que mes projets prennent beaucoup de place et donc j’ai envie de retourner. AnBé – Dans la même réflexion. Je suis content d’avoir un ordi alors que j’adore être dehors, C’est ça que j’essaie de faire passer. Bon, faut que j’attende un peu aussi. Tom de Dorlodot – Oui voilà. Mais alors ça, ça peut se faire, tu vois, en optimisant aussi, tu vois, il faut penser à l’optimisation. Je peux me lever dix minutes plus tôt, je peux, Tu vas être un peu plus rapide sur certains de mes process, je peux me donner des règles ou encore Moi par exemple, y a un truc que je fais maintenant, c’est que souvent je ne réponds plus au téléphone avant avant aux heures du matin, quand je ne suis pas dispo. C’est tout. Et la première fois que le sponsor essaye de m’appeler, il me dit Heu. J’ai essayé de t’appeler ce matin et je lui ai dit simplement, très gentiment En fait, moi je ne réponds pas au téléphone le matin parce que je suis en entraînement, je suis pas disponible le matin et la deuxième fois il m’appelle.

AnBé – Encore une fois. T’as lu Tim Ferriss?

Tom de Dorlodot – Oui, non mais mais. Mais en fait, je le fais aussi. Oui, j’ai dit Tim Ferriss Tout à fait. Et mais. Mais c’est important parce que ce raréfiées, tu vois. Et en fait c’est toi qui C’est toi qui défini les limites et c’est important de le faire. Et sinon, on est constamment dans la réponse, dans les médias, dans ça et ça amène rien de bon. Il faut trouver un peu d’indépendance, je pense à ce niveau là donc, et essayer de combiner et d’avoir. C’est toujours une recherche d’équilibre. C’est Personne ne trouve vraiment des contrats, c’est clair.

AnBé – Et quand on veut se lancer dans une vie justement qui est faite de passion, il y a beaucoup de freins. Alors quels sont tous les conseils à ne pas suivre, à ne pas écouter parce qu’on en a, on reçoit beaucoup Dans ces cas là, on dit normal. Enfin. Tom de Dorlodot – Mais j’avais cette conversation récemment avec un ami qui me disait que et ça m’a. Il m’a fait réfléchir. Il disait même les gens les plus proches de toi qui voient et qui t’aiment beaucoup et qui ont plein de bonnes intentions, tu vas assez naturellement, vont te freiner. On ne sait pas très bien pourquoi, mais il y a un processus comme ça.

AnBé – Oui. Donc pourquoi toi, ils t’aiment, Ils ont peur pour toi, ils ne vont pas, ils ont pas ça pour toi. Tom de Dorlodot – Mais. Mais des fois, c’est presque malheureusement plus vicieux que ça. Tu. Voilà, c’est que. C’est que quelque part, ils veulent le mieux pour toi. Mais d’un autre côté, tu vois, c’est toujours un peu. Il y a une espèce de concurrence parfois malsaine, tu vois? Je ne sais pas, Je ne comprends pas toujours les procédés. AnBé – Tu vois, si tu ne t’étais pas fracassé trois fois, tu ferais peut être un peu pan Un peu à maman.

Tom de Dorlodot – Oui, voilà. Non mais. Mais moi j’ai beaucoup de chance parce que tu vois, j’ai toujours été soutenu, soutenu dans mes passions. Mes parents m’ont toujours aidé d’une manière ou d’une autre, ou en tout cas encouragé. Mais clairement, mais clairement, à un moment, tu vois, je me rappelle que ma mère par exemple me disait mais est ce que tu penses vraiment que tu vas pouvoir vivre de l’air? Parce que je voulais vivre de ma passion? Parce qu’elle est. Elle est inquiète, tu vois? Je disais Ah, est ce que le mec il va vraiment pouvoir gagner un peu sa vie et assurer une famille? Et tout ça avec un parapente quoi? Et en fait la question c’est c’est de constamment se réinventer, de d’ouvrir de nouvelles portes, d’essayer de jouer, d’être, d’être inventif quoi. Vraiment? Et. Et en fait, ça s’est très bien passé. Mais je pense que si je devais ne pas trop écouter, c’est en tout cas pas laisser la peur, la peur, la crainte et tous ces freins là venir jouer un rôle, surtout quand t’as entre 18 et 25 ans ou 18 et 30 ans. Ce que je veux dire tu sors de rhéto.

