#1. Jean-Pol François, plongée en apnée avec un champion 

Épisode du 23 avril 2021

Plongée dans l’univers de l’apnée ou freediving, aux côtés de Jean-Pol François, détenteur de plusieurs records mondiaux. Leçon du jour: comment ne pas couper la forêt de cocotiers qu’on a dans la tête et donner vie à ses rêves.

J.-P. François - apnée - Moalboal

J.-P. François - Juge fédération AIDA

Jean-Pol avec Jacques Mayol, l'homme qui inspira le film le Grand Bleu

Moalboal

Cap sur Moalboal, aux Philippines, où Jean-Pol François a ouvert son école d’apnée. Son bureau: la mer. Son costume: sa combi de plongée. Son quotidien: les récifs coralliens, tortues, requins-baleines et poissons multicolores.

A son palmarès, plusieurs records nationaux et mondiaux. Juge AIDA et formateur pour juges, il est régulièrement présent sur les compétitions internationales.

J’ai eu le plaisir de faire sa connaissance lors d’un voyage en famille de 4 mois. Un personnage d’exception d’une humilité absolue. (Re)découverte de l’apnée qui, bien plus qu’un sport, est un art de vivre.

Interview d’un homme heureux.

Où trouver l’invité

https://www.freediving-planet.com/

Facebook: @freedivingplanetmoalboal 

Instagram: freedivingplanet

Pour aller plus loin

 

Vidéos

Si vous voulez vous faire une idée de l’énormité du spectacle de Franco Dragone « The House of Dancing Water » à Macao, laissez-vous impressionner par cette vidéo (anglais). Pour voir l’entraînement des athlètes en Belgique, pour ce spectacle, c’est par ici

Dans cet épisode

Musique: Wataboy

 

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Retranscription de l'épisode

AnBé Intro :

Bonjour c’est AnBé, vous êtes sur Storylific, le podcast qui fait pousser des arbres avec les oreilles. Votre mission, vous détendre en écoutant des stories pour booster votre mindset et oser réaliser vos rêves, la mienne redistribuer 50% des bénéfices du podcast à ceux qui luttent contre le changement climatique, je vous explique tout sur Storylific.com. Tous les 15 jours, vous retrouverez des invités qui vous parlent de leurs parcours inspirants et si eux l’ont fait vous aussi vous pouvez le faire. Pour ce premier épisode venu directement des Philippines, rencontre avec Jean-Pol François, grand apnéiste belge, pourtant ce ne sont pas de bruits de vie sous-marine que vous entendrez en toile de fond, mais des coqs, il faut savoir qu’ils sont omniprésents aux Philippines, explication dans l’épisode.

AnBé :

Ce jour, j’ai l’immense plaisir d’interviewer un compatriote, plusieurs fois champion du monde d’apnée, qui s’est expatrié depuis une dizaine d’années en Asie et qui vit actuellement aux Philippines, où il a ouvert un centre de formation d’apnée pour tout niveau, du débutant au professionnel. On y forme d’ailleurs aussi les juges AIDA pour les compétitions internationales. Il a déjà une longue expérience de cette discipline et pourtant même si l’eau était depuis toujours son élément, sa carrière avait commencé de manière beaucoup plus classique. Bonjour Jean-Pol.

Jean-Pol François :

Oui bonjour.

AnBé :

Alors tu vas nous expliquer un peu tes débuts, les premières compétitions, tes études, ton début de carrière très classique, c’est ça qui est étonnant.

Jean-Pol François :

Oui tout à fait. En fait, j’ai commencé d’abord par la natation avant de faire la plongée ou l’apnée j’étais un nageur de compétition, on s’entraînait plusieurs fois par semaine et tous les week-ends, on faisait des compétitions. Donc j’ai toujours été en contact en fait avec ce milieu aquatique. Quand je suis arrivé à l’université pour mes études en 89, j’ai eu la chance de m’inscrire à la section de plongée sous-marine. C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire, faire de la plongée via les documentaires de Cousteau. J’ai eu l’occasion, je me suis inscrit et j’ai directement mordu et adoré plongée, mais il manquait un petit peu le challenge que j’avais quand je faisais des compétitions de natation. Donc après un an ou deux à peu près de plongée, je suis tombé sur des amis qui faisaient de la plongée en apnée, c’était suite probablement au film Le grand bleu et j’ai dit voilà pourquoi pas je vais essayer avec eux, et j’ai trouvé c’était mon truc c’est ça que je voulais faire, et je me suis lancé à fond dans l’apnée au niveau loisir pour commencer, et puis je me suis vite pris au jeu, j’ai commencé à faire des gros entraînements, faire des compétitions, faire des records, c’est un peu comme ça que que ça a démarré au début des années 90.

AnBé :

Oui, mais étude classique quand même, ça donnait bien en compétition, mais tu as poursuivi tes études, je ne sais plus lesquelles d’ailleurs.

Jean-Pol François :

J’étais en administration des affaires, c’est un peu la gestion, oui j’ai tout à fait continuer mes études au début à la base je ne voulais pas faire prof d’apnée ou prof de plongée, je partais pour un boulot classique enfermé dans un bureau. Bon voilà, ce n’était pas trop mon truc par la suite.

AnBé :

Clairement, ça a été un virage à 180 degrés. Qu’est-ce qui a causé ce ce virage alors ?

Jean-Pol François :

Si j’analyse un petit peu, si je regarde d’où je viens, j’ai toujours aimé, j’ai toujours eu le goût du voyage ok, donc chaque fois que je pouvais partir, la possibilité, l’opportunité de partir à gauche à droite, je le faisais, après avec la plongée sous marine l’occasion de faire des stages en Turquie, en Egypte. Je me rappelle ma première plongée en mer Rouge, ça a été pour moi la révélation avec des couleurs partout, on était à dix mètres de fond, il y avait des poissons multicolores mais vraiment partout, c’était waouh, génial, je dis c’est vraiment vraiment génial. C’est ça que je veux faire. Cette première envie est venue à ce moment-là. Et j’ai toujours aussi quand j’étais beaucoup plus petit, aimé regarder les bouquins et les émissions de Cousteau, la fameuse odyssée de la Calypso, donc j’ai un peu grandi avec ça. Donc tout ce qui était monde sous-marin m’a toujours fasciné. Donc l’apnée je connaissais pas encore à l’époque Le grand bleu n’était pas encore sorti. Mais voilà dans le début des années nonante le film est sorti et là j’ai été le voir et je me suis dit, voilà la plongée, l’apnée waouh, c’est vraiment quelque chose d’exceptionnel, on va se lancer là-dedans au début comme loisir et puis progressivement comme je l’expliquais d’abord dans les compétitions et puis maintenant de façon professionnel.

AnBé :

Donc, il y a eu un élément qui a peut-être déclenché plus clairement la réflexion dans ta tête de concrétiser tous ses rêves ? Donc après, donc tu étais déjà bien dans la compétition et dans le le circuit apnée et Un jour au bureau tu fais une rencontre, tu m’as dit. Quelqu’un qui te parle de Franco Dragonne un autre Belge.

Jean-Pol François :

Oui à l’époque, en 1996, 1997, je travaillais entre Liège et Bruxelles, et ce jour-là, je devais partir à Bruxelles, donc je partais assez tôt le matin pour aller chercher un collègue du côté de Waremme, je vais chercher mon collègue, puis on repart pour reprendre l’autoroute à Waremme, et juste avant d’arriver sur l’autoroute, il y a un énorme carrefour, et il devait être 6h45, 6h50 du matin, j’ai vu un camion sur ma droite qui arrivait, à la vitesse où il allait, il brûlait son feu rouge à tous les coups. Ça c’est passé vraiment en une fraction de seconde, soit je continuais ma route tout droit et le camion m’écrasait de plein fouet, soit je dérivait par la gauche pour essayer de l’éviter, et là il m’écrasait, mais il m’envoyait un peu plus loins, soit j’essaye de passer derrière le camion, vu la vitesse, j’allais pas trop trop vite heureusement. Alors j’ai pris la bonne décision, je suis passé par la droite du camion, et sa dernière roue m’est passé dessus quand-même, donc je n’ai pas su éviter l’accident, la voiture, c’était une petite Golf à l’époque, je me suis fait ratatiner par ce gros camion qui arrivait à plein tube. Donc, j’ai eu le bon réflexe, j’ai eu le coup du lapin, j’ai eu quelques problèmes, mon collègue qui était à côté de moi, n’a rien eu parce que j’ai réussi à tourner le véhicule du bon côté, mais j’ai quand même eu un état de choc, donc je ne savais plus sortir, la portière était un peu bloquée, donc ce sont les pompiers qui ont du me sortir de la voiture, mais je n’avais quasiment rien, quelques bleus, ma tête, un petit coup à la nuque, et tout ça, donc j’avais quelques douleurs et l’état de choc. Je me suis retrouvé à l’hôpital, je suis resté 1 jour à l’hôpital, rien de grave, franchement j’ai eu une bonne étoile cette fois là, j’aurais pu y rester et j’ai commencé à réfléchir, mais je me dit mais tu te rend compte, déjà au boulot je suis renfermé, j’adore la mer, j’adore la liberté, j’adore la nature et j’ai failli mourir pour aller faire un travail que je n’aimais pas vraiment. Là, à ce moment-là, je me dis mais non, est-ce que c’est ça que tu veux dans la vie ? Non, ça a été vraiment limpide, à ce moment-là, j’en discutais aussi tout à l’heure, c’est important de vivre son rêve, se donner les moyens pour.  Á ce moment-là j’ai eu mon objectif, j’ai eu mon rêve, voilà ce que je veux faire, on va se donner les moyens, on va prendre le temps qu’il faut, ça m’a pris quand même pas mal d’années pour y arriver, mais voilà une fois que j’ai eu toutes les cartes en main, j’ai pu partir, j’ai eu l’opportunité avec Dragonne à ce moment-là, c’est un peu l’histoire qui a été un peu un déclencheur, un catalyseur, de mon envie de m’expatrier, de faire quelque chose d’autre.