AnBé – T’as pas de crédit sur le dos.

Tom de Dorlodot – Tu te prends pour le roi du monde, mais en gros, t’as pas encore vécu grand chose et. Mais tu n’as pas de crédit sur le dos, tu n’as pas d’enfant à charge. T’as tu. Imaginons, je veux dire, essayons d’imaginer la pire situation quand on a 18 ans, hors problèmes de santé. Parce que ça, c’est quelque chose qui est vraiment compliqué à gérer. Mais je veux dire, dans le pire des cas, si tu te plantes et que tu plantes ton business, tu iras dormir dans le canapé de ton meilleur pote où t’iras. Tu vois, on a quand même tous des petits réseaux, des amis, la famille, tu vois, et tout le monde, tout le monde est là pour te soutenir, donc tu risques pas grand chose dans l’absolu.

AnBé – Après, tu sais que Elon Musk ce n’est pas quelqu’un que j’admire particulièrement, mais je trouvais son mindset intéressant. Il avait fait l’expérience de voir ce que ça faisait de vivre. Quand on a trois, 3 $ par jour, quelque chose comme ça. Et donc il a été dans les trucs, notre refuge pour sans abris, la soupe populaire, tout quoi. Et il s’est dit Eh ben tiens, même avec seulement 3 $, je créerais pas de faim. Quoi! Et il s’est dit bon, beau, du coup, go, il peut rien m’arriver. Tom de Dorlodot – Oui, le gars, il est. Et tu vois, il dormait dans son usine quand ça allait pas bien, à même le sol. Et c’est sûr qu’il faut être prêt à sacrifier un peu de son confort. Mais. Mais je pense que c’est l’époque de tous les risques quoi. T’as l’impression j’entends des dégâts à 25 ans me dire non mais je vais avoir un trou dans mon cv parce que je pars quatre mois en Amérique du sud. C’est la Silicon ou quoi? Tu vois de quoi tu parles? J’ai dit non, désolé, mais tu vois.

AnBé – Je l’ai entendu aussi ce coup là. Tom de Dorlodot – Faire une expérience à l’étranger, apprendre une langue, c’est un diplôme en plus. La réalité, c’est que ça va ouvrir les yeux sur plein de choses. Tu vas culturellement, tu vas, tu vas découvrir plein de trucs, tu vas revenir avec des nouvelles idées, des choses auxquelles on pense pas ici. Et tu vois. Et clairement, c’est un des trucs qui m’a le plus appris, c’est les voyages, les voyages, les rencontres d’autres, d’autres cultures, d’autres manières de vivre. Et c’est quand tu voyages que tu t’ouvres les yeux et que tu te dis en fait, il y a tellement de manières de vivre sa vie et nous on est quand même un petit peu formaté, hein. On te met sur un banc à l’école en te disant tu vas t’asseoir 6 h par jour sur le banc, obéir et te taire, faire tes devoirs. Et puis l’idée c’est c’est un peu triste, mais c’est que c’est qu’après tu continues et que tu ailles trouver un boulot ou tu fais la même chose. Et en fait, il y a tellement d’autres manières de vivre sa vie qui peuvent être extrêmement intéressantes aussi. Et donc il ne faut pas laisser ceux qui n’y croient pas te freiner quoi? AnBé – Complètement? Et je veux envie de faire passer le message aussi que ce n’est pas parce qu’on n’a plus 18 ans ou quoi que tout devient impossible. Plus compliqué, ça on va l’admettre. Mais petit pas par petit pas. C’est fou le chemin qu’on peut faire. Tom de Dorlodot – À fond, à fond. Et moi j’ai encore plus d’admiration pour les gens qui se réinventent complètement à 50 ans, tu vois, Ou qui reprennent des études à 40 ans, qui changent complètement de formation à qui, qui, qui se découvre une passion? Ceux là, je trouve ça encore plus génial, tu vois, que plutôt, et c’est pour ça que vraiment c’était un truc que j’avais lu quelque part, c’est Steve Jobs qui disait ça. Il disait tu vas tous les matins, tu te regarde dans la glace et tu dis Est ce qu’aujourd’hui je suis la personne que j’avais envie d’être en train de faire ce que j’ai envie de faire? Tu vois, Est ce que j’avais envie de faire? Est ce que je vais dans la bonne direction? Et si trop de jours d’affilée, la réponse est non. Et voilà que tu t’es pas à ta place là, c’est que tu dois changer quelque chose et il faut, il faut acter quoi, tu vois? Et je trouve ça intéressant parce qu’encore une fois, c’est un petit peu comme l’exercice de la gestion du risque, tu vois, c’est de se dire ok, comment je me sens? Et tous les jours tu te poses la question simplement de la Lindor. C’est une question de discipline. Tu te dis ben quand je me brosse les dents, je me pose cette question mais qu’est ce que je voudrais améliorer?

Qu’est ce que je voudrais changer? Est ce que je voudrais passer plus de temps avec ma famille? Est ce que je voudrais? Tu vois, Et je pense que c’est redéfinir ses priorités constamment. C’est super intéressant parce que sinon tu rentres dans une routine où en fait, tu vois tu la routine fait la vie et puis puis la vie elle passe et puis et puis c’est vite terminé. AnBé – Et on dit que ce qui est le plus important, c’est les copains et la famille en fait, les copains et la famille. On ne les voit plus du tout et on passe très peu de temps avec eux parce qu’on est tout le temps dans le business. On est vraiment en écart entre ce qu’on pardon, entre ce qu’on dit qui est important et ce qu’on fait réellement. Non mais c’est clair que. Tom de Dorlodot – Tout à fait. Et tu sais, je donne des conférences régulièrement pour pour des grosses boîtes et. Et j’avais donné une conférence au Cercle de Lorraine qu’un cercle d’affaires assez important à Bruxelles. Et alors? En discutant avec les personnes parce que bon, c’était tous des gars plus âgés et qui ont des grosses carrières ou si on sont en politique et donc dans des trucs qui sont quand même assez assez intenses. Et moi je n’avais pas de leçons à leur donner. Et du à t’arrives, tu as 30 ans et tu viens parler de la vie à ces gars là. Je me sentais pas tout à fait légitime, mais. Mais en discutant avec eux, je me suis rendu compte d’un truc, c’est que la plupart de ces gars, la grande majorité de ce groupe, quand tu discutes un peu avec eux, ils te disent En fait, c’est un regret, c’est que je n’ai pas vu mes enfants grandir. J’ai pas passé beaucoup de temps avec mes gosses, j’ai fait passer mon travail avant tout. J’étais un workoholic. Alors des fois et voilà, c’est un choix que tu fais. Mais, mais, mais ça se trouve, c’est vraiment important encore une fois de définir ses priorités, tu vois? Et de se dire OK, c’est quoi les choses les plus importantes pour moi? Et quand tu fais une traversée de chaîne de montagne à pied, en parapente, en autonomie, complète tout ce que tu emmènes avec toi, tu dois le porter dans ton sac. Donc tu apprends à être minimaliste, à faire tes choix, tu vois, à dire c’est qu’est ce qu’il y a important, qu’est ce qui est vraiment important, qu’est ce que je prends, Qu’est ce que je prends pas? Qu’est ce que je fais? Qu’est ce que je ferais pas? Et. Et en fait, tu te rends compte qu’au début tu prends un sac qui est beaucoup trop lourd souvent et à peu près une semaine, puis tu te retrouves à tout mettre dans un carton pour les envoyer par la poste chez toi, renvoyer ta tante parce qu’en fait tu peux dormir dans ton parapente, renvoyer ta brosse à dents, deux poivres pour gagner cinq grammes. Et en fait, c’est moi. Pour moi, ça a été une leçon de vie super intéressante parce que je le fais encore aujourd’hui. Je fais le tri, tu vois dans mes amis parce que t’as des relations qui sont toxiques et qui en fait ne servent à rien dans ma manière de fonctionner, dans les choix que je fais au niveau boulot. Avant, j’acceptais tout, J’avais toujours le sentiment de il faut dire oui parce que sinon je vais rater une opportunité, mais en fait non. AnBé – Tu vois, on a tous un jour cette peur. Tom de Dorlodot – Je peux ne pas faire une conférence parce qu’en fait je le sens pas ou que c’est au bout du monde ou que le gars il est juste pas sympa, tu vois. Ou ne pas accepter une interview ou ne pas accepter Parce que je trouve que voilà. Et en fait, être capable de dire non ou capable de faire ses choix. Et donc d’où la nécessité de redéfinir constamment ses priorités pour savoir ce qu’on veut faire, ce qu’on ne veut pas faire et où on va quoi. AnBé – Waouh Top! Il y a une citation qui t’inspire un truc que tu te dis souvent. Tom de Dorlodot – Oui, c’est Live begins at the end of the comfort zone. Tu vois, c’est que la vie commence à. A la fin de ta zone de confort et j’y crois vraiment. Je pense que si on reste tous dans notre vie dans un peu planqué et qu’on sort pas de notre zone de confort, on n’apprend pas grand chose. Et en fait, tout l’intérêt de notre passage sur terre, c’est d’essayer d’apprendre, c’est de s’enrichir émotionnellement, intellectuellement, c’est de. C’est de découvrir de nouvelles choses. Si toutes les journées se ressemblent, tu vois, il n’y a pas tellement d’intérêt, quoi, au bout du compte? AnBé – Donc ça peut être c’est de faire, ça ressort de ce que tu disais aussi quand tu disais l’incertitude quand tu te poses, c’est de marcher six jours et tu dis c’est là que tu te sens vraiment vivant. Il dit c’est dingue, on passe nos vies à essayer de maîtriser le risque. Voilà qui ne nous arrive rien. Et de s’en s’entourer d’une sécurité pour l’avenir, pour ceci, pour cela. Et puis on s’emmerde.