AnBé :

Waouh, mission accomplie.

Jean-Pol François :

Oui (rires). Á fond.

AnBé :

Un jour au bureau, tu fais une rencontre. Quelqu’un qui te parle de Franco Dragonne un autre Belge.

jean-Pol François :

Ah oui, ce n’était pas vraiment au bureau.

Anbé:

Tu travaillais déjà dans un bureau.

Jean-Pol François :

Voilà je travaillais déjà dans un bureau et puis à ce moment-là j’avais envie de faire autre chose il fallait vraiment que je trouve quelque chose en rapport avec la mer avec la plongée avec l’apnée je voulais vraiment changer d’orientation et c’est pour ça qu’en parallèle au moment de mes études j’ai aussi fait pas mal de formations pour devenir instructeur de plongée, instructeur d’apnée, suivre des cours de secourisme et ce genre de choses. Un de mes élèves qui faisait des cours de plongée et d’apnée avec moi travaillait pour Franco Dragonne à l’époque sur d’autres d’autres projets à la Louvière et on a commencé à parler j’étais curieux savoir ce qu’il faisait exactement et il m’a dit Franco Dragonne est en train de monter un grand projet de cirque aquatique en Asie à Macao un peu comme il fait sur Vegas il y avait déjà deux trois shows aquatiques qui tournait sous le nom du cirque du soleil en tant que directeur artistique donc voilà il va lancer son show aquatique à Macao et ils ont besoin de plongeurs tech et tout ça pour pour le boulot. Alors je dis c’est intéressant, je lui demandais tu n’as pas des contacts parce que moi ça m’intéresse alors quelques jours après il m’a envoyé par email les informations et j’ai contacté une personne qui est devenu un ami aussi qui s’appelle Hervé j’ai contacté la personne il m’a dit voilà ton cv m’intéresse est ce qu’il y a moyen d’organiser une interview via skype et directement voilà entre la première interview et le moment où j’ai été engagé ça a pris presque un an et demi parce que ce genre de projet c’est des projets immenses ça prend des années il faut construire le théâtre c’est des gros gros gros budget que dragon a mis dedans.

AnBé :

Oui oui je m’étais renseigné là-dessus, c’était donc effectivement les spectacles Vegas voilà c’était avec Céline Dion et tout, on ne parle pas de de tout tout petit spectacle du tout. Et alors celui-là j’avais lu que ça avait commencé cinq ans auparavant, il a fallu deux-cent-millions rien que pour construire le théâtre sur-mesure, parce qu’il y avait une piscine de dix-sept millions de litres, soit plus que cinq piscines olympiques, deux-cent-quatre-vingt-neuf employés dont nonante-cinq articles, vingt-trois plongeurs, dont toi. Il y avait quatre-cent-cinquante représentations par an, plus de cinq millions de spectateurs qui avaient vu le spectacle en moins de dix ans, il fallait compter dix ans pour rentabiliser le spectacle parce que l’investissement total, c’est quand même un gros bébé estimé à deux milliards d’euros. C’est affolant ça. On va, je mettrai des liens vers les vidéos parce que c’est vraiment incroyable cette histoire je mettrai des liens sur le site storylific.com pour que les gens puissent aller voir s’ils sont curieux comme moi un petit peu sur ce spectacle c’est vraiment fascinant.

Jean-Pol François :

Oui tout à fait donc en plus ça a été une bonne opportunité pour moi d’apprendre énormément sur le milieu du cirque de cirque aquatique, en plus le plus important c’est que j’ai pu aller m’expatrier en Asie à Macao où j’étais plus ou moins au centre de l’Asie du Sud-Est j’ai vraiment une heure de route enfin une heure de bateau de Hong Kong j’étais tout près des Philippines j’étais pas loin de la Thaïlande et pas loin de de l’Indonésie donc c’était vraiment une plaque tournante, le boulot étant ce qu’il est c’était vraiment ça demande beaucoup de temps c’était assez fatigant comme job mais j’avais quand même l’objectif de me lancer après quelques années de me lancer au niveau de l’apnée donc c’est pour ça que vers 2011 j’ai démissionné de mes fonctions chez Dragon et j’ai créé free diving planet d’abord sur Hong Kong et ensuite sur les Philippines, la mer aux philippines est vraiment beaucoup plus jolie que sur Hong Kong.

Free diving planet, j’ai créé ça quand j’étais à Macoa, on a créé la société d’abord sur Hong Kong, et puis j’ai une associée qui était aussi passionné que moi, c’était d’abord une de mes élèves et puis elle a décidé de laisser tomber son boulot pour se lancer dans l’aventure avec moi et organiser des voyages au Philippines, et on a créé ensemble ensuite la compagnie free diving planet sur les Philippines et on travail toujours ensemble à par que maintenant, elle est rentrée à Paris à cause du covid, mais voilà on est un peu comme les deux larrons pour gérer cette chose la. C’est important qu’elle soit là, elle était plutôt responsable au niveau Marketing, faire la publicité, tandis que moi j’étais un peu au niveau opérationnel, pour donner les cours, la partie technique au niveau de l’apnée, donc on était bien complémentaire et on l’est toujours d’ailleurs, pour cette activité free diving planet aux Philippines.

AnBé :

Rappelle-moi son nom ?

Jean-Pol François :

Suzann Lim.

AnBé :

Ah voilà on peut la voir aussi sur le site de free diving planet.

Jean-Pol François :

Tout à fait. Elle fait aussi maintenant partie de l’équipe national de France, elle est très très forte en apnée, bon, elle a été à bonne école on va dire (rires).

AnBé :

On est jamais aussi bien servi que par soi-même, alors autant se faire des compliments qu’on a envie d’entendre. Tu as découvert comment les eaux aux Philippines ?

Jean-Pol François :

Quand j’étais avec Dragonne, j’avais des collègues d’un peu partout en Asie et dont certains Philippins et je leur pose la question parce que les Philippines c’est sept-mille îles ça a l’air magnifique très très joli quand on quand on fait des recherches sur Google c’est encore assez sauvage les Philippines donc j’ai vraiment bien aimé cet aspect en fait de pays qui se développait au tourisme et qui était encore assez inexploité à certains endroits donc j’ai demandé à mes collègues Philippins, voilà, j’ai envie de faire de la plongée mais vraiment des belles plongées qu’est ce que tu me conseilles parce qu’il y a sept-mille îles je ne sais pas où aller. Alors on m’a donné quelques endroits et de temps en temps j’avais des vacances là bas à Macao et je prenais l’avion j’allais quelques jours une semaine maximum aux philippines et j’ai pu faire deux trois îles et j’ai pu me rendre compte par moi-même voilà. C’est génial c’est vraiment un endroit super il y a même moyen de faire de l’apnée et c’est là que j’ai commencé à mûrir mon projet de créer mon école d’apnée.

AnBé :

On va parler un peu de tes records à cet effet en partie quand tu étais encore en Belgique et en partie donc quand, je ne sais pas si tu en as eu l’occasion d’en faire quand tu travaillais pour dragonne, mais ça avait déjà commencé avant en tout cas et ça a continué bien sûr, encore récemment tu en as fait. Donc en piscine, alors il y a beaucoup de disciplines en apnée donc c’est vrai qu’il y a des choses qui se passent en statique, en dynamique donc sans mouvement, avec mouvement, ça peut se faire en piscine, ça peut se faire donc en surface parce que le but étant juste de retenir sa respiration le plus longtemps possible, ça peut se faire évidemment le plus spectaculaire comme dans Le grand bleu en profondeur, mais même en profondeur, c’est encore plein de catégories, avec poids, sans poids, est-ce qu’on remonte à la force des bras, avec le filin, sans le filin, c’est assez complexe donc ça on laissera les gens que ça intéresse à les regarder sur Google sinon on va passer toute l’heure à expliquer toutes les disciplines je crois. Mais donc toi tu as des records dans pas mal de catégories différentes en piscine, en apnée dynamique donc en nageant avec ou sans palme. Donc j’avais regardé d’ailleurs une vidéo de toi, il y en a une pour un de tes records, on voit donc c’est des mouvements, ça va, ce n’est pas la défonce comme pour un sprint, c’est c’est des mouvements lents, mesurés, c’est vraiment allier l’efficacité du mouvement à la précision, comment tu te prépares pour ce genre de choses en dynamique ?

Jean-Pol François :

C’est déjà beaucoup d’entraînement au niveau technique il faut d’abord maîtriser une bonne technique, la technique avec le matériel la palme, le bi-palme ou la monopalme donc ça prend beaucoup d’entraînement pour bien maîtriser le matériel et ensuite important aussi d’avoir une bonne maîtrise de soi pour avoir un coeur qui bat le plus lentement possible, d’avoir une bonne capacité pulmonaire aussi pour rester le plus longtemps possible et comme tu as bien expliqué c’est pas de la vitesse donc il faut vraiment essayer de gérer son énergie pour ne pas consommer trop d’oxygène pendant ton mouvement donc essayer d’être un peu paresseux mais en étant efficace et dynamique en même temps. Donc avoir une bonne glisse pour garder une certaine vitesse parce qu’on sait pas tenir indéfiniment non plus donc ça c’est une chose, évidemment quand on est en mouvement on va consommer beaucoup beaucoup plus d’oxygène et on va rester moins longtemps en temps total que si on faisait une apnée statique pur on reste sans bouger flottant à la surface de la piscine.

AnBé :

Oui tout à fait, ma petite fille en a fait l’expérience ce matin quand j’ai dit que je t’interviewais aujourd’hui, elles ont commencé à vouloir faire de l’apnée devant leur bol de céréales. On a deux records de dix secondes quand même, elles sont très fières. C’est un bon début.  La plus grande de sept ans a essayé de monter les escaliers, donc faire du dynamique escalier en apnée. Bon trois, quatre marches je crois qu’elle a compris la différence entre le faire assise et le faire en marchant donc voilà apnée statique apnée dynamique ça leur dit déjà quelque chose. Mais donc toi tu peux être capable de faire 135 mètres et 175 mètres donc 135 évidemment c’est sans palme et 175 mètres avec palme en apnée.

Jean-Pol François :

Donc ça c’était mes performances que j’ai fait en compétition, je n’ai plus trop eu l’occasion de m’entraîner parce que bon il faut avoir accès à des piscines, ici on a plutôt accès à la mer, mais voilà j’ai continué par contre à m’entraîner c’est en apnée statique parce que là il n’y a pas d’âge, c’est plutôt basé sur la relaxation, le bien-être et la détente c’est vraiment assez intéressant comme discipline et voilà pour les paresseux pour être vraiment le plus détendu possible.

AnBé :

Ou pour les trop stressés, ça marche très bien aussi.

Jean-Pol François :

Ah tout à fait, ça aide, ça aide un peu les personnes à un peu gérer leur niveau de stress pour être un peu plus zen ça marche ouais.

AnBé :

Et donc toi tu as toujours le record de Belgique, je pense et tu en as un pour les Philippines établi en 2020 avec 8 minutes 21.

Jean-Pol François :

Voilà donc on a eu l’occasion d’organiser une petite compétition et j’ai pu faire 8 minutes 21 c’est un record à cette époque là et ce qui est bien c’est que pendant les entraînements j’ai été jusqu’à neuf minutes en apnée donc j’ai encore pas mal de réserves, voilà depuis je n’ai plus l’occasion de me rentraîner dans cette discipline mais je sais que si je continue un peu sérieusement mon entraînement je vais repasser la barre des neuf minutes et pourquoi pas les dix minutes, on ne sait jamais si je continue à être motivé. Si j’ai du temps je le ferai.

AnBé :

Et qu’est-ce qui se passe dans la tête quand on challenge ainsi ces réflexes vitaux aussi longtemps les dernières minutes c’est vraiment une vraie lutte comment on se prépare à ça ?

Jean-Pol François :

Oui, donc c’est beaucoup de préparation, c’est de l’adaptation au manque d’oxygène et à l’augmentation du taux de co2 qui augmente, donc plus ton taux de co2 va augmenter dans ton organisme plus tu vas avoir des grosses envies de respirer et l’entraînement va faire en sorte qu’on va essayer de tenir le plus longtemps possible avec ses envies de respirer donc une personne normale quand elle a envie de respirer, elle sort de l’eau et elle respire. Nous en tant qu’apnéiste, on apprend à rester relax, à garder le coeur le plus lentement possible et à essayer de tenir une, deux, voire trois minutes en plus à partir du premier réflexe respiratoire donc c’est de l’entraînement c’est beaucoup d’entraînement ça ne se fait pas comme ça du jour au lendemain c’est des mois d’entraînement pour parvenir à maîtriser cela en toute sécurité parce qu’il faut penser à la sécurité c’est primordial.

AnBé :

Oui, même toi tu ne t’entraînes jamais seul.

Jean-Pol François :

Jamais jamais jamais toujours avec une équipe ou quelqu’un qui peut faire la sécurité et un kit oxygène prêt à intervenir.

AnBé :

Voilà donc c’est hors de question de commencer à s’entraîner ce soir dans la baignoire pour voir combien de temps on tient.

Jean-Pol François :

C’est la première règle en fait en apnée, c’est ce que j’enseigne à tous mes élèves, ne jamais, jamais faire d’apnée tout seul, toujours avec un instructeur qualifié.

AnBé :

Oui voilà, c’est ça même quand on est au niveau professionnel depuis des années, jamais.

Jean-Pol François :

Exactement.

AnBé :

On en est encore plus conscient en fait.

Jean-Pol François :

Oui, donc quand on enseigne ici, quand on donne des cours, quand on a des élèves qui font plutôt de la compétition, on essaie un peu de leur inculquer cette notion de sécurité d’abord, de bien-être, de ne pas prendre des risques et d’avoir une stratégie de la performance. C’est vraiment ça, construire sa performance sur base d’un entraînement régulier et le jour où ils vont annoncer 70 mètres à une compétition c’est parce qu’ils ont peut-être déjà fait plusieurs fois 75 pendant les entraînements donc ils ont une zone de sécurité. C’est un peu comme ça qu’il faut voir les choses en fait. Il y a une partie challenge quand même bien sûr descendre à 70 mètres c’est quand même pas donné pour tout le monde, ça nécessite une certaine condition physique, une certaine préparation, donc on va pas dire que c’est facile ça ne l’est pas même si ça a l’air,  ça ne l’est pas, même quelqu’un qui descend à 100 mètres une descente à 70 ou 80 mètres c’est quand même quelque chose de challenging qu’il faut préparer avec attention et sérieux. Vraiment rester dans sa zone de confort, un petit peu à la limite, mais toujours à l’intérieur, toujours à l’intérieur. Comme ça, le jour où il y a des conditions un peu adverses ou imaginons qu’il ya un peu plus de courant ou qui a plus de vagues ou je ne sais pas, que l’athlète est un peu fatigué parce qu’elle n’a pas bien dormi donc les conditions ne sont pas optimales, mais au moins en annonçant une performance dans la zone de confort, on retire une grosse partie du stress qu’on pourra avoir. Quelqu’un qui fait 70, je vais faire 75 demain donc il part avec beaucoup de stress avant la compétition, ce qui n’est pas bien en fait. Quand on fait n’importe quel sport, c’est normal qu’il y ai toujours un peu de stress mais avec notre façon de respirer, de se préparer on arrive plus ou moins à le gérer et à essayer de rester dans une zone plus ou moins relax.

AnBé :

Ah Oui et c’est là justement qu’on peut vivre le plus beau. Comment ça se passe, dans mon apnée de descente là aussi, il y a diverses techniques, tu as eu entre autres, un record mondial en descente, en immersion libre, donc ce n’est pas les plus impressionnants comme record en nombre de mètres descendus, mais par contre c’est aucun dispositif donc si j’ai bien compris on ne peut pas s’aider du câble, on n’a pas de palmes.

Jean-Pol François :

Si, si.

AnBé :

Ah pardon c’est avec le câble quand-même ?

Jean-Pol François :

On descend avec le câble, donc on met le câble à la profondeur qu’on désire atteindre et on se déale, en tirant simplement avec les bras pour la descente et la remontée et on n’a pas de palme comme moyen de propulsion donc c’est ça uniquement à la force et des bras donc c’est beaucoup de résistance. Ce qui est important aussi c’est de s’habituer à la profondeur, à la pression et l’apnée sera toujours beaucoup plus longue dans cette discipline là parce qu’on descend beaucoup plus lentement que si on avait des palmes.

AnBé :

Aller le plus vite possible c’est une mauvaise gestion de son oxygène on peut pas se le permettre non plus.

Jean-Pol François :

Voilà il ne faut pas aller trop trop vite non plus mais on peut pas se permettre de faire des apnées trop longues surtout quand on va en profondeur donc il faut bien gérer les deux et ce qui va faire la différence c’est la stratégie, c’est la préparation et l’entraînement.

AnBé :

C’est ça que je trouve super beau dans ce genre de compétition dans cette partie-là de la discipline. Dans tous tes records, lequel t’a le plus marqué, qui t’a laissé le meilleur souvenir, tu en as un en particulier qui ressort ?