Tom de Dorlodot – Et puis on a souvent l’erreur que beaucoup de gens font, c’est qu’on a des. Des excuses moi, qu’ils soient en anglais, des high expectations, tu vois. AnBé – De hautes attentes. Tom de Dorlodot – Court que ça va être, tu vois. Et c’est aussi lié au monde d’aujourd’hui, avec les réseaux sociaux et avec toi tout le monde qui montre la meilleure facette de sa vie et tout ça. Et donc tu as des attentes qui sont très fortes. Donc ça fait six mois que tu attends de partir en voyage et puis puis tu arrives et il fait gris, il y a pas de soleil et il pleut pendant deux jours et. Et du coup c’est la déception. Et en fait, c’est vraiment important d’être capable de d’accepter les choses comme elles sont. Les choses que tu peux maitriser et celles que tu peux pas maîtriser. Et aussi, je crois de. De juste. De juste les laisser aller, tu vois, se laisser un peu aller et. Et de justement éviter d’avoir trop de expectations. Tu vois je faire des films aide Oui, lâcher prise, relax. Tu vois, tout va bien. C’est plus facile à dire qu’à faire. Évidemment dire, mais je pense que ça, c’est vraiment, c’est vraiment quelque chose d’important. AnBé – Oui, carrément. Moi j’ai un petit maître zen à la maison quand elle avait cinq ans, une fois, je me souviens petite fille, on voulait profiter de la journée et oh, il pleut Et elle le regard, la fenêtre Oui, super, il pleut. Je m’attendais pas à ça. Et puis je me dis mais. Mais elle a raison. Mince oui, il pleut, C’est super! Tom de Dorlodot – Mais à fond! Mais c’est vrai, quand tu quand tu sors d’une, tu sors d’une sécheresse, Tu vois comme ce qu’on a vécu cet été. Et mon père, agriculteur, quand il a vu la pluie, cette année, c’est la fête couvert, le champagne quoi, tu vois? AnBé – Oui, oui, on va vraiment. Tom de Dorlodot – Donc tout est une question de perspective. AnBé – Là, c’est à l’époque, on avait encore de la pluie, on en avait même eu beaucoup. Mais euh Oui mais la raison, beaucoup, c’est une fête. On dit toujours je suis parti on the wrong. Vraiment, elle a vraiment de la chance qu’elle y est, ce qui est une question que tu aurais voulu que je te pose, que je n’etais pas posée. Tom de Dorlodot – Non, non, écoute, je pense qu’on a On a couvert pas mal de pas mal de sujets. Tu vois. AnBé – Moi j’ai adoré. Tom de Dorlodot – Je pense que je pense que ce qui est intéressant aujourd’hui, enfin en tout cas dans cette phase ci de ma vie, c’est. C’est la difficulté et le challenge de gérer ma vie d’aventurier et ma vie de famille. Tu vois, on en a pas, On l’a un petit peu abordé, mais. Mais c’est vrai que tu as d’être un peu toujours déchiré entre partir six semaines au Pakistan pour aller battre un record et ou voir mes enfants grandir. Et ça c’est vraiment pour le moment un truc qui est compliqué pour moi parce que j’ai très envie d’être hyper présent pour mes enfants. Et d’un autre côté, je suis qui je suis parce que je fais ce que je fais aussi et ça me définit un peu. Et donc, et j’ai. Dès le départ, je me suis dit que je n’allais pas changer ça. Mais en fait, là, aujourd’hui, je suis en train de réorganiser mon monde, mes timelines et d’essayer de voir comment je peux combiner tout ça. Et ce n’est pas facile. AnBé – Non, c’est ce que je suis impatient. Je me pose souvent pour les aventuriers qui ont une famille. Je me dis femme très compréhensive quand même derrière.