Jean-Pol François :

Pas spécialement donc chaque fois que j’ai fait un record c’est parce que bon je viens du monde de la natation je faisais beaucoup de compétitions de natation chaque week-end donc j’ai toujours aimé avoir des challenges et essayer de me dépasser de m’améliorer donc comme à l’époque quand j’ai commencé l’apnée, je peux dire que j’ai eu un don pour l’apnée j’étais assez doué de par la natation j’étais à l’aise dans l’eau. Donc j’ai toujours eu envie de me dépasser, quand j’ai eu ses possibilités de battre des records en apnée et que j’ai vu qu’à l’entraînement je les battais donc ça, ça me motivait encore plus donc j’ai continué à m’entraîner, ça a évolué évidemment, j’avais le boulot à côté donc je ne savais pas m’entraîner de façon professionnelle c’était toujours après journée ou le week end ou quand on partait en vacances, on allait en Egypte en Turquie ou à Nice en Sud de la France donc j’étais comme limité par rapport à mes entraînements, si j’avais vécu aux Philippines depuis le début, j’aurais peut-être une autre carrière en apnée en profondeur et j’aurai d’autres records également. Mais c’est quelque chose je veux dire qui passe. C’est intéressant au début pour ce challenger, mais maintenant les records, pour moi ça n’a aucune importance je fais juste ça pour le plaisir, pour m’amuser, pour organiser des choses, pour rencontrer d’autres personnes. Pareil pour les compétitions, je n’ai aucune pression sur les épaules je fais vraiment ça pour le plaisir et pour m’amuser et c’est de cette façon, je dois avouer que j’arrive encore à faire des super performances en me faisant plaisir. Voilà je ne mets aucun stress si un jour ça passe pas, c’est pas grave, je recommencerai la prochaine fois ou dans six mois ou dans un an et aucune pression.

AnBé :

Tu disais aussi que finalement la compétition, on l’a fait par rapport à soi-même plutôt que par rapport aux autres.

Jean-Pol François :

Voilà tout à fait donc il faut se dépasser soi-même donc c’est un peu comme pour les disciplines plus on s’entraîne, plus on s’améliore. Avec l’apnée c’est par rapport à toi même, il faut pas essayer de se comparer ou de faire des compétitions contre les autres, parce qu’il y a un aspect risque qui est derrière. C’est vraiment une découverte du bien-être, son propre bien-être, même quand on fait des compétitions, même quand moi j’appelle ça de l’apnée extrême c’est vraiment pas de l’apnée, c’est vraiment poussé jusqu’aux limites, même dans ces niveaux-là, il faut essayer de garder cet aspect de s’amuser, de prendre plaisir dans ce qu’on fait et cet aspect de bien-être en fait.

AnBé :

L’aspect bien-être c’est quelque chose qui ressort de tous les apnéistes quand on les écoute, des sensations très très particulières. C’est quoi toi tes sensations quand tu vas en profondeur ? Même pour le corps, il y a plein de choses qui se passent à la descente et à la remontée d’ailleurs.

Jean-Pol François :

Plus on va profond, donc la pression augmente et il y a quelques modifications physiologiques qui vont se créer et on n’aura pas l’impression d’avoir envie de respirer au début donc si on descend jusqu’à 15, 20, 25, 30 mètres de façon tout à fait relax si on descend le long d’un beau tombant, on va pouvoir voir les coraux, les poissons donc c’est quelque chose de tout à fait magnifique, on est presque en apesanteur. Le corps ne pèse presque plus rien et puis il y a ce décor vraiment magnifique juste à côté de soi comme un rêve comme un rêve éveillé, c’est vraiment tout ça que l’on ressent et un moment, à partir du moment où on commence à rester un peu longtemps sous l’eau , vient l’envie de respirer avec le co2 qui commence à augmenter dans ton organisme qui te donne cette envie de respirer et à ce moment là, tu sais ok, je dois être prêt, à presque terminer ma plongée, remonter tout doucement en surface et puis faire ma récupération en surface.

AnBé :

Et les compétiteurs en général disaient que le secret pour remonter sans risque, c’était de ne pas penser à la surface, de ne même pas regarder vers le haut, de rester focus sur le moment présent.

Jean-Pol François :

Oui, oui c’est vrai qu’il y a plusieurs choses qui peuvent être faites à ce moment-là. Moi j’aime bien la préparation par l’entraînement donc quand je vais faire une compétition en profondeur, de nouveau j’annonce une profondeur à laquelle je sais que je vais pouvoir y aller facilement, en tout cas pas trop difficile et je sais que je vais pouvoir la maîtriser donc je m’enlève déjà du stress je n’aime pas partir avec du stress donc la remontée quand on commence à avoir des contractions des envies de respirer, il faut se dire, voilà j’ai une bonne technique, j’ai une bonne vitesse de remonter, tout se passe bien, pas besoin de paniquer, on va le faire et voilà parce qu’il faut essayer de rester bien concentré sur sa plongée et essayer de rester détendu en même temps parce que si on commence à avoir des pensées négatives pendant la remontée, c’est souvent comme ça que qu’il va y avoir des accidents, que les gens vont avoir des risques de syncope ou voir des syncopes en arrivant en surface.

AnBé :

il y a un coq qui lui par contre, il ne saura pas faire une apnée de cinq secondes je crois.(rires)

Jean-Pol François :

Oui je l’entends.

AnBé :

Alors raconte-nous justement les coqs aux Philippines, pourquoi il y en a autant ? On ne sait pas aller aux Philippines sans entendre un coq toutes les cinq secondes. Pourquoi ?

Jean-Pol François :

Ici aux Philippines, il faut dire que c’est un peu le sport national d’organiser les combats de coqs. Donc il y en a beaucoup. Chaque personne a dans son jardin 3, 4, 5 et s’ils font beaucoup de compétitions de coqs, ils ont plus de coqs, donc plus de coqs, plus de bruit. Mais par contre ils ont pas probablement la même horloge biologique que les coqs qu’on a en Europe. Ici c’est toute la nuit, à 1 heure du matin, 2 heures, 3 heures, 4 heures alors quand il y en a un qui commence c’est partout et voilà, mais on s’y habitue, on s’y habitue. Donc au début bas les gens qui viennent en vacances aux philippines qu’est-ce qu’ils font comme bruit les coques j’ai pas réussi à dormir, maintenant je ne les entends même plus ils sont là j’en ai un qui est à 3 mètres de ma fenêtre que je laisse ouverte pendant la nuit je ne l’entends même plus.

AnBé :

C’est tous les dimanches, qu’ils font les combats de coq ?

Jean-Pol François :

Oui je pense, il y a des arènes ici qui organisent ça régulièrement. Je pense que c’est tous les week-ends. Je ne sais pas les dates, ils ont des jours où ils peuvent faire ça et c’est assez amusant parce qu’ils vont faire des paris, ils parient des petites sommes évidemment mais voilà, ils ont leurs champions, ils ont leurs produits dopants et tout ça. Donc ils ont toutes leurs procédures. Il y a des choses par exemple, on ne peut pas prendre de vidéos ou de photos pendant qu’ils sont en train de préparer leur parce que ça porte malheur donc il faut vraiment faire attention quand on va voir un combat de code bon c’est pas très agréable à voir, ça ne dure pas longtemps en général l’affaire est terminée en comme McGregore en moins de deux rounds c’est terminé. (rires)

AnBé :

Oui le spectacle est court mais c’est vrai que c’est intense là-bas. Mais donc ça explique la petite ambiance sonore.

Jean-Pol François :

Oui, oui voilà.

AnBé :

Alors, je crois qu’il est toujours champion Trubridge.

Jean-Pol François :

Alors lui il est recordman dans “no finds”, donc il descend sans les palmes mais on brasse voilà on descend embrasse en fait.

AnBé :

Oui c’est ça et lui il disait que c’était presque comme devenir une autre espèce donc de passer d’animal terrestre à animal marin avec tout ce qui se passe dans le corps. Tu peux nous expliquer ce qu’est un bloodshift et ce genre de choses qui se passent où vraiment on voit qu’on est des animaux qui sommes adaptés à des conditions de plongée, c’est étonnant. Donc ce n’est pas du forcing, il y a vraiment des choses qui se passent tout à fait naturellement hors de notre contrôle dans le corps, qui font qu’on s’adapte à devenir des créatures presque marines.

Jean-Pol François :

Voilà alors déjà le simple fait de retenir sa respiration et de mettre son visage dans l’eau, il y a certains mécanismes qui vont se mettre en place. Par exemple, le cœur va ralentir donc n’importe qui retient sa respiration peut faire le test, on se met dans une position relax assise, on se prépare quelques secondes, on prend une grande inspiration, on prend son pouls et là les battements du cœur vont rapidement diminuer. Quand on est dans l’eau, ça c’est encore plus rapide, ok donc ça c’est une première adaptation donc nous en tant qu’apnéiste, ça c’est quelque chose qui nous aide parce que le cœur ralentit on arrive à être un peu plus relax grâce à cela. En tant qu’apnéiste quand on descend en profondeur, il y a la pression qui intervient. Donc, il faut faire attention, il faut vraiment s’entraîner pour s’habituer et que le corps s’adapte à la pression, donc si je demande à quelqu’un qui n’a jamais fait de l’apnée, ok demain tu vas aller à 50 mètres, c’est sûr, on va sur un gros carton. Donc l’organisme est assez bien fait, avec un peu d’expérience et beaucoup d’adaptation, on va pas cinquante mètres en quelques semaines, il faut des années pour certains, le corps va faire ce qu’on appelle le bloodshift. Alors le bloodshift c’est simplement le sang qui va se gorger au niveau des poumons, du coeur pour éviter l’écrasement, donc une espèce de vasoconstriction donc il y aura moins de sang oxygéné qui va aller au niveau des bras et des jambes pour être autour des poumons enfin au niveau des alvéoles et du coeur donc voilà c’est une espèce de mécanisme de sécurité mis en place par le corps. C’est assez intéressant, c’est une technique que nous on utilise pour pouvoir aller plus profond également, mais de nouveau ça demande beaucoup de temps d’adaptation, c’est pas avec des débutants qu’on y arrive, là il faut pas mal d’expériences derrière.

AnBé :

Il n’y a que ce sport là qui peut apporter tous ces changements qui se passent dans le corps.

Jean-Pol François :

Il y a pas mal de sports qui procurent aussi pas mal de changements. Je pense aussi un peu à l’escalade, la plongée, il y a la plongée sportive et tout ça. Mais au niveau apnée c’est vrai que on a assez fort à l’écoute de son corps, de ce qui se passe et on essaie de s’adapter en fonction du jour, un jour on peut être en forme et le lendemain on ne le sent pas trop et on va pas aussi profond, la compensation ne passe pas on se sent un peu plus fatigué, on est moins hydraté, on sent moins énergique, c’est pas grave, un jour est différent, on ira moins profond ce jour là et on se rattrapera pour la prochaine fois.

AnBé :

Et quel est ton rapport à l’océan alors je suppose qu’à force de l’approcher quotidiennement, tu as des affinités particulières. Comment tu qualifierais ce rapport à l’océan ? Ça représente quoi pour toi ?

Jean-Pol François :

Maintenant je veux dire c’est un peu mon lieu de travail donc avant j’avais mon bureau avec l’ordinateur, mes collègues et tout ça maintenant, mon lieu de travail c’est la mer,  il y a pire comme endroit pour travailler donc mon uniforme de travail, ce n’est pas le costard cravate, c’est ma combinaison de plongée, mais palmes, mon masque et mon tuba. Et mes collègues, c’est pareil, ils sont habillés en combinaison juste à côté et on plonge ensemble, on travaille ensemble avec nos élèves. J’adore la mer depuis que je suis tout petit j’expliquais ça déjà au début avec les reportages de Cousteau j’ai toujours voulu faire ça, j’ai toujours voulu être dans la mer et je me sens vraiment à la limite je me sens même plus à l’aise quand je suis dans l’eau en mer, que quand je suis terrestre en tant que terrestre je me sens un peu maladroit dans mes mouvements. Je me cognes à gauche, en plus puisque je suis assez grand, j’ai facile de me cogner un peu partout. Quand je suis en mer, voilà je me sens vraiment comme un poisson dans l’eau, c’est vraiment l’expression et je me sens bien et je sais parfois je fais plusieurs entraînements quand je donne mes cours, je reste 5, heures 5 heures dans l’eau par jour, ça ne me pose aucun problème quand je travaillais pour Dragonne c’était au courant de faire 5, 6 heures de travail dans l’eau par jour en tant que « Scuba » cette fois là. J’ai toujours adoré, ça ne m’a jamais pesé. Donc si on me dit, voilà même si je suis super fatigué on dit allez on va encore faire une plongée d’exploration on va faire quelques photos, je dis aller on y va tout de suite, je m’apprête on y va, pas de problème je suis partant.

AnBé :

C’est vrai que je me faisais la réflexion en préparant un peu l’interview ces derniers jours, que dans beaucoup de sports de haut niveau, pour avoir des belles images on fait des ralentis. Mais en fait sous l’eau, c’est de toute façon ces belles images, c’est de toute façon cette fluidité de mouvement parce que de toute façon on est ralenti donc je me disais oui c’est vrai que ce qu’on doit faire artificiellement pour les autres sports, là sous l’eau c’est c’est d’office ces mouvements très fluides et ça a une qualité même esthétique.

Jean-Pol François :

Oui oui, c’est très joli, c’est très joli. C’est vrai que quand on voit des vidéos, il y a des superbes vidéos qu’on trouve sur YouTube d’apnéiste et quand on les voit, on dit waouh c’est génial on a envie d’être, on a envie de faire partie de la vidéo, on a envie d’y être, on a envie de plonger dans l’écran et dire j’ai envie et ça c’est pas mal parce que maintenant avec les qualités d’enregistrement et des caméras que l’on a, on arrive à avoir des super petites vidéos sur youtube et les gens voient ça et disent waouh c’est génial. Ça donne envie en fait, c’est ce qu’il faut.

AnBé :

Oui, je mettrais une petite sélection des best of de ce que j’ai découvert comme ça aussi sur le blog pour partager ces belles images. Comment tu fais une préparation à des descentes plus intenses, donc pas tes descentes quotidiennes, mais ça commence combien de temps avant ? Qu’est-ce que tu fais ? Qu’est-ce que tu fais donc une semaine avant ? Qu’est-ce que tu fais une heure avant ?

Jean-Pol François :

Voilà déjà on va parler de la stratégie si j’ai un objectif on va dire que je suis à 60 ou 70 mètres, disons que j’ai l’objectif de descendre à 80 mètres. Combien de temps vais-je devoir m’entraîner pour arriver à 80 mètres, là je vais me donner 3 mois, 3 mois d’entraînement en faisant 2, 3 sessions par semaine, sans être trop intensif pour pouvoir un peu récupérer entre chaque session et en y allant progressivement. Pendant ces 3 mois, je vais faire de la technique pour améliorer mes techniques avec des caméras, vidéos et tout ça pour un peu faire de l’analyse et je vais essayer de faire aussi de temps en temps de la profondeur pour m’habituer à la profondeur voilà et quand j’aurai atteint plusieurs fois cet objectif des 80 mètres pendant l’entraînement je sais que je suis prêt. Le jour où je vais refaire une performance, une meilleure performance dans ce cas là le jour avant je fais attention à mon alimentation, je fais toujours attention aussi à bien m’hydrater, à boire énormément d’eau c’est important au niveau de l’apnéiste de rester bien bien hydraté, d’être bien reposé de ne pas être en pleine digestion, c’est important d’avoir aussi un peu d’énergie pour plonger mais voilà si je dois aller faire une plongée j’essaie de ne rien manger de solide, un fruit peut-être ça c’est encore bon 2, 3  heures avant donc pour être détendu relâché. Je vais arriver sur place donc je vais commencer à faire 2, 3 apnées statiques en surface, vraiment pour ralentir mon rythme cardiaque, créer ma petite bulle autour de moi, vraiment pour me mettre dans une zone de confort. je vais faire un premier réchauffement entre 20 à 25 mètres, le plus lentement possible donc je vais perdre une descente à 25 mètres qui va durer 2 minutes 30, 3 minutes dans ces eaux là et après je récupère 10 minutes un quart d’heure en surface et je suis prêt pour faire ma profondeur de 80 ou plus. Toujours avec une sécurité parce que quand je m’entraîne quand je me prépare, j’ai toujours une équipe avec moi une ou deux personnes qui sont prêt à me suivre qui descendent vers 20, 25 mètres pour faire la sécurité quand je remonte voilà donc c’est une préparation physique et mentale en même temps. Et en plus, la stratégie pour arriver à la performance qui va prendre 2, 3 mois, 4 mois, ça dépend un peu des personnes.

AnBé :

Et mentalement, comment tu te prépares alors ?

Jean-Pol François :

Mentalement, c’est important de faire le vide, de penser à rien, moi j’appelle ça se mettre en mode apnée comme si on avait un disjoncteur au niveau du cerveau. On oublie tout le reste, on essaie d’être le plus détendu possible, d’avoir le coeur qui bat le plus lentement possible, on essaie de ne penser à rien, d’oublier qu’on doit aller faire ses courses, oublier qu’on doit payer son électricité le loyer peu importe donc voilà on se met vraiment en mode apnée on est là pour se faire plaisir  et en profiter et bien se détendre, vraiment, essayer de ne penser à rien ou alors visualiser ce qui m’arrive aussi des fois quand je sens que j’ai un petit peu de stress. Retourner sur une respiration relax basique et visualiser quelque chose que j’aime bien une belle plage une plage avec des cocotiers ou alors un paysage de montagne quelque chose de reposant quelque chose où je peux plonger dans l’image et dire ah je me sens bien, je me sens détendu pas de stress ok donc c’est vraiment important d’être détendu mentalement et ça aidera également au niveau du corps à se détendre.

AnBé :

Il y a des techniques qui ressemblent très fort à la méditation ou à l’autohypnose dans tout ce que tu racontes.

Jean-Pol François :

Tout à fait donc il y a quand même quelques bases de yoga respiratoire qui aide aussi pour la méditation, il y a beaucoup de gens qui méditent, la méditation, il faut pas être sorcier pour faire de la méditation c’est très facile une dizaine de minutes par jour dans lequel on se pose et on respire, à la limite on s’écoute, on s’entend respirer, on essaie de gérer sa respiration, on essaie d’être le plus relâché possible et l’auto hypnose c’est vraiment s’auto conditionner pour ralentir son rythme cardiaque, être le plus détendu possible donc pour ça il faut essayer de faire le vide à l’intérieur de soi et toutes ces techniques de respiration nous aident à y arriver.