Tom de Dorlodot – Ça déjà, et puis tu vois. Mais et puis simplement, tu te vois quand tu. Quand tu as vécu, pendant Quand t’as voyagé pendant 20 ans et que tu devais juste prendre soin de toi. Et puis faire ce que tu veux, ce que tu aimes faire tous les jours et tout. Et puis du jour au lendemain, tu te retrouves avec, avec des enfants qui sont juste démentes. Ils les voient grandir. T’as envie d’envie de vivre avec eux, tu as envie de les. T’as pas envie de rater la moindre étape quoi. C’est compliqué. Et d’un autre côté, tu vois, mes sponsors, mes partenaires m’attendent et ils attendent des résultats. Ils attendent du contenu, ils attendent des films, Ils attendent du visuel, de l’impact média. Et ça, c’est légitime. Et donc je dois trouver le bon équilibre. Et j’en parlais avec avec un coach, parce que chez Redbull, on a un centre d’entraînement pour sportifs de haut niveau, ça se vaut. Donc j’y vais tous les ans pour aller voir un peu comment je me sens physiquement, faire mes tests de performance et tout ça. Et j’avais une chouette discussion avec lui et il m’avait dit Il y a un truc que tu dois vraiment accepter et essayer d’être Grateful, tu vois. Reconnaissant pour toutes ces années incroyables que t’as vécues, de liberté totale, de voyage et de découverte et reconnaissant d’avoir deux enfants en bonne santé. Tom de Dorlodot – Et en fait, c’est des phases de la vie quoi. Et il faut accepter que la vie c’est des phases et qu’il y a une phase qui était l’école à Maredsous, puis il y a une phase qui était médecine, puis une phase qui était tous mes voyages. Et maintenant que ma phase aujourd’hui actuelle, c’est c’est de faire grandir deux enfants, tu vois, c’est une phase un peu plus familiale et simplement se réjouir de ça. Et ce, et remercier le matin de révérence, remercier l’univers pour ce chouette cadeau, tu vois? Et c’est important. Et juste le fait qu’il me l’ait dit, ça a déclenché quelque chose aussi. Mais en fait, il a raison, il gagne, tu vois. Parce que je me plaignais à la pêche, à comment est ce que je vais faire pour trouver l’équilibre et tout? Et en fait non, just be grateful, Tu vois juste. Et donc c’est intéressant aussi. Et c’est et c’est important de se le rappeler en fait, parce qu’on a quand même beaucoup de chance. Pourquoi moi? Mais la majorité, les Belges, je dis il y a beaucoup de gens, évidemment, qui vivent des situations peut être plus compliquées que les nôtres, tu vois. Et aujourd’hui, dans un monde où il y a quand même pas mal d’incertitudes, c’est pas évident, clairement. Mais il ne faut pas oublier. AnBé – Et moi, je le vois beaucoup quand je voyage. On est quand même dans des pays où tu as une sécurité assez incroyable. On est hyper privilégiés, on a accès à tout, tout de suite. Tout ton frigo, tu t’allumes le robinet, tu tues, tu pousses sur l’interrupteur, t’as l’électricité mais tu vas te balader au Pakistan. Là encore, récemment, il y a un pont qui avait été arraché par une par les crues d’une rivière. On a pas eu de bouffe pendant une semaine, on a mangé du riz et on a perdu six kilos chacun. Et ça, c’était juste nous. Mais dans les villages, les gars, ils doivent se débrouiller. Tu vois, des enfants qui ont, qui ont faim, qui souffrent de maladies, qui ont plus nom chez nous, qui n’existent même plus parce qu’ils n’ont pas accès à des vaccins. Oui, et donc. Et donc en fait, parfois ça fait un peu de bien se rappeler que 80 % de la population mondiale vit dans une situation qui est nettement plus compliquée que la nôtre. Oui, et que donc tu vois, je pense qu’on a l’obligation un petit peu de déjà de se contenter en partie de ce qu’on a, mais aussi surtout de ce de se réjouir de ce qu’on a, de ce qu’on a réussi à mettre en place et d’arrêter un peu de se plaindre et.