AnBé :

Et ça c’est un entraînement que tu fais aussi outre l’entraînement physique.

Jean-Pol François :

Oui oui tout à fait donc ça c’est important. Là, ça fait partie vraiment de la base des cours d’apnée. On apprend ça dès le début, dès les débutants, dès les premiers niveaux débutants, comment respirer pour se préparer mentalement et physiquement pour une pour une plongée et ça va assez vite je veux dire les gens progressent assez rapidement évidemment plus on va vouloir rester longtemps plus on va vouloir faire des performances plus il va falloir apprendre à se mettre dans cette zone, dans ce mode apnée le plus rapidement possible.

AnBé :

Oui et donc il y a vraiment trois aspects: il y a le physique, y a le mental et l’aspect plaisir, voilà qui sont vraiment trois ingrédients du succès on va dire.

Jean-Pol François :

Voilà donc l’aspect physique, je rajouterais même l’aspect technique. Avant de faire des performances il faut d’abord maîtriser la technique et c’est un peu le conseil que je vais donner à des gens qui veulent se lancer en apnée, en compétition. D’abord apprenez une très très bonne technique et l’ avantage pour apprendre la technique on n’a pas besoin d’aller profond donc 10, 15 mètres c’est largement suffisant pour maîtriser la technique. Une fois que la technique est bonne, ok la structure, la technique est bonne donc on va construire un peu une meilleure estime de soi donc les gens vont gagner un petit peu de confiance en soi voilà c’est le mot que je recherchais de la confiance en soi donc bonne technique, confiance en soi, ça va t’amener un peu plus de sécurité et une fois que ces trois aspects sont rencontrés, dans ce cas là on peut commencer à aller un petit peu plus profond et on recommence le même processus, mètre après mètre jusqu’à ce qu’un moment on va bloquer pendant un certain moment, on va faire beaucoup de répétitions de la même profondeur jusqu’à ce qu’on la maîtrise et pour aller un peu plus profond. Technique, relaxation, confiance, sécurité et après on peut aller plus profond.

AnBé :

Oui, c’est ce que vous faites à l’école avec les débutants alors. Mais vous faites aussi là les formations professionnelles alors vous avez aussi des juges Aïda donc c’est les juges pour la plongée en apnée qui viennent se former chez toi.

Jean-Pol François :

Voilà donc là en fait au niveau de l’école d’apnée que l’on a ici à Moalboal, on forme tous les niveaux, un niveau 1 niveau 2 niveau 3 niveaux 4 et niveau instructeur pour ceux veulent devenir instructeurs professionnels et on fait aussi pour ceux qui aiment bien le parcours compétition, on forme aussi des juges internationaux qui vont participer en tant que juge officiel à des compétitions d’apnée aussi bien en piscine, qu’en profondeur mais un peu partout dans le monde. C’est assez intéressant parce qu’il y a quand même pas mal de compétitions maintenant qui sont organisées un peu partout dans tous les pays et voilà c’est assez amusant de participer à des compétitions pour le moment.

AnBé :

Tu as des bons souvenirs d’une ou l’autre compétition en particulier où tu étais juge ?

Jean-Pol François :

J’ai fait énormément de compétitions en tant que juge mais à chaque fois j’ai des très très beaux souvenirs ça me permet de voyager. J’ai été un peu partout dans le monde comme juge sur des compétitions, juges sur des championnats du monde, juge pour des records du monde. J’ai fait pas mal de destinations un peu partout dans le monde. Donc voilà j’ai eu, est-ce que j’en ai une qui ressort un peu du lot ? Oui peut-être quand j’étais aux Bahamas donc il y avait un gros championnat qui était organisé aux Bahamas, ça a duré pendant pendant dix jours, ça s’appelle vertical blue organisé par William Trubridge et pendant cette compétition là, les meilleurs apnéistes mondiaux sont présents et on a la chance de voir énormément de record du monde. Alors je me rappelle parce que pour arriver aux Bahamas c’était une petite île au milieu des Bahamas j’ai dû prendre 4 avions c’est presque au total 48 heures de voyage. J’étais complètement explosé quand je suis arrivé avec le jet lag et la totale et puis j’ai à peine eu 12 heures pour récupérer, j’étais directement dans le bain avec 10 jours quasiment non-stop de compétition. On avait 3 jours de compète, 1 jour de repos. Et même pendant nos jours de repos en tant que juge, on devait traiter toutes les vidéos et il y a quand même pas mal de boulot donc c’est un gros gros gros boulot en tant que juge. Mais enfin voilà j’en ai profité, je suis resté 2 semaines de plus aux Bahamas pour après la compétition, un peu visiter parce que bon, c’est dommage d’aller aux Bahamas et de ne pas visiter.

AnBé :

Clairement oui. Oui, ça doit être chouette aussi d’être avec tous ces gens qui vivent la même chose ensemble. Ce n’est pas toujours facile d’avoir quelqu’un qui vit la même chose avec la même intensité, c’est un monde où il n’y a pas encore, enfin il y en a plus qu’il y a dix ans mais les apnéistes ça reste quand même encore un petit milieu où tout le monde se connaît non ?

Jean-Pol François :

Plus maintenant, je vais dire il y a quelques années on connaissait tout monde sur le circuit c’est quand même quelques centaines de gros compétiteurs et voilà c’est vrai que ce qui regroupe un peu tous ces gens là c’est leur passion la passion commune donc même si on ne parle pas le même langage, on parle le même langage apnéiste et là on se comprend donc c’est quelque chose de pas mal. Donc effectivement, c’est pas mal de voir ce genre de choses, de rencontrer ces personnes qui viennent d’un peu partout ou alors maintenant depuis depuis 4, 5 ans je veux dire, comme ça se développe de façon exponentielle je pense que j’avais lu ça quelque part que l’apnée était le sport qui était en plus gros essor ces dernières années donc voilà quand on participe à des compétitions il ya plus de 50% des personnes que je ne connais pas je ne sais même pas d’où ils viennent et ils arrivent avec des résultats, comment ils font c’est pas possible quoi donc voilà vraiment c’est intéressant à voir. Les performances ne s’améliorent pas énormément ces temps-ci. Il y a quand même des records qui sont de temps en temps battus,  il y en a un qui a été battu il y a quelques jours par un ami tunisien qui s’appelle Walid il a fait 150 mètres en poids variable. C’est un copain que je connais depuis des années. Donc voilà, mais en général maintenant on a atteint une limite dans les temps, dans les distances et dans les profondeurs. Donc de temps en temps quand il y a un record qui est battu, il est battu, il est amélioré de quelques secondes, quelques mètres, mais pas énormément. Donc je pense qu’on va encore s’améliorer, mais pas autant que par le passé. Donc voilà il y a de plus en plus de gens qui participent, il y a de plus en plus de compétiteurs, il y a de plus en plus de sponsors, il y a de plus en plus de matériel, des gens qui fabriquent du matériel donc voilà ça se développe un peu comme le surf s’est développée au début c’était quelques amis qui faisaient ça sur des plages puis maintenant le surf c’est devenu planétaire également quoi donc je pense qu’on est en train de suivre un peu la même route que les surfeurs.

AnBé :

Les pionniers c’était justement le sujet du grand bleu, c’était Jacques Mayol avec la barre mythique des 100 mètres, tu peux nous expliquer pourquoi elle était mythique cette profondeur des 100 mètres ?

Jean-Pol François :

Les 100 mètres, c’est voilà c’est les 3 chiffres. Donc c’est quand même impressionnant de dire que j’ai été à 100 mètres de profondeur. 100 mètres quand on regarde sur une piste d’athlétisme cent mètres c’est pas grand chose, mais quand on regarde cent mètres c’est quoi c’est un building d’au moins 30 étages. Donc quand on regarde un building de 30 étages ça le fait c’est quand même pas mal parce qu’il faut descendre et il faut remonter. Donc c’est là qu’on s’aperçoit en perspective que c’est quand même quelque chose d’assez impressionnant. Jacques Mayol a été la première personne à descendre au-delà des 100 mètres parce qu’on appelait l’homme dauphin donc c’était une performance tout à fait impressionnante donc il est descendu à la gueuse pour monter au parachute donc bravo quoi pour l’époque c’était vraiment exceptionnel.

AnBé :

Donc la gueuse pour les belges qui nous écoutent ce n’est pas la bière à laquelle on fait référence, c’est un poids. C’est pour descendre plus vite et donc remonter après avec le ballon ce qu’on voit aussi d’ailleurs dans le grand bleu puisque c’est une histoire qui est vraiment calquée sur certaines aventures de de Jacques Mayol, mais il y avait aussi les les scientifiques qui avaient dit que le corps ne serait pas capable de de résister à des pressions pareilles, le 100 mètres pour les scientifiques c’était la limite.

Jean-Pol François :

Oui même avant, je ne sais plus exactement les performances mais je sais qu’on on avait dit à Mayol que s’il allait au delà de cette profondeur là le corps allait s’écraser dû à la pression et il n’allait pas survivre voilà c’est qu’il ya des gens qui étaient au delà des 200 mètres en apnée, le corps est une machine magnifique qui s’adapte donc voilà donc il faut juste lui donner les moyens de s’adapter de façon correcte, c’est impressionnant ce que le corps est capable de faire.

AnBé :

Oui parce que les pressions on ne se les imagine pas mais tu as des images pour essayer de nous faire comprendre c’est quoi la pression qu’on peut avoir à 50 mètres à 100 mètres ?

Jean-Pol François :

Alors il y a un bar, 1 kilo de pression par centimètre carré donc tous les 10 mètres il y a 1 kilo supplémentaire qui s’ajoute donc quand on est déjà à 50 mètres de profondeur il y a déjà 6 kilos de pression que le corps subit par centimètre carré donc c’est comme si on prenait sa main et on mettait un poids de 6 kilos sur une surface de 1 centimètre carré donc ce qui est assez énorme évidemment quand on est en profondeur, quand on est en mer on ne sent pas le poids évidemment c’est pas ça, mais c’est la pression qui agit vraiment sur tout le corps donc c’est assez impressionnant, les volumes d’air des poumons tout ça sont un peu diminué dû à la pression donc de nouveau c’est une grosse adaptation qui doit avoir lieu. On parlait tout à l’heure du bloodshift, le bloodshift, c’est une des adaptations aussi à la pression.

AnBé :

Je crois que j’avais lu quelque part que les poumons pouvaient même être réduits à la taille d’une orange à une certaine profondeur.

Jean-Pol François :

Oui, c’est une image un peu que l’on donne. Effectivement, le volume, je veux dire, est inversement proportionnel à la pression. Donc quand on va à 10 mètres la pression est de 2 bars par exemple il y a 2 kilos. Les poumons sont réduits de moitié à 10 mètres de profondeur. Le volume qui est contenu dans les poumons est réduit de moitié donc c’est un peu comme ça c’est un peu l’expérience de physique que l’on fait quand on est à l’école on a un ballon qui est rempli d’air si on met ce ballon à 10 mètres de profondeur le volume du ballon a diminué de moitié à 10 mètres.

AnBé :

Justement, en parlant de Jacques Mayol, toi, tu l’as croisé ?

Jean-Pol François :

Oui j’ai eu la chance oui.

AnBé :

Et comment il était alors ?

Jean-Pol François :

Il était comme dans le film je veux dire, c’était déjà un vieux monsieur quand je l’ai rencontré c’était en Sardaigne au championnat du monde, j’ai eu l’occasion de discuter avec lui 2, 3 minutes parce que il était fort demandé tout le monde voulait l’interviewer tout ça c’était quand même le gars du grand bleu dont l’histoire a été tirée pour faire le grand bleu. Quand j’ai discuté avec lui, je voulais faire une photo. Il n’était pas trop d’accord au début et puis je lui ai dit j’ai lu votre livre, il a fait un livre qui s’appelle Homo Delphinus. C’est vraiment génial. Et puis il m’a regardé, ah tu as lu mon livre. Et il a bien voulu faire une photo avec moi donc c’est pour ça que j’ai pu avoir une photo immortalisée, une photo avec Jacques Mayol.

AnBé :

C’était un sacré livre d’ailleurs je l’avais acheté sur ton conseil. C’est vrai que c’était toute sa vie. Il n’avait que l’océan entre les deux oreilles.

Jean-Pol François :

C’est un aventurier, il a fait beaucoup de choses, il a fait beaucoup de choses Jacques mais effectivement, la mer ça a été à mon avis une de ses principales passions.

AnBé :

En tout cas quand tu lis le livre c’est vrai que c’est de la passion qui parle, c’est un faux sacré. Il t’est arrivé une belle justement à l’époque où tu l’as rencontré.

Jean-Pol François :

Oui oui c’est assez intéressant en fait donc je venais de faire ma performance en compétition en profondeur je remonte sur le bateau j’étais content de ma performance c’était validé par les juges j’étais toujours avec avec ma combi et puis il y a un groupe de dauphins qui passe vraiment près de la corde où les gens est en train de faire leur compétition , ils ne nous ont pas tourné autour ils ont continué leur chemin et puis tout le monde « dauphin dauphin dauphin » donc on était en mer rouge j’ai eu la chance comme j’étais toujours en combi j’ai vite mis mes palmes je me suis jeté à l’eau et puis j’ai j’en ai vu 3, 2 grands dauphins et 1 petit dauphin. Je me suis dit probablement que c’est les parents qui entourent le petit qui sont mis séparément du gros groupe de dauphins et ils ont commencé à m’escorter, donc moi je me dirigeais vers le dauphin. J’avais un adulte à droite, un adulte à ma gauche et le petit qui était juste devant moi à 2, 3 mètres de moi et les adultes à 1 mètre. Donc je me suis vraiment senti escorté par les dauphins et à un moment ce qui est amusant, le petit dauphin est descendu à 2, 3  mètres, il s’est retourné, il m’a regardé et puis il a piqué, il a commencé, j’ai vraiment compris allez viens avec moi on descend. Donc j’ai pris un bon bol d’air et je suis descendu vers 15, 20 mètres avec le petit dauphin, j’ai essayé de le suivre évidemment j’ai pas leurs capacités donc après un moment il fallait que je remonte et j’étais toujours encadrer les 2 à droite et à gauche et le petit devant moi donc ils sont revenus en surface avec moi le temps que je récupère pendant 1 ou 2 minutes et puis de nouveau le petit dauphin devant moi il s’est retourné il m’a refait le même coup on a joué comme ça pendant pendant un quart d’heure finalement comme j’étais en train de m’éloigner du rif et des bateaux je n’ai pas continué mais c’est quelque chose que je me rappellerai toute ma vie. C’est vraiment un souvenir mémorable.

AnBé :

Waouh ça a duré combien de temps ce jeu alors ?

Jean-Pol François :

Un quart d’heure, 20 minutes maximum à tout casser.

AnBé :

C’est déjà énorme des animaux sauvages qui s’intéressent qui t’attendent quand tu dois récupérer à la surface, enfin c’est incroyable.

Jean-Pol François :

Et là je suis persuadé que c’était un peu un cours de socialisation que le petit dauphin avait pour les adultes. Il dit regarde, c’est un apnéiste devant toi, tous les humains ne sont pas fous, tous les humains ne sont pas méchants, peut-être que j’étais le sujet de l’expérience ou le sujet du cours pour montrer ce que c’était un humain avec de palmes qui descendait un peu en apnée donc c’était assez intéressant donc voilà.

AnBé :

Ah c’est incroyable cette histoire là. Je dois dire, c’est des moments où on vit pour ça.

Jean-Pol François :

C’est génial, évidemment j’aimerais bien que ça se reproduise un jour mais bon j’ai eu mon moment je pense que voilà je suis content avec ça si ça se reproduit un jour je serais content évidemment, mais je crois que je ne vais pas me plaindre.

AnBé :

Là non, je pense qu’il n’y a pas beaucoup de monde qui peut se vanter d’avoir été escorté par des dauphins comme ça, ouais c’est une histoire, c’est à peine incroyable quoi. Waouh.

Jean-Pol François :

Ah c’est beau.

AnBé :

Voilà, ça c’est une très très belle histoire. Mais des histoires, enfin moi c’est vrai que je je suis assez convaincue par le pouvoir des histoires, celles qu’on lit, celles qu’on vit et toi donc les histoires qui ont le plus raisonné en toi, tu disais c’est en réfléchissant à ça que tu dis que ça avait sans doute eu plus d’impact que tu ne le pensais, les histoires que tu lisais quand tu étais petit avec raconte un peu.

Jean-Pol François :

Comme beaucoup de gamins, à l’époque j’ai été bercé par les Tintin. Donc Tintin, il voyage un peu partout dans le monde donc c’est un aventurier. Donc ça a déjà commencé comme ça. En même temps, en parallèle des Tintin que je lisais, relisais en boucle dans tous les sens j’adorais vraiment ça. Il y avait aussi les histoires de Cousteau. Donc Cousteau, l’Odyssée, la Calypso, plus les bouquins, les magnifiques bouquins qu’il faisait. Donc j’ai à peu près été aussi bercé par ça. Qu’est-ce qu’il y a eu aussi comme comme série télévisée.

AnBé :

Tu m’avais parlé de visa pour le monde.

Jean-Pol François :

Visa pour le monde, le soir j’adorais regarder ça avec mes parents. De nouveau ça m’a un peu bercé dans cette histoire d’ aventure et c’était joli en fait c’était sur la vie animale on découvrait d’autres pays d’autres cultures et je trouvais ça assez intéressant. Donc c’est vrai que Visa pour le monde c’est une émission qui m’a bien marqué quand j’étais plus jeune.

AnBé :

Et tu m’as parlé aussi de l’homme de l’Atlantide.