AnBé – D’arrêter de se donner des excuses aussi. Tom de Dorlodot – Et d’arrêter de se donner des excuses, tu vois? Bon, c’est facile pour moi de le dire, tu vois, parce que ça fonctionne pas trop mal et tout ça. Mais mais justement, on a chacun, on a tous nos problèmes et nos histoires, mais. Mais si on reste à broyer, si on broie du noir toute la journée, on n’avance pas. Et oui. AnBé – Carrément super ton activité du moment Alors tes projets futurs. Donc c’est le bateau, Il y a d’autres choses que tu aies envie de mettre en avant. Tom de Dorlodot – C’est le bateau. Ecoute, oui, je prépare plusieurs plusieurs gros projets cette année, mais là c’est un peu notre atterrissage en. Dans les Açores, les déménagements. On part vivre sur une île au milieu de l’Atlantique. On a acheté il y a quelques années une ruine, vraiment un tas de cailloux au milieu d’une prairie aux Açores et on est en train de terminer la construction d’une petite maison. Et donc on est là dessus pour le moment. Mais ça, c’est vraiment une phase géniale, parce que c’est un choix que j’ai fait, parce que parce que les Açores, c’est un peu de l’Europe. Il y a 40 ans, tu vois, tout le monde se connaît et il y a un feu rouge seulement sur l’île. C’est très calme, c’est très relax, C’est pour voir des enfants grandir, tu vois, Et aller à la plage et mettre dans la nature tous les jours, c’est génial. Donc ça, c’est un de mes projets actuellement, c’est de mettre tout ça en place. On a un projet notamment là bas, de reforestation, de reforestation, d’agroforesterie et de permaculture. On va se lancer dans la fabrication de miel et tout ça. Donc on a plusieurs projets là bas, sur place aussi, qui sont vraiment tout à fait différents de ce que je fais dans ma vie de tous les jours, mais qui est plutôt l’envie d’une douceur et d’une recherche d’autonomie et de vivre à une vitesse un peu on peut un peu ralenti. Oui. Et et puis à côté de ça, c’est un peu à l’opposé. Mais on a eu ce très gros projet de bateau d’expédition. On est en train de mettre en place et qui va nous demander beaucoup d’énergie dans les prochains mois, mais c’est assez passionnant. C’est chouette! AnBé – Félicitations! Que des beaux projets je vois. J’ai pas fini de te suivre alors. Tom de Dorlodot – Merci, Je compte sur toi.

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