Jean-Pol François :

Oui donc ça c’est plutôt pour l’aspect cinéma. Donc bon il n’y a pas besoin d’expliquer à l’homme de l’Atlantide qu’est-ce qu’il fait, il descendait, il est en mer, il n’a pas besoin de respirer, il n’avait pas besoin de bouteilles. Donc j’adorais, quand j’allais à la piscine avec mes amis, je jouais à l’île de l’Atlantide et essayer de rester le plus longtemps possible à la piscine, de faire les plus longues distances et c’est probablement de là que vient aussi ma passion pour battre des records et m’améliorer en performance.

AnBé :

Voilà en fait t’as jamais arrêté de jouer à l’homme de l’Atlantide quoi.$

Jean-Pol François :

Non on peut dire que comme un grand enfant j’ai pas grandi j’ai encore le complexe de Peter Pan. (rires)

AnBé :

Oui oui oui. (rires)

Jean-Pol François :

Voilà j’ai pas voulu grandir moi c’est bien, je revendique, il n’y a aucun problème.

AnBé :

Oui, je confirme, ça te va bien. C’est vrai que tu n’as jamais les pieds de plomb pour te lever le matin.

Jean-Pol François :

Non non non, , c’est vrai que c’est agréable parce que voilà, il faut aller au bureau. Le bureau est là, il t’attend, il fait beau, il y a quelques petites vagues, c’est joli. Voilà mon bureau m’attend, il m’appelle en fait et je cours pour aller au bureau.

AnBé :

C’est vrai qu’on s’était rencontrés quand nous on avait fait notre grand voyage de 4 mois en famille, j’étais revenu vraiment avec cette envie de faire cette interview et puis avec le covid j’avais eu un petit peur que voilà que les circonstances soient compliquées aux Philippines, elles le sont, mais la leçon que tu m’as apprise c’est parce que quand je t’en avais parlé tu m’as dit oui mais non, aucun regret, je suis toujours bien à ma place et donc quand en fait tu m’avais dit quand on vit sa passion, on est vraiment prêt à donner ce qu’il faut pour continuer à la vivre quoi. Donc, il n’y a aucune épreuve qui n’est trop grande quand on fait ce qu’on aime c’est ça.

Jean-Pol François :

Voilà c’est vrai de toute façon, c’est devenu un mode de vie, à partir du moment où on adore et c’est passionnant je travaille je donne des cours on fait parfois un peu d’administratif, de la compta et tout ça, des choses un peu moins amusantes, il faut pas croire que on est dans l’eau tout le temps aussi mais malgré tout c’est quand même agréable c’est un autre mode de vie, je ne me verrai pas en europe dans une usine en train de travailler dans un service comptable, non c’est pas possible. Je ne sais pas comment je pourrais survivre d’ailleurs à ce genre de choses.

AnBé :

Il y a un truc qui m’avait bien fait rire aussi, c’est quand tu avais dit qu’un jour, quelqu’un t’avait dit que tu avais une forêt de cocotier dans la tête et qu’il voudrait que tu la coupes afin de rester bien les pieds sur terre. Tu as fait un peu le contraire. (rires)

Jean-Pol François :

Voilà, ça a été un déclic, mais moi, il ne faut pas me challenger comme ça. Donc quand on me dit de ne pas faire quelque chose, je le fais ou je me donne à fond pour y arriver. Effectivement, j’étais toujours en Belgique et j’avais cette idée je veux vivre de ma passion, je veux aller comme instructeur de plongée. Tout le monde me disait, mais non, on ne fait pas ça même ma famille, qu’est ce que tu vas aller faire là-bas Tu gagnes pas bien ta vie. Ce n’est pas un boulot, ce n’est pas un boulot du tout. Ah c’est comme ça, je me suis donné les moyens et cette forêt de cocotiers, elle est bien là maintenant je l’ai tous les jours devant les yeux. Donc voilà je suis bien content, j’ai à peu pris une revanche, mais je crois que l’ami, c’est un ami qui m’a dit ça, il m’a fait réagir du bon côté. T’as une forêt de cocotier mais c’est une belle image. Tu as un forêt de cocotier dans la tête, coupe-là parce que ce n’est pas ce qu’on attend de toi. Si justement voilà.

AnBé :

Moi c’est ce que j’attends de moi.

Jean-Pol François :

C’est important, pour ceux qui veulent vivre leur rêve de ne pas avoir peur d’aller à fond et de ne pas avoir peur de se donner les moyens pour y arriver. Il ne s’agit pas de partir sur un coup de tête sans y avoir réfléchi ça m’a pris quand même des années pour me préparer j’ai quand même suivi des grosses formations par rapport à la plongée, par rapport à l’apnée, j’ai fait ce qu’il fallait, je me suis entraîné pour y arriver donc c’est de nouveau c’est pas un coup de tête mais si quelqu’un a un rêve peu importe le rêve je crois qu’il faut bien le nourrir pour justement ne pas couper cette forêt de cocotier, mais bien l’arroser pour que ça pousse encore plus et se donner les moyens pour y arriver.

AnBé :

Magnifique, ça fait une belle conclusion.

Jean-Pol François :

Après on ne le regrette pas, jamais.

AnBé :

merci beaucoup, si on veut te te suivre ou te trouver sur internet, on va sur Freediving-planet.com

Jean-Pol François :

Voilà, freediving-planet.Com. Donc c’est le site, on nous trouve aussi sur sur Facebook, simplement taper freediving planet Moaboal donc tu mettras le lien et comment on écrit la parce que ça fait c’est exotique on va dire Moaboal qu’est-ce que c’est c’est perdu au milieu de nulle part, c’est clair, mais c’est là où je vis, je vis à Moalboal.

AnBé :

Et c’est une école magnifique parce que tu es juste tout près d’un drop.

Jean-Pol François :

Donc là effectivement j’ai pas mal voyagé aux Philippines et c’est un des plus beaux endroits que j’ai trouvé pour la plongée et pour l’apnée donc on a le récif corallien qui est assez bien préservé qui est très très très joli et 50 mètres après il ya un tombant qui descend à 30, 35, 40 mètres assez rapidement et puis je nage 100 mètres de plus et j’ai 100 mètres de profondeur donc c’est assez exceptionnel comme condition pour ceux qui aiment bien l’apnée et pour ceux qui aiment bien la plongée donc il y a beaucoup de vies sous-marine on a énormément de tortues maintenant on a de plus en plus de requins baleines qui viennent partager les entraînements d’apnée avec nous il y a pas encore longtemps, des requins renard, on a croisé, pas nous, à Malapascua donc tu as vu Malapascua par rapport à Moalboal c’est à peine quelques heures donc ils ont réussi à voir il n’y a pas si longtemps que ça des requins tigres, c’est pas mal, donc bon j’aimerais pas tomber nez à nez avec un faut dire, mais si un jour ça arrive je n’aurais pas peur, je sais qu’ils sont pas trop trop dangereux voilà donc ceux qui ont quelque chose de beau de beau à voir. Donc les Philippines c’est magnifique, niveau sous-marin.

AnBé :

Et puis le banc de sardines aussi c’est incroyable, enfin, il y a de très très belles photos que tu m’as passées, que je vais mettre aussi sur le blog parce que c’est juste magique, c’est ce nuage de poissons qui s’écarte à ton passage.

Jean-Pol François :

C’est vrai qu’un sardines run sont en permanence aux philippines à Moaboal là où on est et c’est immense, des fois on descend on passe à travers les sardines elles s’écartent pour nous laisser passer, elle se referme et on se retrouve presque en pleine nuit parce qu’il y a tellement de sardines au-dessus de nous que ça cache le rayons du soleil quoi.

AnBé :

C’est vrai que c’est magnifique parce que tout ça, il ne faut pas faire une heure de bateau pour arriver à ces endroits-là. On quitte le centre, en 5 minutes on est dans le banc de sardines quoi.

Jean-Pol François :

Même pas, tu nages 50 mètres et t’es dessus quoi.

AnBé :

Oui, avec mes petites filles, on allait le voir tous les jours avec le petit tuba et elles sont elles ne sont pas bien grandes, donc ça nage pas longtemps. Et c’est vrai que les tortues, on leur dit regardez les tortues, ohhh encore des tortues, il y en a tellement enfin c’est fou tout ce qu’on peut voir là-bas c’est c’est un très très très bel endroit.

Jean-Pol François :

Et on ne s’en lasse pas.

AnBé :

Ah non.

Jean-Pol François :

J’ai fait des centaines et des centaines de plongées là-bas. Je suis toujours émerveillé à chaque plongée, waouh, il y a toujours quelque chose, wouah, c’est beau, c’est beau c’est beau, plein de couleurs magnifiques.

AnBé :

Alors quand on dit pour toi le mot plongé, les premiers autres mots qui te viendraient à l’esprit, c’est quoi ?

Jean-Pol François :

Plaisir, passion, couleur, apesanteur, autre monde. Je suis un peu comme un cosmonaute, un astronaute, je veux dire sous-marin, je suis sur une autre planète parce que c’est un autre milieu. Voilà c’est un peu tout ça. C’est un peu mon goût pour la science-fiction également qui tombe, qui arrive parce que bon c’est une autre dimension.

AnBé :

Oui, magnifique on va se quitter avec plein de belles images dans la tête grâce à tes récits merci beaucoup.

Jean-Pol François :

Avec plaisir.

AnBé:

Et bonne continuation.

Jean-Pol François :

Merci beaucoup.

AnBé outro :

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